Kudimbana se confie: "Je veux montrer que je suis toujours là"
Sans club depuis août, Nicaise Kudimbana combat les préjugés. Et aspire à vite se relancer.
- Publié le 21-03-2019 à 12h21
Sans club depuis août, Nicaise Kudimbana combat les préjugés. Et aspire à vite se relancer. Sa silhouette, toujours aussi musculeuse, qui se dessine sous son pull bleu foncé, invite à le croire. "Je suis plus fit que jamais", répète Nicaise Kudimbana.
Le Congolais n’a pourtant besoin de convaincre personne mais rappelle simplement que là où beaucoup de joueurs, à son âge (32 ans), sans contrat, se seraient laissés aller, lui affiche la même condition physique irréprochable depuis qu’il a résilié avec l’Union le 15 août dernier.
Depuis, le gardien en a profité pour voyager. Un peu. Mais surtout pour travailler. Beaucoup. Parce qu’il compte bien se relancer après une période délicate qu’il a pris le temps de nous raconter, entre travail individuel, transfert non conclu et farouche envie de revenir très vite.
Nicaise, pourquoi avoir résilié avec l’Union le 15 août dernier votre contrat qui durait encore deux ans ?
"Quand un nouveau gardien proche de la nouvelle direction (Anders Kristiansen) est arrivé, j’ai compris que cela allait être compliqué, sachant qu’Adrien Saussez était encore là. Rester à l’Union pour être dans le noyau B, je me voyais mal vivre un an comme cela. Ils m’ont plus poussé à partir. Ils m’ont dit que j’étais un emblème du club et qu’ils ne me voyaient pas me mettre dans le noyau B. Cela voulait dire ne pas être sur le banc, s’entraîner limite avec l’équipe première. Je l’ai un peu pris comme un manque de respect. J’ai demandé comment on allait faire à la direction et tout s’est arrangé en deux ou trois jours. Financièrement, on a trouvé un accord. C’est un petit échec mais je ne suis pas rancunier. Ce sont des moments comme ceux-là qui, même à mon âge, te permettent d’engranger de l’expérience."
Se retrouver sans club le 15 août, en fin de mercato, était une mise en danger…
"Oui. Mais je pensais que j’allais très vite rebondir. Il n’y a pas que la Belgique, il y a d’autres pays où les marchés étaient encore ouverts plus longtemps. J’ai tenté ce coup de poker. Je me suis dit que cela allait venir un peu tout seul. Mais le temps passait, les mercatos se terminaient, je me posais des questions. Je n’ai pas paniqué, non. Je m’inquiétais et je n’ai pas retrouvé de club."
Sans avoir d’agent attitré, avez-vous eu des offres ?
"J’ai eu des opportunités. Beaucoup. J’aurais dû signer en Arabie saoudite mais cela a capoté pour des histoires de commissions alors que j’avais mon visa et que tout était réglé. J’ai discuté avec le Lierse. Avec Geel aussi. Et un club en D3 italienne. Rednic me voulait au Dinamo Bucarest mais cela ne s’est pas fait car l’équipe n’était pas bien à ce moment-là. Et ils ont pris Parfait Mandanda. Sans oublier la D1 amateurs mais je ne m’y vois pas."
Comment un joueur sans club travaille-t-il ?
"J’ai toujours voulu garder le même rythme qu’un professionnel. J’ai mis l’accent sur l’endurance, je cours très souvent. Je travaille aussi chez moi. Je peux aller à la salle mais vu ma corpulence, je n’ai pas intérêt à prendre de la masse (sourire). J’ai fait pas mal de spécifique durant une longue période avec l’entraîneur des gardiens de la sélection congolaise. On pourrait me reprocher de ne pas avoir le rythme des matchs mais j’ai 32 ans, je suis pro depuis mes 17 ans, ce n’est pas en si peu de temps que je vais perdre la main. Cela veut dire quoi qu’il n’a pas joué pendant sept mois ? Que mes qualités ne sont plus là ? Non. Je suis professionnel. Un pro qui connaît une pause dans sa carrière ne perd pas tout. C’est vrai que j’ai 32 ans et qu’on va me dire ‘Kudi, tu n’as pas joué pendant sept mois’. Mais non, Kudi a travaillé comme jamais pendant sept mois."
Vous avez également passé un essai à Mouscron en janvier…
"Oui, ils cherchaient un gardien parce que Werner partait. Le test que j’ai fait, les gens vont croire que je l’ai raté. Mais non. J’ai même fait un très bon test. Le staff le dira. Ils m’ont dit que j’étais bien, que j’étais fit. Mais c’était avant leur belle série. Ils voulaient un gardien pour entrer directement dans le bain alors qu’ils n’étaient pas sauvés. Ils m’ont dit que si cela avait été en fin de la saison, ils m’auraient pris directement et qu’ils continuaient à avoir un œil sur moi. M. Deleu, avec qui je m’entends très bien, me l’a encore dit : ‘Tu as montré tes qualités, que tu étais toujours là.’ Cela me motive. Je n’ai pas eu tout le spécifique qu’il fallait pendant cette période mais je suis allé à Mouscron, une équipe de l’élite, j’ai montré que j’avais le niveau."
Ces derniers mois, est-ce que la question d’arrêter s’est posée ?
"Non. Au fond de moi, peut-être ai-je pensé : ‘Est ce que je suis toujours prêt pour le top ?’ Mais c’était juste une pensée que j’ai vite évacuée. Je suis toujours là. Tu es obligé de te poser la question. On se demande aussi si on est trop cher ou encore assez bon. Mais, en fait, je suis toujours là. Laissez-moi me remettre dans le bain."
Avez-vous éprouvé la crainte d’être oublié ?
"Oui. Peut-être. J’ai 32 ans. En ce moment, tout le monde met l’accent sur les jeunes. Le football, ce n’est plus une passion, mais du business. Tous les moyens sont bons pour dénicher une pépite et la vendre un million. Les clubs ne vont pas miser sur un gardien de plus de 30 ans pour se faire un million. La crainte d’être oublié, oui, je la ressens. Mais ce serait bête. En un an seulement, après tout ce que j’ai vécu…"
De quoi avez-vous envie ?
"Je veux montrer que je suis toujours là. Vous savez, je continue à regarder les matchs et je me dis que j’ai encore le niveau. Le seul truc, c’est qu’il faut qu’on me donne l’opportunité de me montrer."