Olivier Deschacht, probablement relégué en D1B par le RSCA: "J’aurais encore pu aider Anderlecht"
Olivier Deschacht va probablement se faire reléguer en 1B par son grand amour : "Je suis un guerrier, mais on est déjà condamnés. Avant, je perdais quatre matchs par saison. Maintenant, j’en ai gagné quatre."
- Publié le 02-03-2019 à 07h37
- Mis à jour le 02-03-2019 à 11h02
Olivier Deschacht va probablement se faire reléguer en 1B par son grand amour : "Je suis un guerrier, mais on est déjà condamnés. Avant, je perdais quatre matchs par saison. Maintenant, j’en ai gagné quatre."
Quel hasard du calendrier ! Si la logique est respectée, Olivier Deschacht (38 ans) sera relégué en deuxième division par son grand amour, le RSC Anderlecht. En exclusivité pour La DH, Deschacht a fait le bilan de sa saison. Mais pendant les trois quarts de l’interview, il a parlé d’Anderlecht. "Le Sporting me manque. Mais je ne suis ni fâché ni frustré."Anderlecht ne peut pas vous faire de cadeau, ce dimanche.
"De toute façon, on est déjà condamnés. Vous me connaissez, je n’abandonne jamais, je suis un guerrier. J’y ai cru jusqu’au match à Mouscron. Le penalty raté par Musona est la synthèse de la saison. Rien n’a marché."
La saison aurait-elle été différente avec Glen De Boeck comme entraîneur dès le début ?
"Difficile à dire. Maes, Sollied et De Boeck ne sont pas des mauvais entraîneurs. Mais il nous manquait de la qualité dans les deux rectangles : devant et derrière. Et trop peu de joueurs voulaient se faire mal. C’était plus facile de motiver des coéquipiers à Anderlecht quand ça n’allait pas. J’ai dû m’adapter à cette situation. Il fut un temps où je perdais quatre matchs par saison. Maintenant, j’en ai gagné quatre."
Comment jugez-vous votre propre saison ?
"Je me suis battu, j’ai tout donné. Je suis le seul à ne pas avoir raté un seul entraînement. Mais si je dis que j’étais bon, on se moquerait de moi. On descend en groupe."
Avez-vous des regrets ?
"Pas du tout. Lokeren était déjà dernier quand je suis arrivé, je savais donc ce qui m’attendait. Et de toute façon, si je n’avais pas signé à Lokeren, je n’aurais pas eu un magnifique adieu de la part des supporters d’Anderlecht (rires) ."
Après ce fameux but à Anderlecht. Vous le revoyez souvent ?
"J’ai la vidéo sur mon téléphone. Je le garderai sûrement jusqu’à la fin de mes jours. Plus tard, mon fils pourra le savourer sur Instagram. Je lui en raconterai l’histoire. C’est vraiment un conte de fées."
Jusqu’à ce jour, on ne vous avait jamais vu pleurer.
"Je ne pleure jamais. Mais après ce tour d’honneur, j’ai craqué. J’en avais fait 602 en tant que joueur d’Anderlecht. Et je venais d’en faire un comme joueur de Lokeren à Anderlecht, après avoir marqué. Je me rendais enfin compte du fait que c’était fini pour moi à Anderlecht. J’étais en transe. Et puis ce public… J’avoue que je ne m’attendais pas à une telle réaction des fans. Normalement, après un nul contre le dernier, le stade se vide en un rien de temps. Ici, tout le monde est resté."
Si vous marquez dimanche…
"… je ne célébrerais toujours pas cela. Moi qui aime tellement fêter un but. Au Standard, je n’ai pas su jubiler non plus, parce que c’était le but du 3-1... Honnêtement, je n’ai pas trop envie de jouer contre mes copains d’Anderlecht, dans un match si stressant, où les deux équipes doivent gagner. Je vais passer le message au coach. Mais dès que je serai sur le terrain, je vais tout donner."
Vous avez digéré votre mise à l’écart par Anderlecht ?
"Non. Je ne suis ni frustré ni rancunier. Quand j’ai marqué, je n’ai pas fait de gestes vulgaires, et je n’ai pas fait de déclarations irrespectueuses. Mais cela fait encore mal, effectivement. Je crois, en toute modestie, que j’aurais encore pu aider le Sporting d’Anderlecht."
Quand vous voyez les arrières gauches à l’œuvre…
"Ce ne serait pas beau de ma part de les critiquer. Mais je constate comme vous qu’Anderlecht en a essayé quatre, cette saison. Je veux juste dire que c’est une position sous-estimée. Celui qui pense que ce poste est destiné pour le plus mauvais de l’équipe se trompe."
Anderlecht va-t-il parvenir à disputer les playoffs 1 ?
