Mourinho et Manchester United: un mariage de raison qui n'a jamais vraiment été consommé
Le Portugais a été démis de ses fonctions ce mardi matin par le club anglais.
- Publié le 18-12-2018 à 15h32
- Mis à jour le 18-12-2018 à 22h50
Le Portugais a été démis de ses fonctions ce mardi matin par le club anglais. Avec Mourinho, l'amour ne dure jamais trois ans. Cela s'est encore vérifié cette fois-ci avec Manchester United. Il aura tenu deux années et quelques mois avant de perdre la confiance du "board" du plus grand club d'Angleterre. Retour sur son passage contrasté du côté d'Old Trafford.
Une première saison sauvée par l'Europa League
José Mourinho récupère, à l'été 2016, une équipe jeune et pleine d'avenir mais manquant cruellement de tauliers. Le passage de Louis Van Gaal a permis l'éclosion de Rashford ou de Lingard mais n'a pas créé une ossature suffisante pour reprendre le titre de champion. Nommé le 27 mai 2016 à la tête de l'équipe après 6 mois de chômage forcé suite à son limogeage de Chelsea, "Mou" arrive avec une cote déjà entamée. Son premier mercato est clinquant: Mkhytarian, Ibrahimovic, Eric Bailly mais surtout Paul Pogba arrivent dans le Nord de l'Angleterre. Le début de saison est timide après la victoire en Community Shield contre Leicester et le mois d'octobre s'avère catastrophique. Le coach est rebaptisé "the humiliated one" lorsqu'il se prend un 4-0 bien tassé contre le Chelsea de Conte. En Europa League, les Red Devils se qualifient pour le prochain tour en finissant 2e de leur groupe, pas franchement une gloire.
Sa saison 2016-2017, marquée par des intermittences au niveau du jeu, prend un tournant au printemps. Mourinho annonce privilégier l'Europa League au championnat. Le titre dans la 2e compétition européenne offre un accès direct à la Ligue des Champions. Le parcours en Europa League n'est pas très compliqué pour un club de ce standing: Saint-Etienne, Rostov, Anderlecht, Celta Vigo et l'Ajax en finale. Les Mancuniens remportent pour la première fois de leur histoire cette Coupe mais n'ont pas vraiment brillé. En championnat, les Red Devils terminent à la 6e place avec 69 points.
"Tout le monde disait que l'Ajax produisait du beau jeu, que c'est le beau jeu qui compte et bla bla bla... J'ai dit à mes joueurs que pour moi, la beauté est de ne pas donner à l'adversaire ce qu'il veut. J'ai même plaisanté avec Smalling : "Avec tes pieds, on ne va certainement pas sortir le ballon de derrière", envoyait un Mourinho très pragmatique après la victoire contre les Ajacides. Un autre trophée est à ranger dans l'armoire: la Coupe de la Ligue. L'atmosphère après la première saison du Portugais sur le banc mancunien est contrastée. Le niveau de jeu a franchement laissé à désirer, les recrues n'ont pas totalement convaincu et les jeunes n'ont pas continué sur leur lancée. Mourinho se cache derrière ses trois trophées remportés, la dictature des résultats passe avant tout le reste.
Lointain dauphin du voisin "citizen"
La deuxième levée de Mourinho à Manchester United débute, à nouveau, par un mercato dispendieux mais pas étoilé. Le triple vainqueur de la Ligue des Champions arrache de justesse pour 85 millions d'euros Lukaku à Chelsea au beau milieu de l'été. Matic et Lindelöf viennent consolider l'assise défensive. Tout est prêt pour venir rechercher le titre de Champion d'Angleterre qui fuit le club depuis 2013 et le départ de Sir Alex Ferguson. C'était sans compter sur le "noisy neighbour". Après un bon début de saison, ManU est défait par Huddersfield et Chelsea avant d'affronter Manchester City début décembre. Les Red Devils perdent le derby et disent, déjà, adieu au titre. Lukaku marque et fait ce qu'il peut devant, Matic tient le milieu avec un Pogba irrégulier tandis que Martial, Lingard et Rashford sont aussi brillants qu'inconstants.
La saison, si elle n'est de nouveau pas dingue sur le terrain, va prendre une tournure radicale au match retour du 1/8 de finale de la Champions League. Manchester est éliminé piteusement par le FC Séville (0-0, 1-2). L'ancien coach du Real Madrid envoie une banderille en plein dans le cœur des supporters anglais: "Ce n'est pas la fin du monde. J'ai déjà été assis deux fois sur cette chaise en Ligue des champions. Je suis venu avec Porto, United a été éliminé. Je suis venu avec le Real Madrid, United a encore été éliminé. Donc je ne pense pas que ce soit quelque chose de nouveau pour le club."
Mourinho s'offre ensuite le scalp de Manchester City en avril mais la fracture avec la "fanbase" est réelle. Finalement, ManU termine deuxième de Premier League à 19 points de City et perd la finale de la Coupe d'Angleterre contre Chelsea. Les (mauvaises) bases pour la troisième saison sont jetées.
Une catastrophe à tout point de vue
Le pire début de saison de ManU depuis 1990, voila le triste bilan du club le plus titré d'Angleterre au matin du 18 décembre 2018. A l'agonie en championnat, Mourinho ne doit son salut qu'à des victoires à l'arrachée contre Newcastle et complètement improbable contre une Juventus deux crans au-dessous en Champions League, au cœur de l'automne. Le choc perdu sans avoir opposé la moindre résistance à Liverpool ce week-end (3-1) aura eu raison de la tête du Portugais. Rien ne va cette saison. United encaisse comme jamais, l'équipe est celle qui court le moins parmi les 20 de Premier League et le désormais ex-coach des Anglais s'est brouillé avec la star de l'équipe, Paul Pogba.
Planté à une triste sixième place en championnat, relégué à 11 points du "big four", ManU est bien loin de pointer dans le haut du classement. En deux saisons et demi, Mourinho n'a jamais vraiment réussi à imposer sa patte légendaire qui a forgé son solide palmarès. "Une équipe de foot n’est pas qu’une histoire de dépenses", déclarait-il y a quelques semaines. "Une équipe de foot, c’est comme une maison et une maison, ce n’est pas seulement acheter des fournitures. Vous devez travailler dans cette maison et une fois qu’elle est prête, là vous achetez des éléments, vous dépensez de l’argent sur les meilleures fournitures et vous pouvez ensuite vivre dans une maison incroyable."
Son licenciement était finalement attendu et a plus que réjoui les fans de Manchester, il suffit de lire quelques tweets pour s'en rendre compte. Il part avec un beau chèque évalué à 24 millions d'euros alors que Michael Carrick assurera l'intérim pour une période indéterminée. C'est le PSG, futur adversaire du monstre anglais en Champions League, qui rit (un peu) jaune ce matin.