"J’aime les jeux vidéo, mais aussi la pêche et la philo"
- Publié le 02-08-2018 à 19h25
Thomas Didillon a tenté d’étudier le droit, a obtenu un Bac scientifique et a grandi bien plus vite que les autres Un gardien qui peut se targuer d’autant de matches à 22 ans, ça ne court pas les rues. Rien qu’à l’entendre parler, on comprend que Thomas Didillon a du plomb dans la cervelle.
À votre âge, vous avez déjà vécu beaucoup de choses…
"Rien ne remplace l’expérience. J’ai encore beaucoup des choses à vivre. Mon évolution est liée à mon poste : un gardien doit avoir plus de réflexion."
N’est-ce pas souvent le plus fou ?
"Cela n’empêche pas la réflexion." (rires)
Quelle est la différence psychologique avec un joueur de champ ?
"Nous sommes habitués d’être isolés. On ne fait pas grand-chose mais on est obligé de rester concentré durant 90 minutes. Essaye. À la fin, t’es rincé. Cela coûte beaucoup d’énergie."
Vous êtes déjà un homme de famille (lire ci-dessous), cela signifie une certaine maturité…
"C’est vaste la maturité. Certains diront que je suis immature car je vais acheter une voiture. C’est subjectif. Professionnellement, on vit des choses qui nous font grandir. Sans être adulte dans la tête, on a des soucis."
On dit de vous que vous êtes intelligent et curieux…
"J’ai eu le choix : être pro ou de faire autre chose. J’ai beaucoup réfléchi et longtemps hésité vu qu’une carrière peut être courte. J’ai gardé cette envie de me battre contre le préjugé du footeux débile. C’est important de montrer à la société qu’on n’est pas plus con qu’un autre. Le cliché persiste."
À quoi vous intéressez-vous ?
"Je suis curieux de tout. Beaucoup de choses m’intéressent. C’est une question de développement personnel. Un banquier peut aimer la mécanique. Je souhaite m’enrichir personnellement. Je suis capable de passer une après-midi à jouer à la console. Mais je peux en faire de même avec un bouquin de philo, mon livre du permis moto, etc. J’adore aussi aller pêcher."
Vous avez étudié les sciences ?
"J’ai un Bac scientifique. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si je n’avais pas été footballeur. Quand je suis revenu de Seraing, je me suis inscrit en droit. J’ai suivi trois mois de cours à distance avant d’être largué. Je voulais mettre le nez là-dedans. J’ai adoré découvrir cette matière. À Metz, on nous poussait vers la scolarité et le football à la fois. Ce n’était pas compatible. On verra à 30 ans si je ferai quelque chose. Je m’émerveille de toute façon de tout."
Vous êtes conscient qu’une carrière peut rapidement prendre fin. Vous avez été opéré d’une hernie au dos et vous n’aviez plus de sensation dans le pied…
"Je suis inquiet pour la fin de ma carrière et mon après-carrière. J’effectue beaucoup de travail de prévention pour éviter des rechutes. Mais j’ai décidé de vivre le truc sans me prendre la tête. Je profite de faire un beau métier qui me paie très bien. C’est même un métier qu’on ferait gratuitement car si je n’étais pas pro, je jouerais certainement avec mes potes le dimanche."
Interview > R. V.P.