La Roja sort peu à peu du psychodrame. Les joueurs sont au pied du mur "L’union fait la force."
Le gardien de but espagnol David De Gea a tweeté l’état d’esprit officiel des joueurs de la Roja au lendemain de l’ouragan qui a emporté le sélectionneur Julen Lopetegui. En vérité, bon an mal an, les hommes de Fernando Hierro s’efforcent désormais de tourner la page et d’aborder, au mieux, leur premier match de ce soir face au voisin portugais. Et ils abattent la carte de l’unité. "Nous représentons un écusson, des couleurs, un pays", a confié le capitaine Sergio Ramos. Toujours aussi original dans sa communication, Gerard Piqué a, lui, fait référence à la victoire de l’équipe universitaire du Michigan lors des championnats de la NCAA de basket en 1989. L’entraîneur avait été licencié à la veille du tournoi et l’équipe avait remporté le titre…
Plus que jamais, la balle est donc dans le camp des joueurs. Le départ de Lopetegui a forcément laissé un grand vide. Le coach basque était apprécié du vestiaire tant pour son expertise tactique que pour son team spirit. Mais les joueurs savent qu’ils n’ont pas le choix. Il leur faut aller de l’avant, sans état d’âme. "Je ne crois pas que cette situation bizarre les perturbera exagérément. Ce sont de grands professionnels. Ils veulent gagner et sont habitués, dans leur club, à voir leurs entraîneurs se faire limoger", confiait, hier, Vicente Del Bosque, sélectionneur de la Roja championne du monde en 2010 en Afrique du Sud.
De fait, les stars du Real et du Barça sont largement rodées à la pression médiatique et au stress. Elles en ont vu d’autres. Reste à savoir si l’élan n’a pas été brisé, si l’envie est toujours la même. Le duel de ce soir à Sotchi sera, sur ce plan, riche en enseignements, tant sur le plan physique que moral.
Dans ce genre de situation chaotique, tout peut en effet aller très vite, dans un sens comme dans un autre. Soit le groupe plonge dans la déprime et la discorde, comme l’équipe de France à Knysna lors du Mondial 2010. Soit elle réagit en serrant les coudes et les rangs et devient insubmersible.
Mercredi soir, en plein psychodrame, les joueurs espagnols se seraient conjurés dans leur retraite de Krasnodar pour un même dessein : offrir une deuxième étoile au pays. Info ou intox ? À l’évidence, ce sont eux qui ont les clés de l’énigme. Certes, Fernando Hierro est là pour les guider et les encourager. Il a l’expérience des grands rendez-vous et une forme de charisme naturel. Il est crédible et légitime, dans un profil semblable à celui de Zidane lorsqu’il a pris en main le Real.
Mais ce sont les joueurs qui vont surtout, dans l’urgence, devoir prendre et assumer leurs responsabilités. Si Madrilènes et Catalans signent l’union sacrée, tout sera possible. Comme en 2010. Si des fissures apparaissent et que les résultats ne suivent pas, les dégâts seront énormes, comme en 2014 lorsque l’Espagne se fit éliminer dès le premier tour...
Miguel Tasso