Loris Karius a mis du temps à apprivoiser les spécificités du football made in England Petit quizz pour commencer : quel gardien est parvenu à garder le plus souvent sa cage inviolée cette saison en Ligue des Champions ? David De Gea ? Non. Gianluigi Buffon ? Toujours pas. Le grand gagnant se nomme… Lorius Karius !
Alors que Liverpool a établi durant cette campagne un nouveau record de buts inscrits (40 !), l’Allemand a rendu 6 clean sheets en 13 sorties contre 5 pour le Romain Alisson et le Barcelonais Marc-André ter Stegen.
La statistique symbolise assez fidèlement la trajectoire du portier, qui a commencé la saison dans l’attente, devant se contenter uniquement de la Ligue des Champions, et la termine dans la peau d’un titulaire devenu enfin indiscutable depuis le 14 janvier dernier et sa présence sur le terrain contre Manchester City. Comme un clin d’œil à son destin fait de patience.
Car Liverpool n’a pas été le premier club anglais du natif de Biberach dans le sud-ouest de l’Allemagne. En 2009, à tout juste 16 ans, Karius quitte Stuttgart pour rejoindre… Manchester City.
À l’époque, le club allemand ne peut refuser une offre qualifiée d’exorbitante. Lui débarque dans un club en pleine mutation. Avec une clause très claire dans son contrat : s’il évoluera avec les jeunes, il obtient la garantie de jouer en équipe première. Une fausse bonne idée au final.
"J’ai joué en U18 et en réserve et je m’entraînais chaque jour avec l’équipe première, avec Joe Hart, quelqu’un de super qui m’a beaucoup aidé. C’est un exemple et je ne regrette rien. Mais je voulais jouer régulièrement dans une équipe première et c’était assez difficile pour un jeune, surtout un gardien, de le faire à City, donc je me suis dit que je devais faire un petit pas en arrière pour aller dans un plus petit club. C’est ce que j’ai fait", a-t-il expliqué au printemps dans The Times.
D’abord sous forme de prêt, son retour en Allemagne, à Mayence, se transforme en transfert définitif sans que l’état-major des Citizens n’y fasse obstacle : ceux qui le côtoient s’interrogent sur son talent et sa motivation. Et tous le jugent inférieur à ses prédécesseurs Wayne Hennessey, Kasper Schmeichel ou Keiren Westwood, qui sont passés par City avant lui.
"Moi, ce que je voulais, c’était jouer", a encore justifié Karius. "J’avais une bonne chance de le faire à Mayence avec un jeune coach qui croyait en moi et me voyait comme le titulaire du poste dans un futur proche. J’avais 18 ans et je voulais progresser. C’était peut-être un petit pas en arrière mais j’ai joué 100 matches en Allemagne et je suis revenu dans un grand club."
Avec l’étiquette de deuxième meilleur gardien de Bundesliga derrière Manuel Neuer. Ce qui ne l’a pas empêché de s’armer encore de patience.
Une fracture de la main en préparation en juillet 2016 contrarie son envol et Jürgen Klopp le lance après la 6e journée en septembre. Pour seulement dix rencontres de Premier League avant que Simon Mignolet ne reprenne sa place et termine la saison. "C’est comme cela parfois. Les années précédentes, tout allait dans mon sens, je n’étais jamais blessé, j’ai joué trois ans comme cela, toujours bien, sans rien de négatif. Cela fait partie du métier de pro, il peut y avoir une période où les choses sont moins parfaites", a philosophé récemment l’Allemand, qui s’est noué d’amitié avec Justin Bieber depuis des vacances passées en commun à Miami.
"C’était une expérience nouvelle mais je peux maintenant dire que j’ai beaucoup appris, notamment psychologiquement. Cela m’a fait grandir. Parfois, cela ne va pas aussi bien que vous voulez et, en tant que gardien, il faut être patient et juste attendre. Si je n’y avais pas cru, peut-être que j’aurais dit qu’il fallait trouver une solution l’été dernier. Mais ça n’a pas été le cas, j’y croyais à 100 %. C’est pour cela que tout a toujours été clair pour moi dans mon combat pour retrouver ma place. J’ai bien fait d’attendre; je suis heureux d’avoir été patient."
Et l’international allemand en récolte désormais les fruits.