Le jour où j'ai vu Messi gagner un trophée avec l'Argentine
Il y a dix ans, le 23 août 2008, Lionel Messi (21 ans) remportait la médaille d'or des Jeux Olympiques de Pékin avec l'Argentine, victorieuse du Nigeria. Ce jour-là, dans le Nid d'Oiseau, nous étions persuadé que cette génération albiceleste dorée, emmenée par la star du Barça, allait enchaîner les succès. Dix ans plus tard, Messi n'a plus rien gagné avec sa sélection, et risque de prendre sa retraite internationale sur une succession d'échecs...
- Publié le 23-08-2018 à 13h52
- Mis à jour le 23-08-2018 à 15h29
Il y a dix ans, le 23 août 2008, Lionel Messi (21 ans) remportait la médaille d'or des Jeux Olympiques de Pékin avec l'Argentine, victorieuse du Nigeria. Ce jour-là, dans le Nid d'Oiseau, nous étions persuadé que cette génération albiceleste dorée, emmenée par la star du Barça, allait enchaîner les succès. Dix ans plus tard, Messi n'a plus rien gagné avec sa sélection, et risque de prendre sa retraite internationale sur une succession d'échecs...
Il arrive parfois, dans la vie, de savourer un événement sans se rendre compte de vivre un moment historique. Ce samedi 23 août 2008, en arrivant à Pékin, c'est avec une pointe de tristesse que j'étais entré dans le superbe Nid d'Oiseau, théâtre des épreuves d'athlétisme des Jeux Olympiques. La veille, à Shanghaï, nos Diablotins avaient manqué l'occasion de monter sur le podium, sèchement battus par le Brésil dans la petite finale pour la médaille de bronze du tournoi de foot. L'apothéose entre l'Argentine de Messi et nos bourreaux nigérians avait donc un petit goût de regrets pour les Belges présents dans la capitable chinoise. Pourtant, sans le savoir, nous allions assister au seul titre de Lionel Messi sous le maillot de l'Albiceleste! Impensable à l'époque…
Le Nid d’Oiseau avait donc changé de costume, l’espace d’un match, ce chaud samedi d'août 2008. Les athlètes avaient cédé le théâtre de leurs exploits à vingt-deux bonshommes en culotte courte. Le comité organisateur avait choisi le stade national pour la finale masculine du tournoi de foot, alors que jusqu’ici, les matches disputés à Pékin l’avaient été au Stade des Ouvriers, là où nos Diablotins avaient créé l’exploit en éliminant l’Italie en quarts de finale. Sur une pelouse pas très digne de l’événement, à… midi, heure chinoise (!) l'ancien Loup Peter Odemwingie et ses potes nigérians disputèrent à l’Argentine la médaille d’or.
Si le stade affichait complet, le public était peu connaisseur. Il suffisait que Messi touche le ballon pour que des clameurs s’échappent des tribunes. Idem lorsque l’écran géant montra l’image d’un Maradona supporter ou d’un Ronaldinho spectateur. Les Brésiliens étaient arrivés de Shanghaï dans le même avion que les Espoirs belges de Jean-François De Sart. Et ils attendaient la fin de cette finale pour participer à la cérémonie des médailles, et recevoir le bronze chipé à Vertonghen, Dembélé et Cie.
L’Argentine parvint à conserver son titre de championne olympique, sous une chaleur accablante, en prenant sa revanche (1-0) contre le Nigeria qui l’avait battue en 1996. L’histoire bégayait pour la génération Messi, sacrée championne du monde en jeunes, des moins de 20 ans, en 2005. Promise donc à régner sans partage sur la planète foot pendant de longues années. La Pulga, 21 ans lors de ces JO, fut de la plupart des bons coups argentins en Chine. En finale, c’est encore lui qui offrit le but de la victoire à Di Maria.
Après le match, les Brésiliens avaient rejoint les deux finalistes pour la cérémonie protocolaire. Et pendant que la Seleção recevait sa médaille, les Nigérians, appareil photo en mains, posaient pour la postérité avec Messi, derrière le podium! Ils durent bien vite se remettre en rang, pour recevoir leur argent, contents. Les footballeurs ont eu plus de chance que Tia Hellebaut, sacrée quelques heures plus tard reine de la hauteur. Les spectateurs chinois étaient restés bien sagement assis pour pouvoir applaudir une dernière fois les stars sud-américaines, même si le podium tarda à semettre en place. Huit heures plus tard, quand la Brabançonne résonna dans le Nid, pour saluer le succès de Tia, les tribunes s’étaient vidées. Il ne restait que les passionnés... et les Belges, qui agitaient leurs drapeaux avec allégresse. Notre émotion fut alors plus intense, et nous avions alors la certitude de vivre un moment historique: pour la première fois, une athlète belge remportait l'or olympique... Sans nous douter donc d'avoir assister quelques heures plus tôt à un autre moment d'anthologie: un sacre de Messi en équipe nationale.
Quand nous croisâmes l'Argentin, dans la zone mixte, après son sacre, médaille brillante autour du cou, il rayonnait. “Avant que je vienne en Chine, beaucoup de choses se sont dites sur mon compte", lança Messi qui avait failli rater les JO car le Barça refusait de le libérer. "Elles m’ont fait mal, c’est clair. Je pense que l’Argentine a décroché l’or parce qu’elle a constitué un groupe impressionnant, très soudé. Cela s’est retrouvé sur le terrain…" Ce groupe ne gagnera pourtant plus rien depuis cette après-midi d'août 2008. Messi joua encore des finales, quatre (une en Coupe du Monde, en 2014; 3 en Copa America, en 2007, 2015 et 2016), mais connut autant de déceptions, plus encore quand l'Argentine bacla ces grands tournois, comme en Russie au début de cet été. Lionel Messi ne s'est plus exprimé publiquement depuis Argentine-Nigeria et la qualification pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde, où les Argentins ont perdu contre la France (3-4). La star de Barcelone n'a pas officiellement pris congé de sa sélection, mais aurai demandé au sélectionneur par intérim Lionel Scaloni de ne pas le convoquer pour les quatre matches amicaux de 2018. La Copa América 2019 se déroulera au Brésil, en juin prochain. Pas certain que Messi, 31 ans, en sera…
À la fin de sa carrière, le feu follet argentin se souviendra que le 23 août 2008, il a permis à son pays de conserver le titre olympique dans la capitale chinoise. Il ressortira alors de son tiroir cette médaille d’or reçue sur le podium du Nid d’Oiseau. Peut-être son unique trophée remporté avec l'équipe A d'Argentine. Nous y étions. Sans se rendre compte d'avoir vécu un moment historique…