Zidane qui quitte le Real: Que va-t-il faire maitenant? Qui sera son successeur? Analyse
Cinq jours après avoir remporté sa troisième Ligue des Champions, Zinédine Zidane a annoncé, à la surprise générale, son départ du Real Madrid.
- Publié le 31-05-2018 à 22h55
- Mis à jour le 01-06-2018 à 09h04
Cinq jours après avoir remporté sa troisième Ligue des Champions, Zinédine Zidane a annoncé, à la surprise générale, son départ du Real Madrid. Joueur, il maîtrisait mieux que quiconque l’art de l’élimination. Entraîneur, Zinédine Zidane a conservé ce don en réalisant l’un des dribbles les plus inattendus de sa carrière ce jeudi 31 mai.
Tout Madrid s’est interrogé au moment où une conférence de presse improvisée a été convoquée peu après la mi-journée. Florentino Pérez, la mine grave, le visage livide, a pris la parole pour annoncer le départ de son entraîneur.
"Zinédine est venu me voir mercredi et m’a communiqué une décision inattendue", a expliqué le président madrilène, très marqué. "Quand il prend une décision, on ne peut que l’accepter. J’ai été choqué mais je lui transmets toute mon affection. Le Real sera toujours sa maison."
Où il a connu tous les postes, de joueur à entraîneur en passant par conseiller spécial du président, directeur sportif et entraîneur de la Castilla. Avant, donc, de prendre tout le monde de court.
Zidane a réservé la primeur de l’annonce à son groupe, s’entretenant avec Sergio Ramos et prévenant le reste de ses joueurs par message. Se justifiant ensuite en choisissant ses mots.
"Je pense que cette équipe a besoin d’un changement. Après trois ans, il y a besoin d’un autre discours. Sûrement d’une autre méthode de travail. C’est pour cela que j’ai pris cette décision. Aujourd’hui, pour moi, pour tous, il faut changer. C’est pour cela que j’ai pris la décision de ne pas poursuivre", a-t-il précisé, parlant d’un "changement nécessaire pour continuer de gagner".
"Pour moi, la décision est claire même si pour beaucoup elle est incompréhensible", a encore affirmé le technicien. "C’est le moment. Aussi pour les joueurs. Après avoir fait trois ans, c’est la décision à prendre."
Derrière ses paroles se cache l’idée d’une fin de cycle qui semble avoir motivé la décision du Français qui, sans le dire, a préféré parler "d’une lassitude naturelle". Un sentiment logique finalement vu que son groupe n’a subi que des retouches homéopathiques sous son mandat.
Cette décision de quitter le Real est en tout cas récente puisqu’il y a deux mois, avant un match contre Las Palmas, Zidane avait clamé son envie d’y rester. Voir le triomphe de Kiev et cette tredecima parasitée par le flou entourant l’avenir de Gareth Bale et celui de Cristiano Ronaldo l’a-t-il poussé à revoir sa position ? Possible.
Avant cette finale, Zidane avait été interrogé à de nombreuses reprises sur sa connaissance du mode de fonctionnement d’un vestiaire, servant à chaque fois la même réponse, "je sais comment cela fonctionne, mais ce n’est pas une garantie de succès". Simplement le meilleur moyen de sentir quand partir. Au sommet en ce qui le concerne.
Qui après lui ? Les noms de Pochettino, Wenger ou Guti sont évoqués
Si succéder à Zinédine Zidane promet d’être un défi dantesque, le poste d’entraîneur du Real Madrid reste forcément l’un des plus attractifs de la planète.
Florentino Pérez va devoir trouver un entraîneur capable d’entamer un nouveau cycle. Plusieurs pistes existent déjà. Plus ou moins faisables. Tour d’horizon.
Ils sont sous contrat
Mauricio Pochettino possède de nombreux admirateurs au sein de la Maison Blanche, à commencer par José Angel Sanchez, le tout aussi discret que puissant directeur général. L’ancien défenseur de l’Espanyol a fait forte impression, notamment lors de la double confrontation durant la phase de groupes de la Ligue des Champions cette saison avec un nul à Bernabeu (1-1) puis une victoire à Wembley (3-1).
Problème, l’Argentin a prolongé le 24 mai son contrat jusqu’en juin 2023. Sans aucune clause libératoire lui permettant de quitter le club pour le Real comme l’a sous-entendu une partie de la presse espagnole. Et son président Daniel Levy est du genre très dur en affaires.
