On refait Brésil-Belgique 2002: "Les dés étaient pipés à l'avance"
Les Diables de 2002 racontent leur défaite injuste face aux Brésiliens en Coupe du Monde.
- Publié le 03-07-2018 à 11h02
Les Diables de 2002 racontent leur défaite injuste face aux Brésiliens en Coupe du Monde. Tous les hommes clés racontent le but annulé de Wilmots, Ronaldo, Rivaldo et comment ils ont fait douter l'équipe qui est devenue championne du monde quelques jours plus tard.
L'homme clé: Marc Wilmots
"Scolari m’a dit qu’on aurait pu les éliminer"
Son but annulé face au Brésil en 2002, Marc Wilmots l’a déjà expliqué des centaines de fois. Intelligemment, il se fait oublier par Roque Junior et va au duel dans les airs avec le défenseur central. "Quand je réalise que l’arbitre a sifflé, je comprends qu’on ne peut pas passer, que c’est foutu" , a-t-il même déclaré à la VRT. Il a également balancé que M. Prendergast lui avait avoué son erreur. " Il a affirmé que j’avais reconnu mon erreur, ce qui est totalement faux, a dit l’arbitre jamaïcain de la rencontre . Et je continue à penser que c’était ridicule de sa part. Vous ne me ferez pas changer d’avis. Lors du duel, il y a une poussée de Wilmots sur Roque Junior. C’est peut-être une légère poussée, mais une poussée reste une poussée."
Willie n’a toujours pas digéré cette défaite. Il y a quelques mois, il nous a confié : "La défaite m’a fait mal, très mal même, je le concède, car ce jour-là j’ai peut-être joué le meilleur match de ma carrière. Toute l’équipe jouait d’ailleurs très bien, surtout tactiquement, et pendant une mi-temps on est parvenus à mettre les Brésiliens hors-jeu. Scolari m’a d’ailleurs avoué plus tard que si mon but n’avait pas été injustement annulé, sans doute la Belgique aurait-elle éliminé le Brésil. Je reste donc convaincu, et c’est surtout cela qui me fait mal, que ce jour-là, les dés étaient pipés à l’avance."
L’homme à la base de la phase: Gert Verheyen
"J’arrache le ballon à un Brésilien"
Seize ans après les faits, Gert Verheyen a encore le match en tête. Ce but annulé de Marc Wilmots, il s’en souvient comme si c’était hier.
" On jouait la 35e minute , se remémore-t-il lors d’une interview il y a quelques semaines. Pour servir Jacky Peeters, j’avais arraché le ballon à un Brésilien sur un tacle . D’un centre parfait, Jacky avait ensuite déposé ce ballon sur la tête de Wilmots. Ce dernier avait remporté son duel aérien avec Roque Junior pour surprendre le gardien Marcos. Marc avait-il heurté volontairement de son coude gauche l’épaule du défenseur brésilien ? Certainement pas."
Proche de la phase, Verheyen ne s’est pas plaint auprès de l’arbitre. "On n’a pas réagi parce que notre adversaire se nommait le Brésil. Parce qu’il nous impressionnait et qu’on le respectait. J e crois, aujourd’hui, qu’on aurait pu gagner ce match . Curieusement, au moment même, nous n’en avons jamais été convaincus."
L’entraîneur: Robert Waseige
"Ce match aurait pu changer notre existence"
La rencontre face au Brésil restera éternellement gravée dans la mémoire de Robert Waseige. "Ce match aurait pu changer notre existence du tout au tout. On ne nous donnait pas la moindre chance mais nous avons livré une grosse prestation" , nous a-t-il dit il y a quelques semaines de cela.
La décision de M. Prendergast lui reste toutefois en travers de la gorge. "Cette rencontre face au Brésil a été entachée d’un petit scandale. Je ne comprends toujours pas comment cet arbitre a pu siffler une faute. Je m’efforce toujours à croire que cette erreur fut involontaire."
Il se r e m émore cette période avec nostalgie. Surtout quand il repense au marasme qu’a créé son choix de quitter. "Cette période en équipe nationale, bénie pour notre foot, constitua un point culminant dans ma carrière riche de trente-six saisons de coaching. J’ai ensuite effectué un très mauvais choix en optant pour le Standard. Si j’avais pu prévoir l’avenir, je n’aurais pas posé ce choix. Mais j’avais estimé qu’il était bien, pour moi, de boucler la boucle à Liège."
Le gardien:Geert De Vlieger
"Ronaldo ? Pas spécialement impressionnant"
"Ce n’est pas pour rien qu’a posteriori les Brésiliens ont dit que leur match le plus compliqué était celui-là. On était très bien en place et on s’est créé des opportunités."
