Les joueurs qui vont marquer 2019 (20e à 11e)

Bobby Firmino est un homme de paradoxes. Derrière son physique de repris de justice et ses tenues vestimentaires de fashion victim se cache un garçon incroyablement discret. Au point de s’être laissé appeler Alberto pendant plusieurs semaines par l’un de ses coachs, au Brésil, sans oser le rectifier.

Discret, Firmino l’est beaucoup moins quand on lui met un ballon entre les pieds. Depuis toujours, il a tout l’arsenal de l’attaquant moderne et complet. Plus qu’un simple pivot ou un renard des surfaces, Firmino sait tout faire et il est loin d’être étranger aux statistiques affolantes de Salah, qu’il sert plus souvent qu’à son tour.

L’autre paradoxe du gaillard, c’est que malgré toutes ces qualités et les nombreux recruteurs qu’il attirait au Brésil, c’est via Hoffenheim, qui l’a découvert par l’intermédiaire du jeu Football Manager, qu’il est arrivé en Europe…

Huit ans plus tard, Firmino est élu Samba d’or, soit le meilleur brésilien de l’année 2018, au nez et à la barbe de Coutinho, Neymar et Thiago Silva qui s’étaient partagé les huit derniers trophées. En 2019, il s’agira pour lui de confirmer et de briguer le titre honorifique de meilleur attaquant du monde.

19) Manchester United / Paul Pogba (Fra) En quatre matches de Premier League sous Solskjaer, Paul Pogba a marqué quatre buts et délivré trois assists. Soit un but de mieux et autant de passes décisives qu’en quatorze rencontres sous Mourinho… Quand on sait à quel point les dirigeants de Manchester United le tiennent en haute estime, on peut même imaginer que c’est lorsque le Portugais l’a mis sur le banc trois fois de suite en décembre qu’il a signé son arrêt de mort.

Si le champion du monde avait intelligemment tu le mal-être qui était le sien sous les ordres du Special One, vous pourrez compter sur toute sa rage en 2019 pour montrer qu’il est bien l’un des joueurs les plus talentueux de la planète.

Au vu du retard accumulé en championnat, décrocher un top 4 et une qualification directe pour la C1 serait déjà très bien. En Champions League, par contre, rien n’est perdu avec un huitième de finale à disputer face au PSG…

Son année risque d’être d’autant plus explosive que son nouveau coach semble bien décidé à bâtir le onze de base autour de celui qu’il a déjà complimenté plus d’une fois dans le passé.

18) Real Madrid / Thibaut Courtois (Bel)

Le meilleur gardien du dernier Mondial nous régalera immanquablement en 2019 pour la simple et bonne raison que c’est ce qu’il fait depuis presque neuf ans, déjà. Et quand bien même le Real Madrid devait être éliminé prématurément de la course aux trophées les plus prestigieux, on pourra toujours se repasser les vidéos de ses arrêts face au Brésil, scander son nom lors de ses apparitions au stade Roi Baudouin et se régaler de ses meilleures punchlines.

À 26 ans seulement, le natif de Brée est devenu une référence à un poste qui nécessite pourtant maturité et expérience. Avec Alisson, Ter Stegen, Oblak, De Gea et Ederson (dans l’ordre de ce classement), qui partagent tous sa génération, il forme un club des six qui pourrait dominer le poste pendant les huit ou dix prochaines années.

En signant pour six ans au Real Madrid, Courtois s’est assuré d’être le plus médiatisé de tous et s’est donné un maximum de chances d’aller soulever les plus prestigieux trophées au passage. Mais avant d’emprunter cette voie toute tracée, la "grande perche", comme le surnomme Eden Hazard, doit aider son nouveau club à retrouver son statut à coups de parades miraculeuses derrière une défense souvent fébrile.

17) Dortmund / Jadon Sancho (Ang)

Si son nom vous est encore étranger, il devient urgent de prendre vos renseignements sur le gaillard si vous voulez éviter de paraître ridicule dans la prochaine conversation "football" avec les amis ou les collègues. À 18 ans seulement, l’ailier formé à Manchester City est en train d’exploser pour sa deuxième saison sous la vareuse de Dortmund. Sa valeur marchande, estimée à 15 millions d’euros par le site spécialisé Transfermarkt en juin dernier, est passée à 70 millions.

Il faut dire qu’en 24 apparitions cette saison, le phénomène a inscrit sept buts et délivré dix assists. Une telle feuille de statistiques dans un championnat du top est habituellement réservée aux joueurs d’expérience.

