Footgate: Anderlecht a versé 948.650 euros à Mogi Bayat en trois mois!
Anderlecht lui a versé 948 650 euros en trois mois. Les enquêteurs examinent les constructions via des paradis fiscaux avec des clubs étrangers.
- Publié le 20-11-2018 à 06h29
- Mis à jour le 20-11-2018 à 10h59
Anderlecht lui a versé 948 650 euros en trois mois. Les enquêteurs examinent les constructions via des paradis fiscaux avec des clubs étrangers.
Pour ceux qui en doutaient encore : si Mogi Bayat a fait fortune, c’est en grande partie grâce aux clubs belges. Pendant le printemps de cette année, les enquêteurs ont fait un classement des douze clubs qui avaient payé le plus à Bayat. Via nos collègues du Nieuwsblad, nous avons pu mettre la main sur les résultats de cette enquête interne et sur des écoutes qui prouvent combien Mogi Bayat était influent.
Numéro 1 dans le classement est évidemment le RSC Anderlecht. Dans nos pages d’hier, nous avons expliqué comment Herman Van Holsbeeck mandatait son ami Mogi pour tous les transferts entrants et sortants, même quand d’autres agents avaient fait la majorité du travail.
Entre le 15 janvier et le 24 avril (deux semaines après le C4 de Van Holsbeeck), ils ont retracé huit paiements à la société de Bayat, qui s’appelle Creative and Management Group. Il s’agit de commissions pour des transferts ou pour des prolongations de contrat.
Dans cette même période, Mogi avertit son comptable : "D’ici la fin de l’année, mes commissions vont baisser", lui dit-il. "À l’avenir, je n’aurai plus que 4 à 5 millions par an." Mogi sait que son principal fournisseur de commissions va disparaître, vu que Coucke a repris Anderlecht et que Van Holsbeeck a été viré.
Avant cela, il faisait ce qu’il voulait au Sporting. Dans un appel téléphonique, les enquêteurs l’entendent déclarer à un proche : "Personne ne va jouer avec mes pieds à Anderlecht. Si j’appuie sur un bouton, c’est la grève au Sporting."
Le numéro 2 dans le classement des enquêteurs est le Club de Bruges, avec le transfert d’Anthony Limbombe à Nantes. Mais cette construction soulève beaucoup de questions (voir ci-contre).
La troisième place de La Gantoise est moins surprenante. Louwagie est un ami de Bayat, même si ce dernier l’a trahi en plaçant Adrien Trebel à Anderlecht, malgré un accord de principe avec Gand. Bayat et Louwagie s’appelaient chaque matin. "Mogi ne travaille pas pour le joueur, mais pour le club", prétendait Louwagie. Il était fier de dire que Bayat lui faisait des ristournes : les commissions versées par La Gantoise étaient plus basses que celles des autres clubs. En trois mois, elles ont quand même atteint plus de 160 000 euros pour quatre joueurs. Cela fait 40 000 euros par joueur.
Zulte Waregem était aussi un bon client. Pour Alessandro Cordaro, Damien Marcq et Hamdi Harbaoui, Bayat a presque perçu 135 000 euros.
Ce qui est étonnant, c’est qu’un seul club étranger figure dans le top 12 des clubs qui ont rémunéré Bayat. Il s’agit de Lens, qui ne lui a payé que 8 000 euros pour la location de Frédéric Duplus de l’Antwerp.
Et quid des autres clubs où il est l’agent maison, comme Nantes, Udinese ou Watford ? Le transfert de Hanni à Moscou (voir notre reportage d’hier) a démontré que Bayat se fait parfois payer en noir, via des paradis fiscaux, des sommes versées sur des comptes de tiers ou via d’autres agents. Les enquêteurs soupçonnent Bayat d’avoir fait la même chose avec d’autres clubs étrangers. Surtout avec des clubs des Émirats (Yassine El Ghanassy à Al Ain ou Hamdi Harbaoui à Qatar SC), les pourcentages pouvaient être élevés.
Les enquêteurs se posent une autre question. Pourquoi est-ce que Bayat s’est versé 7,8 millions l’année passée ? Comptait-il faire un gros investissement ? Ou y a-t-il une autre raison, plus obscure ? En tout cas, sa société se portait très bien. En six ans, elle a fait un bénéfice net de 9,2 millions d’euros, comme en témoignent les comptes annuels qu’il a déposés à la Banque nationale…