L’Angleterre, c’est la Belgique bis (ANALYSE)
- Publié le 04-06-2018 à 12h09
- Mis à jour le 04-06-2018 à 15h21
Quinze jours avant le début du Mondial, les similitudes entre les Three Lions et les Diables Rouges sont nombreuses "Le match qu’on attend le plus ? Celui face à la Belgique !"
Les supporters anglais présents à Wembley samedi soir, pour Angleterre-Nigeria ne s’y trompent pas. Ils savent que le premier vrai test des Three Lions en Russie se jouera face à la Belgique, le 28 juin, lors du choc du groupe G.
Un peu moins de quatre semaines avant la rencontre, les deux équipes ont débuté leur préparation pour le Mondial ce samedi. Et la première conclusion qui peut être tirée est que, pour l’instant, les deux équipes se ressemblent sur de nombreux aspects. Démonstration en quatre dimensions.
UN SYSTÈME DE JEUSIMILAIRE : LE 3-4-2-1
Comme Roberto Martinez, Gareth Southgate dispose ses joueurs en 3-4-2-1. C’est le cas depuis octobre 2017, soit plus ou moins un an après la Belgique. Si pour l’instant, les résultats acquis dans ce dispositif sont en dents de scie (défaites face à l’Allemagne, partage contre l’Italie, victoire contre les Pays-Bas), on sent qu’il y a une vraie base de travail qui demande encore des automatismes.
Si ce système de jeu est utilisé par les deux équipes, ce n’est pas tout à fait un hasard. L’intégralité des joueurs anglais et la majorité des joueurs belges proviennent de Premier League, un championnat où le 3-4-2-1 a fait ses preuves (Chelsea et Manchester City ont été champions dans une configuration quasi similaire ces deux dernières saisons).
Les forces anglaises et belges sont donc habituées à cette approche tactique qui, on l’a vu par le passé avec d’autres nations (comme l’Italie ou le pays de Galles à l’Euro 2016), fait souvent mal lors des compétitions internationales.
UNE DÉFENSE À TROISENCORE EN RODAGE
Comme la Belgique, l’Angleterre n’est pas encore tout à fait prête défensivement. Le début de deuxième période face au Nigeria en a été la preuve. Un ballon en profondeur d’Iwobi pour Ighalo a surpris l’arrière-garde britannique et en particulier Kyle Walker. D’habitude positionné comme latéral droit avec Manchester City, l’équipier de De Bruyne et Kompany a été installé dans la défense à trois par Gareth Southgate.
Une manière assez intelligente de combler le manque de vitesse du duo Jones-Cahill. Mais qui demande à Walker d’acquérir des réflexes de défenseur central. Ce qu’il n’a pas (encore ?) et qui peut poser problème face à des équipes qui aiment aller chercher la profondeur, comme ce fut le cas du Nigeria. Et ce qui est également le cas de la Belgique…
DES TEMPS FORTSIMPRESSIONNANTS
Face au Portugal, la Belgique a livré un très bon premier quart d’heure. Contre une faible équipe du Nigeria (c’est important à prendre en compte), le temps fort de l’Angleterre a duré 45 minutes. "C’est la meilleure première mi-temps que nous avons réalisée depuis que je joue sous le maillot anglais", disait même Harry Kane en zone mixte.
Il est vrai que le football pratiqué par les Anglais était attrayant et agréable. Il était symbolisé par une grosse possession de balle, une circulation rapide et une multitude de combinaisons entre Alli, Lingard et Sterling, trois profils comparables à ceux de De Bruyne, Hazard et Mertens. Lorsqu’ils se mettent à jouer ensemble, les trois Anglais apportent de la vitesse, des dribbles et de la percussion. Ils sont capables de faire bouger une défense par leur vista et par leurs appels tranchants dans la profondeur, comme ce fut le cas contre le Nigeria. Mais si samedi les Britanniques ont inscrit deux buts en première période (Cahill sur corner, Kane d’une frappe déviée), ils ne sont pas parvenus à concrétiser leurs plus belles actions collectives. Il manquait toujours un peu de précision dans le dernier geste. Tiens, tiens, c’est un mal que l’on retrouve également chez nos Diables…
UNE SENTINELLE ETUN RÉGULATEURDANS L’ENTREJEU
Chez les Diables Rouges, le duo Axel Witsel-Kevin De Bruyne s’est imposé, au fil des mois, comme indispensable au milieu de terrain. Samedi, à Wembley, le Witsel anglais s’appelait Eric Dier. Le médian de Tottenham a évolué comme une vraie sentinelle, en venant chercher les ballons très bas et en jouant très juste, sans prise de risque inutile.