Avec sa technique bien supérieure à la moyenne, sa vitesse d’exécution et cette balle qui lui colle au pied en permanence, Sancho est un poison pour toutes les défenses de Bundesliga.

Son rendement est un rien moins impressionnant en Champions League mais la double confrontation avec Tottenham sera l’occasion pour cet Anglais de se frotter pour la première fois de sa carrière à une équipe estampillée Premier League.

Avant, peut-être, d’aller décrocher le titre en Bundesliga au nez du Bayern qui possède six points de retard sur les Borussen.

16) Bayern Munich / Joshua Kimmich (All)

Guardiola l’avait décrit comme le meilleur défenseur du monde lorsqu’il entraînait le Bayern. Quoi de plus normal, pour un natif de Rottweil, ville connue pour ses chiens de garde ? Pourtant, Pep avait attendu une série de blessures dans sa défense pour repositionner ce milieu de terrain dans sa charnière centrale. Car c’est bien dans la peau d’un médian défensif que Kimmich a débarqué au Bayern à 20 ans, avec Schweinsteiger comme modèle. Lors de la saison 2017-2018, Ancelotti puis Heynckes le décalaient au back droit pour pallier la retraite d’un certain Philipp Lahm. Toujours avec autant de succès.

Peu importe sa position sur le terrain, le rayonnement de Kimmich reste maximal et il est régulièrement l’homme qui touche le plus souvent le ballon sur un match. Il faut dire qu’avec déjà dix assists depuis son retour du Mondial, le garçon sait manier le cuir.

Son importance est telle qu’il ne souffle presque jamais. Cette saison, Kovac lui a systématiquement fait disputer 90 minutes, à l’exception d’un match de Coupe face à une équipe de quatrième division… et quand celle-ci s’est montrée menaçante, Kimmich est sorti du banc pour aider le Bayern à s’imposer par le plus petit écart (1-2).

15) Manchester City / Leroy Sané (All)

Son but jeudi soir contre Liverpool et sa prestation d’ensemble en sont le meilleur exemple : Leroy Sané est devenu bien plus qu’un dribbleur égocentrique au point de se faire tatouer son portrait dans le dos. Ses qualités de finisseur ne cessent de grandir et pour sa troisième saison à Manchester City, l’ailier gauche est un élément clé du système de Pep Guardiola.

En 2019, le défi personnel du grand absent du Mondial 2018 est tout trouvé : s’intégrer durablement dans le onze de base de Joachim Löw avec la Mannschaft. Et redonner un peu de cachet à une nation qui est en pleine reconstruction !

Mais son vrai défi d’un point de vue collectif ne sera pas de qualifier l’Allemagne pour l’Euro, ce qui est plus qu’abordable. Il s’agira plutôt d’aller chercher un nouveau titre majeur avec Manchester City. Depuis la victoire contre Liverpool, les Skyblues sont (de nouveau) en course pour le doublé Premier League - Champions League. Et parvenir à décrocher l’un de ces trophées ne se fera pas sans un grand Leroy Sané qui, à 22 ans seulement, est déjà l’un des meilleurs ailiers du monde.

14) Tottenham / Harry Kane (Ang)

Son Mondial plein de réussite était à l’image de son équipe : chanceuse et opportuniste. Mais rabaisser Harry Kane à des buts du talon ou du genou serait profondément injuste tant le gaillard porte Tottenham sur ses épaules, ces dernières années. D’ailleurs, quand on est entouré de Dele Alli, Christian Eriksen, Lucas Moura ou encore Son Heung-Min, doit-on vraiment s’occuper d’autre chose que de pousser les ballons au fond ? Cela tombe bien, le bonhomme est probablement le meilleur renard des surfaces du monde.

En 2019, l’autre prince Harry tentera de planter plus de roses que les 43 de 2017. Histoire de reprendre le titre de meilleur buteur de Premier League à Mo Salah et d’emmener les Spurs un peu plus loin que les huitièmes de finale de Champions League. Faire mieux que la troisième place de Premier League acquise en 2017-2018 sera par contre compliqué, mais toujours faisable puisque l’éperon pointe à deux et six unités de City et Liverpool.

Et puis, il y a cette première édition de la Nations League à aller décrocher, histoire de mettre un petit quelque chose dans la besace des Three Lions.

