Arnor Gudjohnsen revient sur ses années anderlechtoises: "J’étais un esclave"
Il garde des sentiments très mitigés d’Anderlecht : il a connu des succès mais a aussi perdu de l’argent et un long procès. Il garde aussi des anecdotes marquantes de sa vie à Lokeren.
- Publié le 10-09-2018 à 07h24
- Mis à jour le 10-09-2018 à 13h07
Il garde des sentiments très mitigés d’Anderlecht : il a connu des succès mais a aussi perdu de l’argent et un long procès. Il garde aussi des anecdotes marquantes de sa vie à Lokeren.
Arnor Gudjohnsen n’est presque plus jamais revenu en Belgique. "Sauf quand Eidur jouait à Bruges, je suis venu une fois. Quelques semaines suffiraient pour reparler le néerlandais. J’aimais habiter Brussegem, près de Meise. On vivait dans la campagne entre les vaches, mais on était à dix minutes de Bruxelles."
Pourtant, quand on prononce le mot "Anderlecht", Gudjohnsen soupire. Pendant des années, il a été en procès avec Anderlecht. Bordeaux l’avait acheté mais - suite à des problèmes financiers - n’avait pas pu payer toute la somme de transfert. Finalement, le contrat de Gudjohnsen avait été cassé.
"J’étais donc la victime des problèmes financiers de Bordeaux. C’était la période avant l’arrêt Bosman. Nous étions des esclaves des clubs. J’ai d’abord gagné mon procès, puis je l’ai perdu en appel. Force majeure était l’explication. J’ai perdu beaucoup d’argent à cause de cette affaire. Les clubs avaient tout le pouvoir."
Il a pourtant connu beaucoup de succès à Anderlecht.
"J’ai remporté trois titres. Et j’ai joué deux finales. La finale de la Coupe de l’UEFA, on l’a perdue parce que j’ai raté mon tir au but à Tottenham, en 1984. J’ai déclaré que j’avais pleuré dans le vestiaire ? C’est possible. Je me souviens qu’il n’y avait pas beaucoup de candidats pour le botter. En tout cas, mes petits-fils se moquent bien de moi maintenant."
Plus on parle d’Anderlecht, plus il inverse les rôles. C’est Gudjohnsen qui pose les questions. "Vercauteren a un club ? Que fait Degryse ? Et Scifo ? Et Vandereycken, est-il encore entraîneur ? On parle beaucoup sur son dos mais moi, j’aimais René."
Gudjohnsen raconte deux anecdotes au sujet de Vanderaeycken. "Cela n’a pas été facile pour moi, lors de mes débuts à Anderlecht. Pendant trois saisons, j’ai eu beaucoup de blessures. C’était chacun pour soi. Mais quand je me suis fait opérer, le premier à me rendre visite à l’hôpital était… René. Et après ce tir au but raté contre Tottenham, je sentais qu’on me regardait de travers à Anderlecht. Sauf lui. Il m’a beaucoup soutenu."
Sa période à Lokeren "Larsen fumait comme un Turc dans la chambre"
À l’époque de Gudjohnsen, Lokeren était une très grande équipe, qui a terminé deuxième en 1981. Le trio Lato, Lubanski et Larsen était légendaire. "Je partageais la chambre avec le Danois Preben Larsen", sourit Gudjohnsen. "Il fumait tellement dans la chambre que je le voyais à peine. J’étais un petit jeune, je n’osais pas lui dire qu’il devait arrêter. Et j’osais encore moins le dire à l’entraîneur. Pourtant, Larsen n’a jamais dit que je devais la fermer. Je suppose que tout le monde était au courant. Les temps ont changé…"
L’équipe nationale "L’Islande peut battre la Belgique"
Arnor Gudjohnsen a été 73 fois international, Eidur est recordman avec 88 sélections et 26 buts. Il est donc bien placé pour juger l’équipe nationale. "Bien sûr que vous êtes les grands favoris . Mais quand nos joueurs sont motivés, ils peuvent battre n’importe quelle équipe. Ils ont même tenu Messi en échec à la Coupe du Monde. J’étais présent au match comme ambassadeur de la Fifa. J’ai dit quelques mots avant le match, comme Jean-Marie Pfaff l’a fait pour la Belgique." Après le 1-1 contre l’Argentine, l’Islande a perdu contre le Nigeria (2-0) et contre la Croatie (2-1). "La Coupe du Monde a été une déception pour notre petit pays, qui est fou de foot. L’Euro 2016 est un moment inoubliable pour le peuple. J’ai suivi le match contre l’Angleterre (2-1) entre les supporters. Après le match, les gens pleuraient et m’embrassaient. J’ai participé au clapping ! On a eu des réactions depuis l’Amérique. Et on nous copie partout." Le succès du football islandais s’explique par plusieurs facteurs. "Cette équipe se connaît depuis les U21 , c’est une bande d’amis, un collectif solide avec Gylfi Sigurdsson (Everton) comme meilleur joueur. On a réduit l’écart au niveau physique. Et le coach suédois Lagerbäck a introduit le 4-4-2, qui nous force à oser jouer au foot. Mais le début de tout, c’était la construction des halls indoor pour pouvoir s’entraîner en hiver. J’ai poussé les autorités à en construire au début des années 2000. Dans mon école de football, il y avait plusieurs gars de l’équipe nationale actuelle…"