Revoilà Ben Arfa !
Après plus d’un an et demi sans jouer, l’attaquant, désormais à Rennes, va retrouver les terrains, ce vendredi soir, contre Nice où il avait brillé. Histoire d’un gâchis.
- Publié le 14-09-2018 à 14h02
- Mis à jour le 14-09-2018 à 15h46
Après plus d’un an et demi sans jouer, l’attaquant, désormais à Rennes, va retrouver les terrains, ce vendredi soir contre Nice, où il avait brillé. Histoire d’un gâchis.
5 avril 2017. D’une certaine manière, Hatem Ben Arfa a conscience de la situation. Sur la pelouse de Caen face à la modeste équipe d’Avranches, pensionnaire de D3, le Français régale, signant l’une de ses meilleurs matches avec le Paris SG avec un doublé et une passe décisive (4-0) dans ce qui restera comme sa 32e et dernière apparition sous les couleurs parisiennes. La dernière aussi, d’une carrière mise en sommeil.Plusieurs mois plus tard, l’une de ses victimes de cette soirée printanière lâchera dans le quotidien L’Équipe un aveu révélateur de la situation du prodige. “Techniquement, il était au-dessus de tout le monde. Dans sa capacité à éliminer, perforer et finir, son talent est unique. Tu vois de suite que c’est un diamant brut. Mais, humainement, je l’ai senti blasé, un peu à l’ouest”, y expliquait Sylvestre Guyonnet. “En deuxième mi-temps, pendant un corner, je lui ai dit : Ne lâche rien, cela va venir. Et là, alors qu’on ne se connaissait pas, il me répond : ah gros, c’est compliqué, ils ne m’aiment pas”.
De qui parlait à l’époque le gaucher ? Sans doute d’Unai Emery et de Nasser Al-Khelaifi. Entre le technicien strict et ce talent qui a besoin de liberté, l’impossibilité de s’entendre s’est rapidement érigée comme une évidence. Surtout que Ben Arfa n’hésitait pas à imiter son entraîneur dans le vestiaire, pour le plus grand bonheur de ses coéquipiers, et lui avait aussi lancé que “même avec la meilleure équipe du monde, il n’arriverait pas au-delà des 8es de la Ligue des Champions” après l’échec contre le FC Barcelone et la fameuse remontada.
Meunier: "il dribble toute l'équipe et après il rentre aux vestiaires"
Selon France Football, la brouille avec le président parisien prend, elle, sa source lors d’un entraînement auquel le cheick Tamin al-Thani, assiste aux côtés de son collaborateur.
À la fin de la séance, alors que le climat entre le président et son joueur est déjà tendu, Ben Arfa se présente devant les deux hommes, les salue avec respect, s’entretient avec eux en arabe et ponctue la discussion d’un trait d’humour en lançant : “j’ai plus de mal à parler avec mon président qu’avec vous”.
Se sentir rabaissé de la sorte en présence de son supérieur ne passe pas et Al-Khelaifi se fera un point d’honneur à ce que Ben Arfa ne joue plus. Ce qui a donc été le cas depuis malgré un talent évident qui lui a valu d’être surnommé “El Fenomeno” par Dani Alves qui avait plaidé pour la réintégration d’un joueur que Thomas Meunier appréciait particulièrement.
“Pauvre Hatem. Il prend son mal en patience”, avait expliqué le Diable en mars dernier dans L’Open Space. “Moi, je l’adore, je m’entends bien avec lui. C’est un super joueur. À l’entraînement, parfois, il se fait encore plaisir. Il dribble toute l’équipe et après il sort, il rentre aux vestiaires. C’est un peu du gâchis”. Qui est en passe de s’achever.
Arrivé au terme de son contrat, Ben Arfa a profité de l’été pour s’entretenir individuellement tout en prenant le temps de choisir le projet idoine pour sa relance. Parce qu’à 31 ans, il n’est plus question de se tromper.
Lamouchi: "Vous allez revoir le Hatem que vous avez connu"
Si, tel un serpent de mer, son nom a circulé à Lyon au moment du départ avorté de Nabil Fekir, les intérêts de West Ham et du Rayo Vallecano ont été plus concrets. Sauf que HBA avait des envies d’Europe. Et le challenge proposé par Rennes a fini par le séduire, plutôt que l’offre niçoise où il avait pourtant connu sa plus belle saison en 2015/16 avec 17 buts et 6 passes décisives en Ligue 1. Au sortir de cette année pleine, Olivier Létang, à l’époque directeur sportif au PSG, avait pesé de tout son poids pour convaincre le joueur.
Devenu depuis président du Stade Rennais, le dirigeant a pu compter sur la parole donnée de l’international français (15 sélections et 2 buts) mais aussi sur les bons mots trouvés par Sabri Lamouchi qui se félicite de pouvoir compter sur un tel renfort ; “Hatem s’est fondu dans le groupe de la meilleure des manières, de manière naturelle et il a également été très bien accueilli”, a expliqué le technicien en conférence de presse.
“Sa volonté à lui est énorme. Il est en phase avec lui-même et ce qu’il est venu rechercher. Ce n’est pas un garçon égoïste venu pour se faire plaisir mais pour se fondre dans une équipe. On arrivera assez rapidement à voir Hatem dans les meilleures conditions. Ne vous inquiétez pas pour cela. Vous allez revoir le Hatem que vous avez connu avec des gestes qui vont vous rappeler le Hatem de la grande époque”. Celui qui avait enchanté cette soirée du 5 avril 2017.