13) Real Madrid / Luka Modric (Cro)

Le Ballon d’or exclu du Top 10 des joueurs qui feront l’année suivante ? Oui, pour plusieurs raisons. La première : 2019 est une année sans grande compétition internationale et survoler un groupe qualificatif pour l’Euro qui comprend la Slovaquie, la Hongrie, le pays de Galles et l’Azerbaidjan devrait être une formalité pour les Croates.

La deuxième : à l’heure de faire des pronostics pour l’année à venir et donc de définir les hommes qui seront en vue, les joueurs du Real sont forcément mal cotés.

Sortir les Madrilènes de la Ligue des Champions sera toutefois loin d’être une sinécure et le match dans le match qui opposera en huitièmes de finale le Croate à Frenkie De Jong, 31e de ce classement et déjà comparé à Johan Cruyff par certains, vaudra le détour. D’autant plus qu’il s’agira du premier grand rendez-vous du nouveau Ballon d’or. L’occasion de voir si ce trophée a fait franchir un ultime pallier au joueur de 33 ans.

Et pour ceux qui préfèrent les gros sous et les transferts retentissants à la poésie de son toucher de balle, Luka pourrait bien aller voir ailleurs, à un an de la fin de contrat. Voilà qui promet un feuilleton à suspense l’été prochain…

12) FC Barcelone / Luis Suarez (Uru)

Allez savoir pourquoi, on parle moins de lui, ces derniers temps. Il faut dire qu’il a gardé ses dents en bouche, lors du dernier Mondial. Du coup, on en oublierait presque qu’il est décisif une fois par match en moyenne depuis douze ans. Autrement dit : depuis toujours.

À coups de buts et d’assists, El Pistolero flingue bien plus souvent qu’à son tour. Mais ça, on a tendance à l’oublier sous prétexte qu’il est dans l’ombre du plus grand génie de l’histoire de ce jeu. Comme quoi, le cliché du petit chef et du grand bras droit ne fait pas effet que dans les films de Louis de Funès…

En 2019, Suarez partira à la conquête de sa deuxième Champions League, de son cinquième titre de champion national, de sa sixième coupe nationale et de sa deuxième Copa America. Ses buts auront forcément un rôle primordial dans cette moisson mais il ne faudrait pas oublier son impact sur le jeu. Car quel que soit le maillot qu’il porte, il est loin d’être le seul à pouvoir faire des différences. Du coup, Suarez prend un malin plaisir à se mettre au service des autres. C’est ainsi que l’on forme la plus belle armada offensive du football mondial…

11) Juventus / Paulo Dybala (Arg)

En parlant de se mettre au service des autres, en voilà un autre qui est à l’aise dans ce domaine. Sur papier, Dybala est un second striker. Comprenez que l’Argentin est plus efficace quand il est associé à un véritable buteur, dans l’axe de l’attaque. C’était son poste de prédilection lorsqu’il était associé à Mandzukic ou Higuain, l’année passée. Mais l’arrivée de Cristiano Ronaldo et le départ de son compatriote ont poussé Allegri à revoir la manière dont il utilise celui qui a passé l’essentiel du dernier Mondial sur le banc de Sampaoli.

Aujourd’hui, Dybala est donc délocalisé sur le flanc droit pour laisser Ronaldo et Mandzukic évoluer au plus près du but. Et il laisse volontiers à Joao Cancelo le soin d’aller adresser des centres au duo pour rentrer dans le jeu en possession de balle, sur son pied gauche qui est l’un des meilleurs de la planète foot lorsqu’il s’agit de déclencher une frappe depuis l’entrée du rectangle.

Cette formule est en train de faire ses preuves et pourrait bien être définitivement au point dans les prochaines semaines, faisant de la Juventus l’un des trois grands favoris de la C1, avec Manchester City et le FC Barcelone. On vous aura prévenus.

Voici comment ce top 100 a été établi

Établir un Top 100 des joueurs de l’année à venir n’est pas évident. Pour y parvenir, la DH a rassemblé les avis de cinq de ses journalistes qui suivent de près les compétitions étrangères : Aurélie Herman, Louis-Paul Eggen, Thomas Lecloux, Brian Pierard et Nicolas Christiaens. Les critères principaux sont les performances 2018 du joueur ainsi que ses chances de progresser (come-back, éclosion, etc.).

L’exercice est évidemment subjectif et quelque peu influencé par les perspectives individuelles (transfert) et collectives (trophées) des uns et des autres. Serez-vous d’accord ou pas ? Au sein même de la rédaction, les débats ont été longs…