This is England (2/6): Joe Hart, le foot au cœur
Arrivé à Burnley durant l’été, Hart ouvre un nouveau chapitre de sa riche carrière.
- Publié le 27-12-2018 à 10h04
Arrivé à Burnley durant l’été, Hart ouvre un nouveau chapitre de sa riche carrière. Trente et un ans seulement ? C’est un peu l’impression que l’on a au moment de consulter la fiche Wikipédia de Joe Hart. Malgré un début de saison difficile avec Burnley (il affiche une moyenne de deux buts encaissés par match), le gardien ne semble pas encore cramé. Et pourtant, on a l’impression que le joueur né le 19 avril 1987 arpente les terrains anglais depuis des lustres.
Entre de grands espoirs et une sortie de piste sous Pep Guardiola, en passant par des renaissances dans des clubs de moindre envergure, Hart a connu plusieurs vies. Logique pour un joueur qui a longtemps fait la loi dans son rectangle avec ses réflexes de chat.
Fraise, ado et foot vrai
Quelque part, cette impression d’éternité est normale, car c’est à 15 ans qu’il est appelé pour la première fois chez les pros. C’est Shrewsbury, un club de quatrième division naguère appelé "Strawberry" (NdlR : fraise en VF) par notre Eden Hazard national, qui repère le talent du blondinet. "Le club n’avait plus qu’un seul gardien valide et je m’étais déjà entraîné avec eux durant mes vacances scolaires" , se souvient-il dans The Guardian. " On m’a donné congé un vendredi pour que je puisse les accompagner. Je me suis retrouvé dans un vestiaire rempli d’adultes. Ça m’a permis d’apprendre vite."
Tellement qu’il dispute son premier match le lendemain de son 17e anniversaire. Contrairement à Wayne Rooney ou Frank Lampard, ses contemporains en équipe nationale, celui qui s’appelle en réalité Charles Joseph John Hart débute donc sa carrière dans les bas-fonds du foot britannique, ce "foot vrai" qui fleure bon la bière et les pubs.
Un univers dont il s’extirpe rapidement, après avoir disputé une saison et encaissé… 55 buts. Les chiffres sont trompeurs car, malgré ce total important (atteint en 46 journées, précisons-le), il est élu meilleur gardien de la League Two et gagne son transfert vers Manchester City.
Un gardien dans la ville
À cette époque, le club skyblue n’est pas encore le mastodonte qu’on connaît aujourd’hui et son Sergio Agüero se nomme Émile Mpenza. Hart file directement en prêt à Tranmere Rovers, puis Blackpool pour prendre un peu de planche et revient à City en qualité de numéro un dès la saison 2007-2008. L’année suivante, le club passe aux mains de l’Émirati Sheikh Mansour.
Et Joe ne survit pas au rachat dans un premier temps. Barré par Shay Given, arrivé en même temps que le premier convoi de luxueux transferts (Robinho, Nigel De Jong et un certain Vincent Kompany, grand espoir du foot à l’époque), Hart passe quatre mois sur le banc. Premier coup d’arrêt dans une carrière qui s’annonce florissante…
Plutôt que de le refourguer à bas prix dans les divisions inférieures, le club le prête à Birmingham, dans sa région natale. Une réussite : encore une fois, il se montre déterminant pour le club, qui atteint la neuvième place finale un an après sa montée parmi l’élite.
À titre individuel, Hart est élu joueur de l’année par ses supporters, il est nommé au titre de meilleur espoir de la saison et figure dans l’équipe type de l’année. Dans la foulée, il est retenu pour le Mondial 2010, qu’il passe sur le banc.
Fatalement, ces performances de haut vol, son jeune âge et sa nationalité en font la tête de gondole idéale du projet de City, qui le rapatrie immédiatement dans le nord du pays. Pendant six ans, c’est lui le numéro un absolu d’un club qui va remporter cinq trophées (deux championnats, deux League Cups et une FA Cup).
Le fossoyeur attend
Jusqu’à l’arrivée de Pep Guardiola. Le maître catalan va devenir le fossoyeur de sa carrière. La faute à des standards de qualité trop élevés pour Hart, qui est trop limité balle au pied pour plaire à un coach qui mise tout sur une relance ultra-clean.
"Guardiola s’est montré honnête envers moi" , admet Hart quelques mois plus tard à Sky Sports. "Je l’ai regardé droit dans les yeux, lui ai serré la main et je l’ai remercié pour sa franchise. Pas vraiment pour sa décision, mais il ne s’est jamais caché." De son côté, le coach salue l’Anglais pour son professionnalisme.
Que faire alors d’une légende du club qui devient excédentaire ? Pour City, ce sera un prêt un poil inattendu à… Torino, qui se révèle être un semi-échec, avec 64 buts pris en 38 rencontres. Rebelote la saison suivante, cette fois à West Ham.
Mais le joueur vit mal sa situation de mec ballotté à droite à gauche. "J’ai beaucoup d’expérience, j’ai remporté des titres, mais je suis dans une situation qu’on s’attend à vivre entre 18 et 21 ans", dit-il au Daily Mail.
Nouveau chapitre
La décision est donc prise : son contrat ne sera pas reconduit à City, qui consent à le céder à Burnley, qualifié pour l’Europe. "J’avais besoin de couper les ponts avec City et je me sens comme si j’avais été libéré."
Une libération qui a un coût : celui de devoir troquer les ors de l’Etihad pour Turf Moor, Kevin De Bruyne pour Jack Cork et la Ligue des champions pour la lutte contre la relégation.