À côté de lui, en l’absence de Jordan Henderson (mis au repos une semaine après la finale de la Ligue des Champions), Dele Alli était chargé de prendre à son compte le jeu vers l’avant. Ce qu’il a bien fait durant la majorité de la rencontre, en servant notamment Sterling d’une passe laser en milieu de première période. Une passe qui rappelle la précision de De Bruyne.
Mais, de manière générale, on a senti qu’il manquait quelque chose à ce milieu de terrain anglais, qui ne dispose pas d’un joueur de classe mondiale. Et qui manque par moments de créativité…
Des flancs complets: Trippier et Young, des profils idéaux
Il n’y a pas que sur coup de pieds arrêtés que Trippier et Young ont été intéressants, samedi. Côté droit, le joueur de Tottenham a livré une excellente première période, en se projetant constamment vers l’avant et en apportant le danger via des centres et des infiltrations. Si dans le profil, Trippier rappelle Meunier, de l’autre côté, Young (32 ans !) et Carrasco peuvent difficilement être comparés. D’une part parce que le joueur de Manchester United est gaucher et donc plus à même d’amener le danger sur centre ou en combinaisons qu’en rentrant à l’intérieur. D’autre part car il a acquis, avec José Mourinho, de vrais réflexes défensifs (il a parfois joué arrière gauche avec les Red Devils) qui font de lui un joueur complet, idéal pour un système en 3-4-2-1. Qui, côté Anglais, tend vers l’équilibre.
Les phases arrêtées: "Elles peuvent faire mal à la Belgique"
Sur corner. C’est de cette manière que l’Angleterre a inscrit son premier but de la préparation, et ce n’est pas un hasard. Face au Nigéria, samedi, les coups de pied arrêtés ont été très bien donnés. Les coups francs, d’abord. Dès le début du match, Kyrian Trippier a obligé Uzoho à se détendre avant de trouver la tête de Gary Cahill sur le coup de coin qui suivait grâce à un superbe ballon brossé, parfaitement déposé sur la tête du défenseur de Chelsea. Si Trippier a été très précis côté droit, Ashley Young, tireur désigné côté gauche, n’a pas été en reste et a lui aussi délivré plusieurs ballons dangereux dans le box, et qui ont permis aux Anglais de se créer une occasion, de manière directe ou indirecte."Quand les ballons sont aussi bien donnés, c’est évidemment plus facile", souriait Gary Cahill après la rencontre. "Les coups de pieds arrêtés sont un moyen de faire mal à n’importe quelle équipe, y compris la Belgique." Et vu la qualité des frappeurs, il ne serait pas étonnant que cela devienne l’une des armes principales des Anglais durant le Mondial.
Harry Kane: Il lui faut un rien pour marquer
Il est désormais officiellement le capitaine de l’Angleterre. Celui qui représente le mieux la nation. Et sur le terrain, cela semble lui donner des ailes. Leader sur le terrain, Harry Kane sera sans conteste l’atout majeur des Anglais en Russie. Face au Nigéria, l’attaquant de Tottenham n’a pas été énormément en vue mais il a abattu un gros boulot. Dos au jeu, voire même bas dans le jeu, il a tenté de toucher beaucoup de ballons afin de les redistribuer vers Sterling et Lingard. Ses déplacements intelligents et sa maîtrise technique lui confèrent une palette supérieure à celle de Lukaku. Et son instinct de tueur est impressionnant. Samedi, le prince Harry n’a eu besoin que d’une demi-occasion pour inscrire son premier but de la préparation, sur une frappe certes déviée mais intelligente car armée en seulement quelques secondes. "Pour un attaquant, cela fait énormément de bien de marquer, évidemment, reconnaissait la star anglaise en zone mixte. Je me sens bien et à 100 %. Mais l’important sera de garder cette forme durant les prochaines semaines." Car comme tous les suiveurs, il le sait : la réussite du Mondial de l’Angleterre en dépend grandement…