Pourquoi Grenade explose en Liga
Le promu ne cesse de surprendre. Explications.
- Publié le 31-10-2019 à 15h00
- Mis à jour le 31-10-2019 à 15h01
Le promu ne cesse de surprendre. Explications. Jiang Lizhang est un homme comblé. Discret, mais comblé. Ce dimanche, le Chinois a fêté ses 38 ans avec un cadeau de choix : la première place en Liga de Grenade, club qu’il préside depuis 2016 après s’être intéressé un temps au rachat d’OHL.
Du jamais-vu depuis 45 ans pour une formation qui n’est jamais restée plus de cinq ans en D1 en 86 ans d’histoire, qui ne s’est jamais classée au-delà de la sixième place et qui, surtout, avait déjà créer une première surprise en remontant dans l’élite cet été.
Au moment de célébrer cette accession, Lizhang avait pris sa plume. S’adressant aux supporters avec émotion : "Ma première saison ne s’est pas bien terminée à cause de mon profond manque de connaissance de ce sport. Nous avons été relégués, mais je n’ai pas abandonné. J’ai appris de cette expérience."
Le dirigeant de Link International Sports, société qui détient Grenade, mais aussi les Minnesota Timberwolves et une partie des actions de Parme, fait référence à cette première saison marquée du sceau de la relégation après avoir racheté le club à la famille Pozzo et terminé avec 20 points après avoir épuisé quatre managers. Dont Tony Adams.
S’il n’avait pas pu faire de miracle sur le terrain, l’Anglais, qui a vite quitté son poste, a endossé un rôle de conseiller qui lui a permis d’établir un diagnostic qui sert de socle à la réussite actuelle des Andalous.
À l’époque, l’effectif ressemblait à une vrai Tour de Babel : sur les 28 joueurs, seulement quatre étaient espagnols et 20 nationalités étaient représentées.
La nécessité d’ancrer localement le club s’est vite imposée et a séduit le public. Ancien directeur sportif de Villarreal et Monaco, Antonio Cordon s’est attelé à ce projet qui a décollé avec l’arrivée sur le banc l’an dernier de Diego Martinez.
À 38 ans, le plus jeune entraîneur de Liga n’a aucune carrière de joueur derrière lui mais a fait ses classes à Séville chez les jeunes, en réserve jusqu’à seconder Unai Emery et a débarqué avec comme seule expérience une saison - concluante - sur le banc d’Osasuna.
Sa méthode tient en plusieurs mots-clefs : humilité, culture du travail et sens aigu du collectif. Où aucune tête ou presque ne dépasse. Ou ne dépassait.
Certains noms parlent un peu plus que d’autres, celui, par exemple, de l’éphémère Anderlechtois Fede Vico titulaire en début de saison mais blessé depuis six semaines. D’autres se sont révélés cette année : le gardien Rui Silva qui a rendu plus de clean-sheets que Jan Oblak, le défenseur central Domingos Duarte est peut-être le meilleur axial de Liga cette saison, le milieu Yangel Herrera prêté par Manchester City étonne ou encore le Français Maxime Gonalons, tête d’affiche d’un recrutement savamment pensé dans un effectif à domination espagnole (13 joueurs) que le milieu n’aurait pas rejoint s’il ne maîtrisait pas la langue de Cervantes, avec huit nationalités différentes.
Mais qui n’a surtout coûté que 10 millions d’euros pour un club qui présente le troisième plus petit budget du championnat avec 35 millions, soit autant que le Standard mais 18 fois moins que le Barça qui est tombé face aux partenaires de German Sanchez le 21 septembre dernier (2-0).
"Nous n’avons pas des millions mais nous avons le goût de l’effort, l’enthousiasme et de l’ambition", a résumé le défenseur d’une équipe compacte, qui s’adapte souvent à son adversaire jusqu’à le faire déjouer. Pour le plus grand bonheur de son président qui au moment de sa prise de fonction lançait : "Dans trois ans, je voudrais voir Grenade en Coupe d’Europe."
Ce qui ferait de Jiang Lizhang un homme plus que comblé.