Nicolas Penneteau: "Lloris a fait un sans-faute"
Grand admirateur du gardien des Bleus, Nicolas Penneteau décrypte le jeu de son compatriote, en grande forme depuis le début de la Coupe du Monde
- Publié le 15-07-2018 à 12h35
- Mis à jour le 15-07-2018 à 12h36
Grand admirateur du gardien des Bleus, Nicolas Penneteau décrypte le jeu de son compatriote, en grande forme depuis le début de la Coupe du Monde "Une interview pour parler de Lloris ? Avec grand plaisir !"
Il n’a pas fallu longtemps à Nicolas Penneteau pour accepter notre proposition. Car à 37 ans et malgré son expérience, le portier des Zèbres n’en reste pas moins un grand fan d’Hugo Lloris (31 ans). "J’ai joué contre lui à quelques reprises mais je n’ai jamais eu l’occasion de vraiment lui parler. Par contre, j’ai lu beaucoup de livres sur lui. Son parcours et sa personnalité m’intéressent."
Ce qui fait du gardien corse de Charleroi un interlocuteur de choix au moment de dresser le portrait technique du gardien de l’équipe de France qui réalise, pour l’instant, la Coupe du Monde parfaite. "Pourtant, lors de la préparation à la Coupe du Monde, il y a un mois et demi, certains ont douté de lui après un ou deux matches un peu plus compliqués", se souvient Penneteau. "Mais Lloris a déjà prouvé par le passé qu’il était meilleur lorsqu’il était critiqué ou sous pression. Et il répond toujours présent dans les matches décisifs. Il a un gros mental, il arrive à faire la distinction entre les matches amicaux et le mode compétition. Il a également la capacité à se remettre facilement en question après une erreur ou une approximation. Je pense par exemple aux performances qu’il a réalisé après sa connerie contre la Suède (un dégagement raté qui a coûté un but)."
Cela se voit dans son regard : Nicolas Penneteau est admiratif. Et pour lui, Lloris ne possède que des qualités. "Il est rapide, explosif, il a une excellente technique d’appui et voit plus vite que les autres. L’anticipation est son gros point fort."
Ces qualités , il les a démontrées durant tout le Mondial. "Quand il fera la compilation de ses plus beaux arrêts, il pourra être fier car il en a réalisé un paquet. Sur l’ensemble de la Coupe du Monde, il a maintenu un niveau excellent. Je dirais même qu’il a fait un sans-faute."
Qu’en tant que Corse et supporter des Bleus, Penneteau espère évidemment voir se perpétuer. Mais pas seulement pour le joueur Hugo Lloris. "J’ai également beaucoup de respect pour l’homme qu’il représente. C’est un gentleman, d’une grande simplicité et très humble. Il est discret quand il perd mais aussi et surtout quand il gagne. C’est bien d’avoir de l’humilité quand on est en haut."
Et pour l’instant, Hugo Lloris est très, très haut.
"Grâce à son passé au tennis"
France-Australie. Premier match de Coupe du monde pour les Bleus. 18e minute. 0-0. Sur un coup franc australien expédié vers le point de penalty, Corentin Tolisso tend la jambe et prolonge le ballon en direction du but tricolore. Mais un Hugo Lloris vigilant se détend bien pour écarter le danger à la base de son poteau. “C’est un très bel arrêt”, commente Nicolas Penneteau. “C’est surtout la reprise d’appui de Lloris qui est impressionnante. Il fait des petits pas pour se positionner du mieux possible avant sa détente. C’est sa grande force… et ce n’est pas un hasard. Étant jeune, il a joué au tennis; cela vient sans doute de là. Sur l’intervention, il a également cette faculté à donner un effet au ballon avec sa main pour que le ballon s’oriente vers l’extérieur du terrain. C’est quelque chose d’inné. En lisant admirablement bien le jeu, il a directement vu qu’il ne pouvait pas repousser ce ballon dans l’axe au risque de voir l’attaquant adverse marquer sur le rebond.”
"Il referme parfaitement l'angle"
France-Pérou. Deuxième match du groupe C. 31e minute. 0-0. L’attaquant péruvien Paolo Guerrero a soudainement hérité du ballon en pleine surface française, sans défenseur pour le gêner. Le tir est parti vite, à ras de terre. Et le capitaine des Bleus, d’une parade réflexe, a repoussé le danger tel un gardien de handball. “Le moment le plus intéressant sur cette action, ce sont les petis pas de Lloris pour réajuster sa position et fermer l’angle juste avant la frappe de l’attaquant”, souligne Penneteau. “Cela permet à Lloris de refermer l’angle et d’être dans une position idéale pour contrer la frappe. Ce réajustement est une des grandes forces du gardien des Bleus . Mais ce n’est pas tout car ce ballon n’est pas facile à arrêter. Il met bien sa jambe en opposition pour que le ballon tape dessus et ne passe pas entre ses jambes. C’est, certes, un réflexe mais le travail préparatoire est très important.”
