Monaco, diagnostic d’un fiasco
Dirigeants, staffs et joueurs partagent leurs responsabilités dans la crise actuelle.
- Publié le 29-01-2019 à 07h46
- Mis à jour le 29-01-2019 à 13h02
Dirigeants, staffs et joueurs partagent leurs responsabilités dans la crise actuelle. Monaco n’en finit plus de tomber. Jusqu’où ira cette chute ? Les dirigeants espèrent l’avoir endiguée en ayant fait revenir Leonardo Jardim qui, ce mardi à Guingamp dans une demi-finale de Coupe de la Ligue, apparaît comme le dernier moyen d’accrocher un trophée et une place européenne, puis samedi contre Toulouse pour enfin gagner un match à domicile, joue déjà très gros. Décryptage d’un fiasco à tous les niveaux.
Les dirigeants plaident coupables
Fait suffisamment rare pour être signalé, le propriétaire du club, Dimitri Rybovlev, était à Dijon samedi. À circonstance exceptionnelle, présence exceptionnelle de celui qui se fait très rare lors des matchs à l’extérieur. La mesure vaut aussi pour Vadim Vasyliev.
Pas parce que le vice-président était en Bourgogne mais parce qu’il a accompagné l’équipe dans son mini-stage à Saint-Brieuc. Après s’être astreint à un large exercice de mea culpa où il a assumé ses erreurs. Sur le recrutement d’abord : "Nous sommes forcés de constater que nous avons vendu trop de joueurs importants lors du mercato d’été et, malgré des moyens considérablement investis, des erreurs ont été commises pour les remplacer. Ce qui n’a pas permis de composer une équipe compétitive."
Sur la gestion de ses entraîneurs ensuite : "Nous aurions de fait dû donner une chance à Leonardo de continuer son travail. La décision du licenciement de Jardim a été trop prématurée."
Celle de démettre Thierry Henry, par contre, a répondu à l’urgence. "Thierry Henry est une légende du football mais les circonstances défavorables ne lui ont pas permis de faire sortir son équipe de la crise. Il lui aurait fallu probablement plus de temps pour mettre en œuvre ce qui était prévu mais nous devons réagir immédiatement."
Les entraîneurs en première ligne
Dès l’été, Leonardo Jardim avait tiré la sonnette d’alarme. En privé comme en public, le Portugais s’était plaint du manque de ressources à disposition. Et avait aussi été attaqué sur sa préparation physique.
Quatre jours avant son retour, le technicien avait répondu dans les colonnes de L’Équipe : "C’est une méthode qui a mis l’équipe systématiquement sur le podium, avait-il répliqué. Je ne suis plus là depuis bientôt quatre mois et les résultats sont restés négatifs, non ? Pourtant, une préparation physique, on a besoin d’un mois pour la corriger. Pas plus."
Thierry Henry, en bouleversant complètement le staff, avait tenté d’apposer sa griffe. Sans jamais y parvenir. Son choix d’importer sur le Rocher un système qui avait fait ses preuves avec les Diables a également prouvé ses limites, les joueurs semblant perdus par les multiples changements tactiques d’abord puis par ce système à trois défenseurs jamais vraiment assimilé.
Les joueurs perdus
Si Jardim estimait qu’il n’était pas taillé pour briguer le podium, l’effectif monégasque, même constamment amputé en moyenne d’une dizaine d’éléments blessés, n’est pas non plus sur le papier celui d’un candidat au maintien, avec une constellation d’internationaux, de Glik à Falcao en passant par Tielemans, Chadli, Sidibé ou Golovin renforcée par Fabregas ou Naldo. Mais, si les blessures par exemple de Lopes et Golovine ont été un frein, elles n’expliquent pas la manière avec laquelle certains déjouent. Même les plus aguerris.
Du haut de ses 36 ans et avec presque 360 matchs de Bundesliga, Naldo a trouvé moyen d’être exclu deux fois lors de ses trois premiers matchs, établissant un nouveau record. Et les erreurs individuelles s’accumulent : contre Strasbourg, Fabregas a perdu un ballon dans sa surface qui a mis son équipe K.-O. À Dijon, Fodé Ballo-Touré l’a imité. Des erreurs qui trahissent un malaise global et cette impression, celle que rien n’est épargné à cette équipe. Malgré d’indéniables références.
"Ces joueurs-là ont de la qualité, ils sont armés, assurait Franck Passi qui a assuré l’intérim entre Jardim et Henry. Ils ont juste besoin d’un petit déclic."
Sauf qu’ils ne font que prendre des claques.