Manchester United et Liverpool, destins croisés
Le bateau des Red Devils coule tandis que celui des Reds de Liverpool navigue avec le vent dans le dos.
- Publié le 18-10-2019 à 15h09
- Mis à jour le 18-10-2019 à 15h20
Le bateau des Red Devils coule tandis que celui des Reds de Liverpool navigue avec le vent dans le dos. La situation des deux "Reds" d'Angleterre est diamétralement opposée. Les Red Devils de Manchester ne parviennent pas à insuffler une dynamique positive tandis que les Reds de Liverpool sont devenus une référence en Premier League. Plusieurs raisons expliquent l'échec de l'un et la réussite de l'autre.
Manchester United peut-il revenir de l'enfer ?
United est face à la peur du vide. Ce sentiment existe depuis le départ de Sir Alex Ferguson lors de la saison 2012-2013. Depuis la retraite de l’Écossais, tous les entraîneurs se sont plus ou moins pris les pieds dans le tapis. David Moyes, Louis Van Gaal, José Mourinho et désormais Ole Gunnar Solskjaer, tous ont été ou sont dans le dur. Le vrai problème de United réside dans son manque de continuité et de patience. Le Néerlandais sortait d'une probante Coupe du Monde avec les Pays-Bas lorsqu'il débarque en 2014 mais ne sera resté que deux ans à Manchester après une expérience contrastée. Ensuite, le board engage José Mourinho. Le Portugais est un gage de trophées quasi immédiat. Il a notamment gagné l'Europa League ou la Cup mais il ne reste jamais plus de trois ans dans un club. Après une série de mauvais résultats, le Special One se fait virer et Manchester doit à nouveau bâtir sur des ruines.
Pour revenir sur le devant de la scène, les dirigeants misent sur un jeune aux dents longues et qui connaît la maison sur le bout des doigts: Ole Gunnar Solskjaer. Après un début de campagne résurrectionnel, avec huit victoires en autant de rencontres, le Norvégien rentre dans le rang. Il parvient tout de même à éliminer le PSG de façon miraculeuse en huitième de finale de Champions League. Ce match restera son petit trophée à lui. Dans la foulée, il signe un contrat en tant que coach principal pour une durée de trois ans. Depuis ? Le désert ou presque. Il tourne désormais à une moyenne de 1.14 point par match après sa nouvelle signature contre 2.32 avant. Depuis le début de la nouvelle campagne, c'est une équipe en crise identitaire souffrant d'un manque cruel de confiance et surtout d'expérience qui végète à une très inquiétante douzième place.
Quelles sont les causes de cet échec depuis le départ de Ferguson ? Certainement pas les dépenses ! Entre 2013 et 2019, les Mancuniens sont les deuxièmes plus dépensiers du Royaume (juste derrière Manchester City). En six ans, United a cassé sa tirelire pour 1.13 milliard d'euros et 137 joueurs recrutés. Cet argent a clairement été mal dépensé. Les flops se sont succédés sur la pelouse d'Old Trafford. Entre Fred (60 millions), Lindelöf (35 millions), Bailly (38 millions), Mkhitaryan (42 millions), Schneiderlin (35 millions) ou encore Memphis Depay (34 millions)... la liste est très longue.
Autre cause de la débandade mancunienne: le dernier mercato. Le club s'est renforcé en défense pour des prix que seuls les "pigeons" de Premier League peuvent dégainer. Maguire a coûté la bagatelle de 87 millions d'euros tandis que Wan-Bissaka, avec une seule saison dans les jambes à Crystal Palace, est arrivé pour 55 millions. A côté de cela, Man Utd a perdu Lukaku pour 65 briques et Sanchez pour un prêt payant à l'Inter Milan, sans réellement les remplacer. Daniel James est arrivé et possède énormément de qualités, mais il n'a pas l'expérience nécessaire, du haut de ses 21 ans, pour porter l'équipe.
