Le football belge tremble
Un commentaire de Benoît Delhauteur.
- Publié le 21-11-2018 à 06h36
- Mis à jour le 21-11-2018 à 09h19
Un commentaire de Benoît Delhauteur.
Incroyable.
Voilà le premier mot qui nous est venu à l’esprit à l’annonce de la libération de Dejan Veljkovic et de sa future peine : 80.000 euros et de la prison avec sursis. C’est le plus grand coup de théâtre depuis le début du Footgate.
Suite à ce rebondissement capital dans le Footgate, plusieurs éléments nous interpellent. À commencer par le fait que Mogi Bayat est toujours derrière les barreaux, alors que Veljkovic est libre. Pourquoi ? Il persiste dans le dossier Bayat des zones d’ombre qu’on serait curieux de voir éclaircies. Attention, on ne défend pas ici Mogi Bayat l’hyper agent : s’il a fraudé, il devra en subir les conséquences. Il persiste dans ce dossier des zones d’ombre qu’on serait curieux de voir éclaircies…
Ce qui nous frappe encore davantage, c’est la légèreté de la peine encourue par Dejan Veljkovic (pour autant qu’il collabore pleinement). Il va ainsi devenir le tout premier repenti de l’histoire judiciaire belge ! Une méthode appliquée à l’étranger pour coincer les mafiosi et les barons de la drogue. À circonstances exceptionnelles, moyens exceptionnels…
Le signal envoyé au public est très mauvais : vous pouvez truquer des matches et ressortir libre, en payant une amende qui, pour un tel agent, est synonyme d’argent de poche.
Qu’est-ce qui a motivé le parquet fédéral à prendre le risque de lui offrir d'une telle transaction? Ce n’est évidemment pas juste seulement pour accélérer l’enquête… C’est assuré simplement parce que Veljkovic a promis de tout dire. Il livrera d’autres noms, impliqués dans la fraude ou dans les matches truqués. De grands noms.
Rappel important : dans sa première conférence de presse, le 11 octobre, le parquet fédéral avait affirmé que les constructions financières de Veljkovic avaient été mises en place en concertation avec plusieurs clubs de D1A.
Entre-temps, tous ces clubs ont dit collaborer à l’enquête, mais certains de ses dirigeants peuvent se faire du souci. Ils ne sont pas les seuls. Il nous revient que de nombreux acteurs du foot belge sont en train de trembler.
Finalement, aussi ahurissant qu’il soit, ce coup de poker du parquet fédéral aboutira peut-être au grand nettoyage qu’on attend tous.