Serie A : Duván Zapata, le chasseur de buts de l'Atalanta
Là où Radamel Falcao et James Rodriguez connaissent une saison pour le moins difficile, le Colombien de Bergame crache le feu.
- Publié le 27-01-2019 à 10h59
- Mis à jour le 27-01-2019 à 11h00
Là où Radamel Falcao et James Rodriguez connaissent une saison pour le moins difficile, le Colombien de Bergame crache le feu.
Dans la série buteurs aussi prolifiques qu'improbables, on a eu Cristhian Stuani à Gérone, Krzysztof Piatek au Genoa (il vient juste de signer au Milan AC) et maintenant, voilà que Duván Zapata s'est tapé l'incruste au milieu de Cristiano Ronaldo et... Fabian Quagliarella au classement des meilleurs buteurs d'Italie.
Ni quintuple Ballon d'Or, ni papy entré en résistance, le Colombien de 27 ans vit tout simplement la meilleure période de sa carrière. Pas besoin d'avoir fait maths sup' pour s'en rendre compte: avec dix-sept buts inscrits en vingt-sept matches (dont quatorze rien qu'en championnat), l'équipier de Timothy Castagne a déjà battu son propre record, lui qui ne carburait qu'à une (petite) dizaine de pions par saisons depuis son arrivée en Europe.
Tel un super guerrier de DBZ, Zapata a connu un transformation éclair, passant en un clin d’œil d'attaquant très physique, mais parfois maladroit, à prétendant au titre de Cappocannoniere. Ses stats depuis le début du mois de décembre ? Treize pions (plus un en Coppa Italia), dont un quadruplé contre Frosinone, un triplé contre Udinese et un doublé contre la Juventus, meilleure défense d'Italie avec onze buts encaissés en vingt journées. Tiens, la Juve, un club qui dans le même laps de temps a marqué... à treize reprises, soit autant que le seul Zapata. C'est dire si la forme affichée par le Cafetero a de quoi impressionner.
S'il y a bien quelqu'un qui profite des exploits du Sud-Américain, c'est bien Gian Piero Gasperini. L'Italien, loué pour ses qualités tactiques, est avec lui le principal architecte de la très belle saison de La Dea, actuellement septième et en course pour l'Europe. Un petit miracle quand on sait que Bergame a flirté avec la zone de relégation au soir de la huitième journée.
Gasperini petit génie
Mais alors que s'est-il passé ? Comment ce second couteau, bringuebalé de prêt en prêt (Udinese, la Sampdoria et maintenant Bergame alors qu'il appartient à la Samp'), peut-il aujourd'hui afficher des chiffres comparables à ceux de CR7 à la mi-saison ?
La réponse réside dans les changements opérés par Gasperini juste avant l'hiver. Souvent placé aux côtés d'un Josip Ilicic sur courant alternatif ou de Papu Gómez, "Il Panterone", "Le Puma", n'arrive pas à exploiter son principal atout : sa force physique. Mais une fois laissé seul devant, le Colombien bénéficie à fond du travail effectué plus en amont par le Slovène (un temps sur la touche en raison d'une vilaine infection) et Gómez, capitaine émérite de cette séduisante Atalanta. "Le coach me demande de ne pas trop jouer dos au but ou sur le côté, mais de plus orienter mon corps vers les cages, afin de mieux profiter des espaces", explique le principal intéressé à DAZN. Apparemment, cela fonctionne !
Bien aidé par Hans Hateboer sur la droite (le Néerlandais reste son meilleur pourvoyeur d'assists avec trois passes décisives), et maintenant Castagne sur la gauche, le danger vient de tous les côtés. Grâce à cette animation fluide et bien balancée, le club peut même se targuer d'être la meilleure attaque de la Botte (quarante-quatre buts).
Inutile de préciser que Gasperini se régale des effets de sa trouvaille offensive : "Il est mortel. Il voit et sent le danger. Il marche très fort en ce moment et le mérite lui en revient principalement", expliquait-il au site internet du club après le carton contre Frosinone. "Il a connu des débuts difficiles au niveau athlétique, mais on n'a jamais douté de ses qualités. Et là, il les démontre avec une impressionnante continuité", ajoutait-il devant la presse.
Début décembre, alors que la folle machine se mettait en marche, il tenait déjà le même discours au micro de Sky Sports. "Il a retrouvé une condition optimale et maintenant, il a retrouvé le chemin du but. Pour nous, ce n'est que de la valeur ajoutée." Et aussi des points, qui s'accumulent après un début de saison plutôt moyen.
El Pibe de Cali
Avant cette séquence de dingue, il y a eu cette naissance le 1er avril 1991 à El Tamboral, un petit village paumé dans l'ouest de la Colombie, puis cette enfance dans les rues de Cali, qu'il passe notamment aux côtés de Cristián Zapata, son homonyme actif au Milan AC.
Logiquement, c'est à l'América, le plus grand club de la ville, qu'il débute sa carrière. Une équipe où son gabarit impressionne rapidement ses coaches. Il faut dire que le gamin affiche 1,89 mètre dès ses seize ans. "Il avait des limites techniques", dit de lui Diego Umaña, son premier coach chez les Escarlatas. "Nous avons travaillé pour les corriger, également parce qu'il est rare de trouver une telle volonté d'écouter chez un garçon."
Plus bosseur et sérieux que naturellement doué, Zapata fait également preuve d'un redoutable courage lorsqu'il perd sa maman Elsa au beau milieu du Mondial des moins de vingt ans en 2011. Ce drame familial ne l'empêche pas de gagner son transfert à l'Estudiantes La Plata (Argentine), où il claque vingt-deux buts en quarante six matches.
Aux quatre coins de la Botte
Au sud-est de Buenos Aires, il impressionne son coach, Mauricio Pellegrino. Coup de pot, celui-ci était l'assistant de Rafael Benítez lors de ses passages à Liverpool et l'Inter Milan. "Prends pas Jackson Martinez, ici, à l'Estudiantes, j'ai un Colombien qui est plus fort que lui", aurait-il glissé à l'adresse de Rafa, alors sur le banc de Naples.
Séduit par les propos de son ex-adjoint, l'Espagnol l'embarque quelques mois plus tard, contre huit millions d'euros. Le hic, c'est qu'un certain Gonzalo Higuain fait également partie du stock des arrivées au San Paolo cet été-là. Et que Pipita va claquer cinquante-quatre caramels en deux saisons, quand Duván n'en plantera que seize.
L'arrivée de Maurizio Sarri, adepte d'un football très joueur basé sur les passes courtes sonne le glas de sa carrière napolitaine. Véritable roc, mais parfois malhabile, Zapata n'est clairement pas le genre de joueur susceptible de plaire à l'actuel coach de Chelsea...
Résultat, il file pour un prêt de deux ans à Udine, qui se déroule dans un relatif anonymat (dix-neuf buts et huit passes dé' en soixante-cinq apparitions tout de même), avant d'être racheté pour dix-sept millions d'euros (somme étonnante pour un avant que l'on sait bon, mais qui ne fait pas figure de vrai patron de la Serie A) par la Sampdoria, qui le reloue ensuite pour deux ans à l'Atalanta.
Avec le succès que l'on sait, ces matches et ces buts qui s'enchaînent, telles les flèches d'Atalante, brillante chasseresse grecque dont son club tient le nom. Mythique, oui.