Justin Kluivert, jeune fils au père

Barça B, Barça, Manchester United, Celta Vigo, Alavés, Espanyol, re-Barça B, Metalurg Donetsk, La Vallette. Ce CV qui fleure bon les tapas et la carrière de seconde zone, c’est celui de Jordi Cruyff, fils de et héritier pas vraiment à la hauteur de son (trop) glorieux géniteur. Dix ans plus tard, Daley Blind se rapproche de son paternel Danny, qui a tout gagné avec l’Ajax, en enfilant les maillots du club d’Amsterdam et des Red Devils.

La dernière dynastie en date du football oranje ? Elle est à chercher à la lettre K du bottin néerlandais. K, comme Kluivert, où le jeune Justin, dix-neuf ans à peine, compte bien marcher dans les traces de son père Patrick.

Les mêmes gènes, un style différent

Mêmes traits, même attirance pour le but, père et fils sont pourtant des joueurs au style assez différent. Là où Pat’, pur avant-centre, misait sur un physique de colosse (1,88 mètre), mais une belle technique pour un joueur de cette taille, le fiston, plus à l’aise sur les ailes, possède une vélocité que lui confère son gabarit tendance crevette (1,71 mètre pour 66 kilos).

"Ils ont en commun cette façon de sentir les coups", explique Edwin van der Sar, entré dans le board de l’Ajax, à Goal.com. "Justin est plus rapide. Il est bon du pied gauche et du pied droit, joue comme ailier, alors que Patrick était vraiment l’attaquant de surface. Son fils est un peu plus petit, mais il est plus rapide et il a aussi l’œil pour le but."

D’autres similitudes existent dans le parcours des deux hommes. Un bel empressement à l’idée de réussir chez les pros (premier match à dix-huit ans pour Patrick, dix-sept pour le gamin), une première sélection en équipe nationale à dix-huit ans ou encore un départ pour l’Italie après avoir brillé pour l’institution amstellodamoise.

Si Patrick a opté pour le Milan AC de Silvio Berlusconi, Justin a lui choisi de lier son destin à la Roma, avec un CV nettement moins bien rempli, mais pas moins d’ambition. "Mon objectif définitif, c’est le Ballon d’or et je vais travailler dur pour cela. Et l’équipe pour laquelle je rêve de jouer, c’est Barcelone." Soit précisément là où son papa connaîtra de belles années. Voilà qui est dit !

Mais avant de pouvoir titiller la gonfle avec Lionel Messi, il faudra s’imposer à Rome, où il a établi ses quartiers cet été, non sans être devenu le symbole de la nouvelle génération ajacide avec Matthijs de Ligt et Frenkie de Jong, ni avoir signé treize buts et délivré dix passes décisives en cinquante-six matches avec son club formateur.

Défiance romaine

Un objectif que le petit annonce sans complexe lors de son arrivée dans la capitale italienne contre 17,5 millions d’euros. "La Roma n’hésite pas à miser sur les jeunes", annonce-t-il. "C’est l’une des raisons de ma venue. Ici, on peut progresser. Et si cela peut amener à une vente, tout le monde est gagnant."

Encore faut-il convaincre Eusebio Di Francesco de sa nécessité au sein de son effectif. Il marque un premier point en distribuant un assist à Edin Dzeko après dix-neuf minutes de jeu seulement. Cela n’impressionne guère le coach aux airs d’intello à lunettes. Ce dernier avait d’ailleurs tenu à rappeler que sa recrue "avait beaucoup à apprendre, notamment en matière de jeu entre les lignes." Et aussi peut-être au niveau défensif, un secteur où il doit encore en faire plus pour apporter sa pierre à l’édifice.

Il faudra attendre fin septembre pour le voir à nouveau titulariser Kluivert sur l’aile droite. Un poste que le jeune homme a déjà pu tester durant ses années à l’Ajax, mais qui n’est pas son préféré, lui qui n’aime rien de plus que filer sur l’aile gauche, avant de rentrer sur son bon pied.

Pas fait en un jour

Son coach comprend cependant tout l’intérêt qu’il peut tirer de la fougue de Justin, qu’il utilise plus souvent en Ligue des Champions. Il ouvre d’ailleurs son compteur-but pour la Louve contre le Viktoria Plzen. En Serie A aussi, il prend de plus en plus de place sur le flanc gauche, profitant notamment de la blessure de Stephen El Shaarawy pour s’installer plus durablement.

Jusqu’à cette rencontre face au Genoa. Un match plein, abouti, au cours duquel il plante son second pion de la saison et offre le goal de la victoire à Bryan Cristante. Et sauve peut-être bien la tête de son entraîneur, en difficultés cette année avec une décevante septième place.

La preuve que l’adaptation se passe bien, qui plus est dans un championnat difficile pour un avant. Le joueur avait été prévenu par son père, qui n’avait tenu qu’une saison dans le Calcio (9 buts). "À l’Ajax, j’étais plus libre sur le terrain", explique-t-il à Fox Sports. "Ici, je dois plus jouer à l’intérieur."

Et Kluivert Jr a déjà sur faire preuve de maturité en canalisant ses envies de dribbles, passant de 2,7 tentatives réussies par rencontre d’Eredivisie à 0,8 cette saison. "Je me sens de plus en plus à l’aise. Nous possédons d’excellents joueurs, le genre qui vous rendent plus intelligents", ajoute-t-il.

De l’intelligence, il en faudra pour accomplir son rêve ultime, celui de rejoindre l’armada catalane et faire mieux que son padre, sacré champion d’Espagne en 1999. Et si cette fois, le fils dépassait le géniteur ?