“Le Qatar ne sera pas une victime consentante”
Invité par la Confédération sud-américaine à disputer la Copa America, l’Emirat n’entend pas faire de la figuration.
- Publié le 16-06-2019 à 08h57
- Mis à jour le 16-06-2019 à 09h58
Invité par la Confédération sud-américaine à disputer la Copa America, l’Emirat n’entend pas faire de la figuration.
Champion d’Asie en titre depuis son sacre historique en février dernier aux Émirats arabes unis, le Qatar va participer à sa première Copa America au Brésil. Versés dans le groupe de l’Argentine de Léo Messi, de la Colombie de James Rodriguez ou encore du Paraguay qu’ils rencontreront ce dimanche pour leur premier match, les Grenats entendent bien prouver qu’ils n’ont pas conquis ce titre de champion d’Asie par hasard.
" Ce que nous avons accompli là-bas était magnifique. Nous étions bien préparés pour ce tournoi. Durant la préparation, nous avons battu la Suisse et l’Équateur ou encore partagé l’enjeu avec l’Islande. Nous avons proposé un beau football durant toute l’Asian Cup rendant tout le pays extrêmement fier et ce, malgré les circonstances compliquées dans lesquelles nous avons été amenés à nous produire (voir ci-dessous)", commente Ali Al-Salat, head of communication de la fédération du Qatar.
Durant la Coupe d'Asie, les Qataris ont brillé et ils espèrent bien en faire de même au Brésil. "On n’a pris qu’un but sur le tournoi et nous avions le meilleur buteur (Almoez Ali, neuf buts) qui a également été élu meilleur joueur de la compétition et nous avons également remporté le prix du meilleur gardien (Saad Al Sheib) . La force de notre équipe, c’est sa cohésion. Felix Sanchez Bas travaille avec ce groupe depuis 2006 (il a été coach à l’Aspire Academy de 2006 à 2013 avant de prendre en charge les équipes nationales de U19 à l’équipe A) et il a réalisé un travail incroyable ces dernières années. Le succès récent du Qatar n’est que le fruit d’un travail acharné du coach, des joueurs et de la fédération.”
Devenu coach d’Al Sadd, Xavi est souvent cité à la tête du Qatar pour le Mondial 2022, pourtant, c'est bien Felix Sanchez qui dirigera les Grenats. “Nous sommes très satisfaits du travail du coach actuel et de son staff et c’est pourquoi nous avons prolongé leur contrat jusqu’à la Coupe du Monde 2022.” Confrontés à l'l’Argentine, le Paraguay et la Colombie, les Qataris vont se frotter au gratin du football mondial, de quoi se jauger à deux ans et demi de leur Mondial.“Certainement, ce sera un bon test pour nos joueurs. Ils sont excités à l’idée d’affronter ces grandes nations. Nous avons évidemment du respect pour nos adversaires mais attention, nous ne serons pas une équipe facile à battre durant cette Copa America. On ne se déplacera pas en victime consentante. On vient au Brésil pour réaliser de belles prestations.”
Pour effectuer des résultats, que ce soit au Brésil lors de la Copa America ou en 2022 pour la Coupe du Monde, le Qatar entend se reposer sur les talents issus de son Académie d'Aspire. " L’Aspire Academy a joué un grand rôle dans notre succès récent car, si vous regardez notre effectif, la plupart des joueurs provient de l’Académie. C’est une institution importante pour note pays et nous sommes persuadés que, dans le futur, de plus en plus de joueurs représentant le pays en équipe nationale seront issus de cette Académie.”
Un titre remporté dans des circonstances délicates
Cet hiver, le Qatar a remporté l’Asian Cup sur les terres des Émirats arabes unis qui lui imposent un blocus depuis 2017. Le 1 er février 2019 restera à jamais ancré dans la mémoire des Qataris. Ce jour-là, le Qatar est devenu champion d’Asie pour la première fois de son histoire après avoir réalisé le parcours sans faute (sept victoires, 19 buts marqués et un encaissé). Ce succès a eu une saveur particulière pour les hommes de Félix Sánchez Bas puisqu’il a été glané sur le territoire d’un des pays qui exerce un blocus sur le Qatar depuis le 5 juin 2017 (au même titre que l’Égypte, Bahreïn et l’Arabie saoudite), lui reprochant de soutenir certains groupes islamistes radicaux.
C’est dans un climat délétère que les Qataris sont allés chercher le premier succès de leur histoire. “Pour la première fois de notre histoire, nous avons remporté l’Asian Cup et le hasard a voulu que ce soit aux Émirats”, nous précisait le mois dernier à Doha, la porte-parole du ministre des affaires étrangères, Lolwah Rashid al-Khater. Aux Emirats arabes unis, les Qataris n’ont pas été soutenus, que du contraire…
“Pire, nos joueurs ont dû faire face à toutes sortes d’intimidation, comme des chants racistes. Les supporters locaux ont également lancé leurs sandales sur nos joueurs et la Fédération a sanctionné les Émirats arabes unis. Pire encore: un résident britannique, portant une vareuse du Qatar, a été arrêté et mis en prison ! Il y a une loi qui interdit toute sorte de sympathie pour le peuple qatari. Enfin, dans la presse ou durant les commentaires en live, le nom ‘Qatar’ n’a jamais été écrit ou prononcé. En finale, ce n’est pas le Qatar qui l’a emporté 3-1 mais bien le Japon qui s’est incliné 1-3 au terme d’une finale palpitante.” Gageons pour les Qataris que le climat soit moins hostile durant cette Copa America au Brésil.