La nouvelle vie d'Isaac Mbenza: "Manchester City, on se demande comment ils font"
En signant à Huddersfield, Isaac Mbenza a basculé dans un nouveau monde
- Publié le 11-09-2018 à 10h37
- Mis à jour le 11-09-2018 à 13h17
En signant à Huddersfield, Isaac Mbenza a basculé dans un nouveau monde. Vu de loin, son transfert a surpris. Début août, Isaac Mbenza a quitté Montpellier pour rallier Huddersfield sous la forme d’un prêt payant de 2,5 millions d’euros avec une option d’achat obligatoire à 12,5, ce qui le valorise donc à hauteur de 15 millions.
Un montant considérable qui n’inhibe en aucun cas l’ailier qui était arrivé au bout d’un cycle en France (voir par ailleurs) et qui savoure cette arrivée en Angleterre.
"Cela se passe bien. Cela change, je n’ai pas le soleil , s’amuse-t-il. Mais j’ai tout, j’ai trouvé un appartement à Huddersfield à vingt minutes. Il y a tout, c’est un peu comme Bruxelles."
Séduit par le projet de jeu de l’entraîneur allemand David Wagner : "On essaye de jouer de manière précise. Il sait ce qu’il fait. Le coach m’a dit que j’étais polyvalent et qu’il avait plusieurs options pour moi sur les côtés de son 4-2-3-1, voire en 9" , convaincu par ses échanges avec son ancien partenaire à Montpellier Steve Mounié et par Adama Diakhaby avec qui il partage le même agent et qui a, lui aussi, signé cet été, mis d’emblée à l’aise par Laurent Depoitre qu’il apprend à connaître, l’attaquant le précise : "Je n’arrivais pas en terre inconnue." Ce qui ne l’a pas empêché de basculer dans une tout autre réalité. Entre surprise et délectation.
Isaac, les joueurs qui débarquent en Angleterre évoquent souvent un nouveau monde qu’ils découvrent dès le premier entraînement. Mythe ou réalité ?
" (Sourire) L’Angleterre, c’est complètement différent. Cela va vite. Dans l’impact. Même dans les petits jeux. Tout le monde veut gagner comme partout, mais c’est encore plus prononcé. Il y a de l’enjeu. Ce n’est pas seulement : ‘tu rentres, tu perds’ . C’est : ‘tu rentres, tu perds et il y a des conséquences à la fin du mois .’ Même les terrains, les installations, c’est autre chose."
Vous vous êtes fait secouer physiquement dès le début ?
"Forcément. Généralement, à l’entraînement, on se donne mais ce n’est pas comme en match. Quand on est à l’entraînement, on n’attaque pas un adversaire comme en match. Alors que là, par exemple, s’il faut faire une grosse faute, il faut même la faire. Même à l’entraînement. Cela m’a un peu surpris mais j’ai vite compris au bout de deux ou trois actions : si tu veux exister, c’est la base."
Parce qu’un entraînement équivaut à un match…
"Exactement. Tu rentres de l’entraînement, t’es cuit (rires) ."
Vous avez fêté votre première dans le groupe lors de la défaite contre Manchester City (6-1), une référence…
"J’ai joué des grosses équipes comme le PSG, Marseille, Monaco. Mais City, les voir proche, proche, proche (sic) , ce n’est pas un hasard de les retrouver à ce niveau. On comprend pourquoi ils sont là, ce sont les meilleurs. Cela se voit sur le terrain. Ils ratent une action, ce n’est pas : ‘ce n’est pas grave’ . Ils s’en veulent vraiment quand ils ratent une passe car ils savent qu’ils ne doivent pas la rater. Tout en restant serein."
Où les placez-vous par rapport au PSG par exemple ?
"Ce n’est pas comme avec Mbappé ou Neymar qui vont prendre le ballon et faire la différence. C’était collectif. Une équipe avec du contrôle-passe, contrôle-passe. C’est du Guardiola. En fait, c’est la bonne passe au bon moment qui déclenche tout : une passe ouvre plein de portes. On se demande comment ils font. Sur le banc, je regardais, j’étais concentré sur le match. Mais ils se faisaient des passes que, sur le banc, je n’avais pas vues."
Face à un tel adversaire, en tant que remplaçant, est-ce que vous voulez absolument rentrer ou, au contraire, vous avez peur de souffrir ?
" (Ferme) Non. Moi, 6-1, 11-1, 21-1, j’ai envie de jouer. Je joue au foot pour cela, pour jouer contre les meilleurs. On n’est pas là pour tout le temps jouer contre des plus faibles parce qu’on n’apprend pas vraiment. Il faut toujours jouer contre les plus forts, les regarder pour apprendre. On apprend des meilleurs."
Vos débuts ont eu lieu une semaine plus tard, contre Cardiff. Qu’avez-vous ressenti ?
"J’étais content, je réalisais mon rêve de gosse de jouer en Premier League. J’étais super-content jusqu’au carton rouge (Hogg a été exclu à la 63e, lui est entré cinq minutes plus tard) . On me dit que je vais rentrer dans cinq minutes, je m’échauffe en me disant qu’il y a moyen de faire quelque chose, qu’on est bien dans le match. Puis il y a ce carton rouge et je me dis qu’on va devoir défendre, défendre, défendre. Mais j’étais super-content avec ce premier point de la saison. Une super expérience."
"Il a pété un plomb et m’a manqué de respect"
Le Diablotin revient pour la première fois sur son départ de Montpellier.