Joachim Löw a lui aussi paraphé ce mois-ci un nouveau bail avec la fédération allemande. En poste depuis 2006, le technicien s’est réengagé jusqu’en 2022.
Et, à moins d’un improbable échec à la Coupe du Monde avec la Mannschaft, il ne quittera pas son poste. D’autant plus que les dirigeants du Real Madrid ne peuvent pas se permettre d’attendre.
Pour d’autres raisons de timing, la piste Jürgen Klopp, à qui l’état-major madrilène avait préféré Rafael Benitez pour succéder à José Mourinho, apparaît improbable à creuser.
Celle menant à Antonio Conte semble plus plausible d’un point de vue contractuel vu l’avenir incertain de l’Italien. Mais son profil cadre difficilement avec la fiche de poste…
Ils sont sur le marché
Attendu à Arsenal, Luis Enrique n’y a pas signé. Et le Catalan reste l’un des techniciens les plus réputés sur le marché. Reste qu’il demeure profondément attaché au FC Barcelone, même si avant de rejoindre la Catalogne en 1996, il a passé quatre saisons sous les couleurs Merengue.
Libre depuis son d
épart un peu forcé de Naples, Maurizio Sarri va poursuivre sa carrière à l’étranger. L’Angleterre, et surtout Chelsea, lui fait les yeux doux. Mais si le Real venait à bouger, la situation pourrait changer. Enfin Arsène Wenger est lui aussi disponible. "J’ai refoulé le Real deux ou trois fois", expliquait le Français il y a quelques semaines, faisant référence notamment à 2009 où le flirt était allé très loin. Sans se conclure. Le voir rallier le Real serait une surprise considérable.
Ils sont déjà dans la maison
Au cœur de l’hiver, quand Zinédine Zidane avançait menacé, Guti n’avait pas caché son envie de succéder au Français à court terme. L’ancien milieu a effectué un travail remarquable à la tête des U19 et a motivé son départ tout récent par "le besoin d’une autre motivation". Son crédit apparaît plus conséquent que celui de Santiago Solari qui s’est occupé de la Castilla et que Zidane avait refusé comme adjoint.
Chez les Bleus ou à la Juventus ? Pas tout de suite…
Zinédine Zidane s’est montré très clair : "Je ne suis pas fatigué d’entraîner", a-t-il clamé tout en précisant "ne pas chercher d’autre équipe". Les deux postes vers lesquels Zizou tend naturellement sont pour l’instant occupés. À la Juventus, Massimiliano Allegri planche déjà sur les contours de l’effectif pour la saison prochaine. Alors que la question de la prolongation de son contrat qui s’achève en juin devait être abordée en mai, elle a été repoussée à l’été prochain. En équipe de France, Didier Deschamps a prolongé à l’automne dernier jusqu’à l’Euro 2020. Vu les liens très forts qu’il possède avec le président de la Fédération Noël Le Gräet, seule une sortie de route désastreuse en Russie pourrait le faire vaciller de son poste.
ZZ en chiffres
9: Son palmarès avec le Real comprend 9 trophées sur 13 possibles avec 3 Ligues des Champions, 2 Supercoupes d’Europe, 2 Coupes du Monde des clubs, 1 Supercoupe d’Espagne et 1 titre de champion d’Espagne
8: Son nombre de finales disputées. Et toutes remportées…
3: Le nombre de Ligue des Champions qu’il a remportées. Bob Paisley et Carlo Ancelotti en ont aussi décroché 3, mais pas d’affilée, ce que lui a fait…
40: Entre avril 2016 et janvier 2017, son Real est resté invaincu 40 matches toutes compétitions confondues, un record dans l’histoire du club
16: En 2016-17, Zidane a égalé le record de victoires consécutives en Liga qu’il co-détient avec Pep Guardiola
70 %: Son taux de victoires, le 4e le plus élevé de l’histoire du club derrière Manuel Pellegrini (75 %), Carlo Ancelotti (75 %), José Mourinho (72 %), et Luis Carniglia (71 %) : en tout, son bilan en 149 matches est de 104 victoires, 29 nuls et 16 défaites
2,6: Le nombre de buts marqués par match de son Real
879: Le nombre de jours qu’il a passé sur le banc madrilène