Geert De Vlieger a fait face à l’une des plus belles attaques du XXIe siècle : Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo, etc. "Ce n’était pas impressionnant. Honnêtement. Nous étions une équipe pleine de gars d’expérience. On savait que ce ne serait pas facile mais on n’avait pas peur d’eux. On voulait juste faire notre truc, bien jouer. Nous avions dû nous battre pour arriver jusque-là donc nous étions très libérés."
Il l’avoue lui-même : "Je n’ai pas eu grand-chose à faire." La faute à un Brésil bien tenu par les Diables. "Le match n’était pas très ouvert. Nous jouions bien en bloc. Dommage qu’il y ait eu cette décision que même Collina (NdlR : l’arbitre de référence à l’époque) a critiquée."
Sur les deux buts, ils se retrouvent face à des situations impossibles. "La frappe de Rivaldo est déviée par Timmy Simons. Je n’ai rien su faire car j’ai été surpris. Et sur le second, Ronaldo arrive à pleine vitesse. Il était dans sa grande période et, lancé comme ça, personne ne pouvait l’arrêter."
Le remplaçant: Wesley Sonck
"Facile de monter dans un match pareil"
Robert Waseige n’a effectué qu’un seul changement sur les 90 minutes de la rencontre. Après une septantaine de minutes de jeu, alors que Rivaldo a déjà planté le 1-0 pour les Brésiliens, le sélectionneur sort Jacky Peeters pour lancer Wesley Sonck et tenter d’égaliser.
"Ce n’était pas difficile de monter au jeu dans ces conditions. C’était 1-0 pour eux et nous n’avions plus rien à perdre. Je savais que je devais essayer de faire mon truc, marquer un but ou aider à le provoquer. On jouait contre les futurs champions du monde. Ils avaient une défense en béton avec des gars comme Lucio ou Cafu. Mais franchement, je n’ai pas eu peur d’eux. J’étais juste content de monter au jeu face au Brésil en Coupe du Monde. Honnêtement, je n’ai pas réfléchi. Et une fois dans le match, tu t’en fiches de l’adversaire."
Il est monté au jeu sans savoir que le but de Marc Wilmots était valable. "On ne savait de toute façon rien y faire. Quand on l’a vu après, on n’y croyait pas. Quand je vois ce qui est mis en place pour l’arbitrage en 2018, je me dis qu’avec le VAR, tout aurait été différent."
L’homme à l’assist: Jacky Peeters
"Les Brésiliens dansaient dans le bus"
"Je reste convaincu que c’est un but valable. Et un beau. Je donne un très bon ballon droit à Wilmots."
Jacky Peeters, latéral droit de cette équipe a déposé un magnifique ballon sur le crâne de Marc Wilmots face au Brésil. "Avec le VAR, ce but n’est jamais annulé. Nous n’avons pas assez protesté. Prendergast n’aurait pas changé de décision mais peut-être aurait-il été influencé durant la suite du match."
Il se souvient encore plus de l’attente dans le bus. "Chez nous, c’était le silence alors qu’à cinq mètres, les Brésiliens dansaient et chantaient."
Il regrette l’approche du match. Pour lui, l’équipe a été trop gentille. "OK, Rivaldo faisait des contrôles de fou, Ronaldo courait à une vitesse folle mais nous avons grandi dans le match. J’ai gagné des duels face à Roberto Carlos. Le problème est que nous étions trop impressionnés par le Brésil. Nous n’étions pas une équipe de stars, eux oui. Nous n’avons pas demandé d’autographe non plus, hein. Certains étaient même trop déçus pour échanger le maillot. J’ai demandé celui de Roque Junior."
Vu du banc: Gaëtan Englebert
"On n’a rien vu car nous étions loin"
Gaëtan Englebert n’a pas joué ce match mais s’en souvient bien. Dès la veille de la rencontre, il s’est rendu compte qu’en face, c’était un fameux client. "Ils se sont entraînés juste après nous au stade. C’était assez impressionnant de voir qui on allait affronter. Il y avait encore plus de stars qu’à l’heure actuelle. Ils étaient les grandissimes favoris et ont fini par gagner le titre. Ils restaient hyper-accessibles, c’était dingue à quel point ils étaient détendus. On les regardait avec des grands yeux mais sans les craindre."
Assis sur le banc durant les 90 minutes, il ne peut qu’assister à la décision de M. Pendergast. "Tu es impuissant sur le banc. En plus, nous n’avons pas bien vu la phase car nous étions loin. Le moment de frustration a été très bref sur le moment car l’équipe évoluait vraiment à un bon niveau et nous y avons encore cru après la pause. En revoyant les images, on s’est dit qu’on pouvait avoir des regrets. On se demandera toujours ce que ça aurait donné. J’ai tourné la page depuis, car il faut se dire que ce n’est que du football."