"Je le crois. Les Bruxelloiss n’étaient pas mauvais à l’Antwerp et contre Bruges. Contre le Club, c’était un peu du football à la René Weiler, même si ce n’était sans doute pas le souhait de Rutten. Rutten veut le ballon, Weiler n’en voulait pas. J’ai retrouvé une stabilité défensive grâce à Kara. Et ce Verschaeren… Je crois qu’Anderlecht a trouvé son nouveau Zetterberg. Il garde bien le ballon, a la vista, il provoque des fautes, il fait souffler l’équipe. Et il va en profondeur… ce que Pär ne faisait pas. Notez-le hein, ça va le faire rigoler."
Vous qui connaissez la maison mauve : la crise pourrait durer longtemps ?
"Ceux qui enterrent Anderlecht pourraient vite le regretter. La désignation de Michael Verschueren comme manager général a été une très bonne affaire. Il va ramener Anderlecht au top. Anderlecht est capable d’aligner trois ou quatre titres, à partir de la saison prochaine."
"Un marathon, et puis encore une saison?"
Oli se sent trop fit pour arrêter le foot : "Je crois que Lokeren veut que je reste."
À partir du 18 mars - au lendemain du dernier match, contre le Cercle, le grand vide attend Deschacht. "Généralement, je m’apprête pour le sprint final de la saison : les playoffs", dit-il. "Maintenant, j’aurai déjà congé. Ce sera bizarre."
La question que tout le monde se pose : va-t-il arrêter le foot ? Deschacht : "Même moi, je ne sais pas. Je me sens encore bien. Je n’ai jamais eu l’impression que je me faisais dépasser. J’ai même joué mes meilleurs matchs contre des équipes du top : Bruges, le Standard, Anderlecht, Saint-Trond et l’Antwerp. Je veux encore jouer. Mais veut-on encore de moi ? Mon âge ne joue pas en ma faveur. Et la relégation avec Lokeren n’est pas une bonne pub non plus. La saison passée, j’avais déjà dû attendre jusqu’à la fin du mois d’août avant de trouver quelque chose."
Et accompagner Lokeren en division 1B ? "C’est une possibilité", avoue Deschacht. "Je crois que le club aimerait que je reste. Ils m’ont déjà demandé ce que je compte faire. Mais cela dépendra des nouveaux propriétaires. Ou de Lambrecht, s’il ne vend pas le club. Je le sens encore ambitieux."
Et en attendant ? Deschacht : "Vous savez que je ne sais pas rester chez moi sans objectif. J’aurai mes interclubs de tennis, à partir du mois d’avril. Et je vais faire du vélo. Mais j’ai aussi une autre idée en tête : participer à un marathon."
Deschacht ne rigole pas. Il veut relever le défi à court terme. "J’ai regardé sur Internet où se déroule le prochain grand marathon. C’est à Rotterdam (NdlR : le 6 et 7 avril, déjà) . Peut-être que je suis fou, mais je songe à le courir. Pas pour faire un chrono incroyable, mais pour terminer la course. Physiquement, je me sens top."
Il pourra aussi jouer au padel avec Zetterberg. "Je sais qu’il est accro au padel, mais je le battrai facilement (rires) . Je lui ai déjà donné une leçon au tennis."
Deschacht ne gardera pas de séquelles de sa carrière de footballeur. "Ce serait le seul truc positif au cas où je devrais arrêter : je serais encore en bonne santé. Quand je me compare à mes trois potes, De Boeck, Vanderhaeghe et Zetterberg... Ils ont tous des problèmes au genou."
Sur l'affaire des paris: "On me traite comme un criminel"
Le sujet est délicat mais Deschacht a quand même parlé de sa condamnation par le tribunal de première instance de Flandre orientale dans l’affaire des paris. Deschacht doit payer 24 000 euros plus les frais de la défense (1 040 euros). "Je n’ai trahi ou tué personne et je n’ai pas fait de victimes", dit-il, visiblement ému. "J’avoue avoir commis quelques petites fautes, mais on me traite comme un criminel. Et dire que le tribunal avait dit que j’étais innocent."
Deschacht peut encore aller en évocation. "Je n’ai pas encore décidé si je vais m’opposer à cette amende."
Deschacht coach?: "Un cours d'entraineur pour être T2
Olivier Deschacht a un autre objectif : il veut obtenir son diplôme d’entraîneur. "On a vraiment une chouette bande, avec Boeckx, Kums, Persoons, Haroun, Depauw… Et je dois dire que j’ai déjà appris beaucoup. J’aimerais devenir T2 ou T3, mais pas T1. J’ai vu trop d’entraîneurs changer à cause de la pression. Mon avantage comme coach, c’est que j’ai aussi bien connu la période des longs joggings dans les bois que l’approche actuelle avec les GPS."
Et quid d’un job de consultant ? "On m’a déjà demandé. Vu que je joue encore, je refuse, parce que je suis beaucoup trop direct dans mes commentaires. Mais plus tard... Pourquoi pas ?"