L'autre regard: quand le chroniqueur sportif doit accorder au féminin…
Par Miguel Tasso
- Publié le 14-06-2019 à 17h40
- Mis à jour le 14-06-2019 à 17h11
Par Miguel Tasso
Voilà donc le chroniqueur sportif, nourri au biberon du Petit Robert et Grand Larousse, dans un sale état. Mais comment, diable !, doit-il mettre au féminin le jargon très masculinisé du football ?
La question brûle les lèvres des disciples de Grevisse alors que le Mondial des filles bat son plein. "Il suffit d’ajouter un ‘e’ à la fin de chaque mot", diront les adeptes des solutions pratiques et radicales. Minute, papillon. Il peut y avoir des conflits de genres. L’entraîneur deviendrait de facto l’entraîneuse, ce qui lui donnerait un petit air de meneuse de sombre cabaret, surtout en cas de mauvaise passe. On le voit, le sujet est touchy.
Il n’avait déjà pas été simple de franciser les termes anglais de l’International Board. Il est encore plus compliqué de les féminiser. Bon, pour l’arbitre, pas de souci. Il suffit, le cas échéant, de veiller au bon accord. "L’arbitre est vendu" devient donc "l’arbitre est vendue". Mais, pour le reste, c’est plus compliqué. Faut-il parler de défenseuse ou de défenseure, de buteuse ou de buteure ? Même notre logiciel de correction s’y perd. Dans le domaine, la jurisprudence grammaticale - on parle de camionneuse et de… chroniqueuse - est assez parlante. Mais d’autres termes prêtent à confusion. Faut-il évoquer le travail de la milieu de terrain ou de la milieue de terrain ? Et faut-il souligner le magnifique arrêt de la portière ? Tout cela est troublant.
On ne va pas en dormir, c’est sûr.