Isaac Mbenza a beau être un sacré dribbleur, pas question pour lui d’éviter le sujet de son départ de Montpellier. L’occasion aussi pour lui de lever le voile sur les circonstances qui l’ont amené à partir 18 mois après son arrivée.
Isaac, pourquoi avoir quitté Montpellier ?
"J’étais arrivé au bout d’un cycle et puis j’ai eu l’occasion de signer en Premier League. Entrer dans ce championnat est extrêmement compliqué. Le club se construit, il est arrivé dans l’élite il y a un an. Le coach a eu les mots qu’il faut; il a su me convaincre. J’ai eu une mauvaise relation avec le coach à Montpellier. Cela a joué aussi pour que je parte. Montpellier s’y retrouve aussi. Je n’avais plus qu’un an de contrat, je comptais prolonger mais il y a eu cette offre qui est venue à 10 jours de la fin du mercato en Angleterre. Ils voulaient faire vite. Montpellier m’a laissé le choix. Ils auraient été contents que je reste. J’aurais prolongé. Cela aurait été avantageux. Soit je restais, soit je partais pour aller dans le meilleur championnat du monde."
Vous évoquez votre relation avec Michel Der Zakarian. Comment et quand s’est-elle dégradée ?
"Juste avant la dernière sélection en mars avec les Diablotins, après le match contre Dijon où on fait 2-2, j’ai eu une grosse altercation avec lui. On avait le match en main, on devait gagner ce match 100 fois. J’ai manqué une occasion en tirant à côté à 10 ou 15 minutes de la fin alors qu’on menait encore 2-1 puis on a encaissé le 2-2. Le coach s’est énervé, a pété un plomb et m’a manqué de respect. Je n’ai pas trop apprécié. Après, je peux comprendre qu’il soit énervé, c’était un match important pour tout le monde, moi, lui, le club. Mais il faut que cela reste dans le cadre du football, pas que cela aille au-delà de cela. On s’est expliqué après quelques semaines. Mais quelque chose s’était cassé. Ce n’était plus pareil. Après, je n’ai plus été titulaire que trois matches. J’ai été meilleur buteur un petit moment (il a terminé la saison avec 10 réalisations, comme Giovanni Sio, NdlR) ."
Ce qui est d’autant plus surprenant…
"Oui. Je marquais pas mal de buts. En me mettant sur le banc, je ne comprenais pas forcément. Sans prétention, c’est rare qu’un coach se passe de son meilleur buteur. C’est son choix, je le respecte, mais j’ai le droit aussi de ne pas l’accepter. C’était allé trop loin. Je n’étais pas content d’être sur le banc, c’est normal qu’un joueur ne l’accepte pas, sinon, c’est qu’il y a un problème."
L’intérêt d’Huddersfield est donc tombé à point nommé…
"Oui mais je n’ai pas forcément foncé tête baissée non plus. Attention. Je n’aurais pas dit oui directement. C’était un choix très important. Aujourd’hui, des jeunes de mon âge sont chez les A, évoluent dans les plus grands clubs du monde. Nous, on veut aussi le faire. Mais avant cela, il faut faire les bons choix. Ceux qui sont dans les gros clubs ont fait les bons choix aux bons moments. On ne peut pas se permettre, dans ma génération, de prendre du retard pas par rapport au talent mais à nos choix. C’est important. Il ne faut pas perdre de temps. J’ai vécu une expérience au Standard qui me sert. Cela été bénéfique, je réfléchis autrement. Je ne me dis pas : ‘Ok, c’est un bon club, j’y vais.’ Je pèse le pour et le contre, je discute avec mes conseillers, avec Montpellier, avec Huddersfield."
Qui vous a valorisé à 15 millions d’euros, une somme importante pour un joueur qui n’avait plus qu’un an de contrat…
"C’est sûr. Mais si j’étais resté à Montpellier, j’aurais prolongé. C’était dans mon intérêt et dans l’intérêt des deux clubs. J’aurais eu un bon de sortie en fin de saison prochaine. Je l’ai eu plus vite que prévu."
"On est l’équipe à battre"
Une chaude réception attend les Diablotins en Hongrie.
Les Hongrois n’ont pas oublié. Longtemps, le 26 mars dernier, les membres de la délégation magyar ont pesté dans la nuit de Louvain contre l’exclusion de leur défenseur central Toth après 10 minutes à la suite d’une faute sur Dimata qu’ils ont jugée sévère et qui avait tout changé (3-0).
"C’est clair qu’ils seront revanchards" , avance Mbenza. "Maintenant, on est l’équipe à battre, on n’a pas encore perdu, il faut justifier notre qualité."
Les Diablotins l’ont fait en s’imposant avec maturité à Malte (0-4) pendant que les Hongrois, justement, s’inclinaient en Suède (1-0).
Cette défaite les relègue à 9 points des Diablotins et des Suédois qui ont encore deux matches à disputer quand eux en ont trois à jouer. La différence de buts particulière primant, les Hongrois ne peuvent plus rattraper les Suédois et un infime espoir existe pour qu’ils reviennent à la hauteur des Diablotins : il faudrait pour cela qu’ils s’imposent ce mardi soir par plus de trois buts d’écart tout en faisant carton plein ensuite en espérant que les hommes de Johan Walem s’inclinent ensuite en Suède. Improbable ou presque.
"C’est vrai que ce résultat élimine quasiment les Hongrois" , note Johan Walem. "Mais pour nous, cela ne change rien. Nous savons à quoi nous attendre et les joueurs savent qu’il faut faire un deuxième pas important. Nous n’avons fait que la moitié du chemin."