"Il se replie comme une grenouille"
France-Uruguay. Quart de finale de Coupe du monde. 44e minute. 1-0. Sur un coup franc uruguayen, Martin Caceres se trouve à la réception du ballon et le reprend superbement, de la tête. Mais Lloris plonge tel un chat et dévie le ballon du bout des doigts. “C’est selon moi le plus bel arrêt du Mondial car il est extrêmement difficile et il est réalisé lors d’un moment clé”, note Penneteau. “Il est sur ses appuis arrières et sa poussée est impressionnante. Mais ce qui m’épate, c’est le fait qu’il parvienne à être sur le deuxième ballon. Quand il termine son plongeon, ses jambes se replient, comme une grenouille; cela lui permet d’être déjà debout. C’est une technique très rare. Quand il arrive au sol allongé de tout son long et qu’il fait l’arrêt, ses jambes sont déjà en train de se replier. Je ne sais pas si c’est inné ou travaillé mais sans doute un peu des deux. J’aimerais d’ailleurs bien le rencontrer pour lui poser la question…”
"Plus dur que cela en l'air"
France-Belgique. Demi-finale de Coupe du Monde. 19e minute. 0-0. Sur un centre belge à destination de Marouane Fellaini, Hugo Lloris intervient avec autorité et boxe le ballon juste devant le médian des Diables pour écarter le danger. “On ne s’en rend peut-être pas compte lorsqu’on regarde le match avec un œil un peu extérieur car ce n’est pas forcément spectaculaire mais il s’agit d’un arrêt extrêmement difficile”, avoue Penneteau. “Intervenir dans ce genre de situation est compliqué car il faut une grosse qualité d’anticipation et de lecture du jeu. Deux des qualités principales de Lloris, qui a rassuré sa défense sur cette action, et qui a, l’air de rien, annihilé une belle occasion belge car généralement, quand Marouane Fellaini se retrouve dans une situation pareille, cela ne pardonne pas…”
"Il a tout anticipé"
France-Belgique. Demi-finale de Coupe du Monde. 22e minute. 0-0. Sur un corner mal repoussé par la défense tricolore, Toby Alderweireld reçoit le ballon dans les pieds, dos au but, à hauteur du point de penalty. le défenseur belge pivote sur lui-même et frappe directement au but. Le ballon semble filer vers la lucarne mais le gardien de Tottenham s’interpose parfaitement. “Sur cette action, la vue de Lloris est un peu cachée”, précise Penneteau. “C’est cela qui rend l’arrêt difficile car théoriquement, un ballon à mi-hauteur est plus facile à aller chercher qu’un ballon qui fuse au ras du sol. Je pense que sur cet arrêt, Lloris sait que le joueur ne peut frapper que côté droit, car il y a trop de joueurs à gauche. Donc il a déjà anticipé une frappe de ce côté-là au moment où Alderweireld se met en mouvement. C’est ce qui lui permet d’aller chercher les dixièmes de seconde d’avance pour faire l’arrêt au bon moment. Là aussi, c’est inné. Lloris a une faculté d’analyse supérieure à la moyenne.”
"Impressionné par Courtois et Pickford"
En tant que passionné de football, Nicolas Penneteau n’a pas raté beaucoup de matches de la Coupe du Monde. Ce qui lui a évidemment permis de se faire un avis assez pointu sur les portiers du Mondial. "J’ai beaucoup aimé Courtois", indique le dernier rempart des Zèbres. "Son arrêt face au Brésil, sur la frappe de Neymar, est l’un des plus beaux du Mondial. À lui seul, il a pratiquement qualifié la Belgique pour les demi-finales."
Un autre gardien l’a également impressionné. "Jordan Pickford a été excellent. Je le connaissais très peu car je ne regarde pas énormément la Premier League mais de ce que j’ai vu en Russie, c’est un gardien très tonique, qui m’a agréablement surpris. Et à son âge, il a l’avenir devant lui."
Subasic, l’autre gardien finaliste avec Lloris, lui a également plu. "Il a sauvé pas mal de fois la Croatie. En fait, c’est bien simple : il est impossible de rejoindre le dernier carré d’une Coupe du Monde sans un grand gardien."