"Mbappé? À 10 ans, j’ai compris qu’il serait un grand du football"
Rencontre avec Jean-François Suñer, le formateur de Kylian Mbappé à Bondy
- Publié le 14-07-2018 à 10h47
- Mis à jour le 14-07-2018 à 10h49
Rencontre avec Jean-François Suñer, le formateur de Kylian Mbappé à Bondy Au stade de Bondy, peu nombreux sont ceux qui osent affirmer qu’ils connaissent parfaitement Kylian Mbappé. Il y a certes ses parents et ses meilleurs amis. Mais il y a surtout Jean-François Suñer.
Le directeur sportif de l’AS Bondy a suivi les pas de Kylian Mbappé dès sa première affiliation à 6 ans jusqu’à ses 12 ans et son passage au centre de formation de Clairefontaine.
Quel est votre souvenir de Kylian Mbappé ?
"Il était déjà super rapide et technique. Dès sa première licence à 6 ans, j’ai compris qu’il avait quelque chose. On ne va pas se mentir, vers 10-11 ans, on a compris qu’il avait un vrai talent. On l’a ou on ne l’a pas. Lui, il en a plein. C’était vraiment quelque chose."
À quel moment avez-vous pensé qu’il deviendrait pro ?
"Directement ou presque. On en était certains."
Et quand avez-vous été persuadé qu’il serait un très grand joueur ?
"Vers 10 ans, nous étions convaincus que s’il continuait sa progression, il deviendrait un grand joueur. On savait que ce serait un géant du football. Il avait une marge de progression, il a pris de la puissance et il a beaucoup travaillé. Et il vient de sortir une série de grands matches."
Pouvez-vous nous décrire un souvenir particulier avec lui ?
"Quand il avait 4 ou 5 ans et qu’il n’avait pas de licence, il venait toujours avec son papa ou sa maman. Déjà là, il avait le ballon dans les pieds et ce qu’il faisait était incroyable. On le regardait. Il s’amusait avec des grands et ils disaient tous que c’était un phénomène."
Vous parlez de phénomène, sa talonnade face à la Belgique…
(Il coupe et se marre) "Je me suis levé de mon canapé. Mon fils, qui a joué avec lui, se demandait ce qu’il s’était passé. Il criait d’étonnement."
Vous le voyez devenir Ballon d’Or ?
"Il va passer devant Neymar car Kylian sait ce qu’il veut et il est bien encadré. Il ne va pas commencer à sortir, à déconner. C’est un gamin stable. Je pense qu’il a tout pour aller chercher le Ballon d’Or quand Cristiano Ronaldo et Lionel Messi ne seront plus au sommet."
De l’extérieur, Mbappé fait office de gendre idéal. Est-ce juste une image ?
"Non, il a toujours été gentil. C’est un gars qui est resté super simple. Il sait discuter de tout et avec tout le monde. Après, Kylian n’avait qu’un objectif : être pro. Maintenant, c’est être l’un des plus grands."
Quelle a été l’importance de son père, qui était l’un de vos coaches, dans son développement ?
"Père et fils avaient une relation très forte. Il était éducateur à l’AS Bondy mais il ne l’a pas eu très souvent comme coach. Son père était un fan de foot et ne lui faisait pas de cadeau. Il restait toutefois très juste."
Avoir grandi dans une ville métissée comme Bondy l’a-t-il aidé ?
"Le petit n’a pas connu les cités ou les quartiers chauds. Il habitait dans une petite résidence. Au club, il y a une grande mixité sociale. Cela lui a-t-il fait du bien ? C’est difficile à dire. Il était bien encadré. Il a eu une enfance heureuse et équilibrée. Il n’avait pas de mauvaises fréquentations et était pote avec tout le monde. De toute façon, dans cette famille, tout tournait autour du sport."
Sentez-vous l’intérêt grandir autour de l’AS Bondy ?
"Avec la Coupe du Monde, c’est la folie. Mais sinon, on le sent au quotidien. Il y a un effet Kylian au club. Il est notre ambassadeur mais également celui de la Ville. Cela a permis de mettre en valeur notre formation. Nous avons lancé des gars comme Corchia ou encore Joseph-Monrose. Il y a encore trois ou quatre de nos jeunes qui ont intégré des centres de formation et d’autres qui ont signé des contrats professionnels au PSG. Ce ne sont pas tous des Mbappé mais c’est du costaud."