Avec cette situation chaotique, comment faire pour revenir au niveau de ses concurrents ? L'entraîneur norvégien compterait une fois de plus miser sur le portefeuille de ses dirigeants selon les médias anglais. Le Daily Mail pense que Manchester United aurait jeté leur dévolu sur pas moins de 5 joueurs. Moussa Dembélé (Lyon), Mario Mandzukic (Juventus), Saúl Ñiguez (Atlético) ou encore James Maddison (Leicester) seraient ciblés. Malgré les résultats en dent de scie, Solskjaer semble hermétique à la pression. Il a déclaré pour Sky Sports: "Nous planifions sur le long terme, j’ai un contrat de trois ans. On m’a confié le poste, et si vous perdez un match ou deux, vous n’attendez pas de recevoir un coup de fil pour qu’on vous donne des garanties. Mais nous avons commencé avec un plan, et un plan de recrutement est en place. Je suis sûr à 100% que nous avons la bonne organisation, car c’est le manager qui a toujours le dernier mot." En attendant, dimanche, celui-ci pourrait déjà jouer son avenir dans le choc face à Liverpool, surtout en cas de défaite.
À Liverpool, la résurrection porte un nom: Jürgen Klopp
Sur les bords de la Mersey, la vie est beaucoup plus tranquille. Porté par un trio Firmino - Salah - Mané qui aura coûté 120 millions d'euros (moins que Maguire et Wan-Bissaka réunis!), Liverpool semble tout simplement imbattable. Meneur solide de Premier League avec un 24 sur 24, les Reds abordent le derby de dimanche avec sérénité. Malgré les apparences, tout ne fut pas rose non plus pendant plusieurs saisons pour eux. Un petit retour en arrière s'impose.
En 2014, Brendan Rodgers hisse son équipe à la seconde place et aurait même pu prendre le titre sans cette saleté de glissade de Steven Gerrard. Personne ne se remettra réellement de cette boulette de l’emblématique capitaine. Encore moins l'entraîneur, qui galère la saison d'après et finit par se faire limoger en octobre 2015. Pour le remplacer, Liverpool jette son dévolu sur un acteur bien connu de la planète football: Jürgen Klopp. A partir de là, plus rien ne sera comme avant pour les Reds. Glissade ou non.
Pourtant, les débuts ne sont pas idylliques et l'Allemand ne fait guère mieux que son prédécesseur. Il finit à une huitième place sans qualification européenne lors de sa première année. Ensuite, pendant deux saisons, il pose les bases de sa méthode et impose son incroyable personnalité à son groupe qui termine deux fois quatrième de PL. L'ancien du BVB est également battu en finale de Champions League face au Real Madrid qui vient d'enchaîner trois trophées de suite dans la compétition. L'an dernier, la phase d'expérimentation est terminée et l'équipe de Klopp est rodée. La suite est démentielle et les Reds agissent tel un raz-de-marée. Victoire en LDC et deuxième en championnat avec un total de 97 points. Du jamais vu depuis la création de la Premier League à 20 équipes en 1992 ! Cette saison part sur les mêmes bases.
Qu'est ce qui explique une telle réussite ? Tout d'abord, la crise a été beaucoup mieux gérée que son rival mancunien, tout simplement. Au lieu de prendre un entraîneur sur le court terme, les Reds ont misé sur Kloppo et voient sur plusieurs années. Liverpool a un projet et les clés du camion sont remises à un seul et unique homme: Klopp. Ensuite, le rival d'Everton a parfaitement su exploiter le marché des transferts. Pendant plusieurs saisons, leurs meilleurs joueurs partaient pour d'autres clubs plus huppés. En effet, Suárez était parti au FC Barcelone (85 millions d'euros) et Raheem Sterling chez l'ennemi juré Manchester City (65 millions). Grâce à cet argent amassé, ils achètent Roberto Firmino, Sadio Mané et Mo Salah. Leur attaque est rodée pour plusieurs années
Paradoxalement, c'est un départ qui va faire entrer le club dans une autre dimension: celui de Coutinho au Barça pour 145 millions d'euros. Deux postes clés manquent encore à l'effectif avec un gardien de renommée internationale et un défenseur qui offre de la sérénité aux autres. Liverpool met le paquet et offre à l'Allemand le Brésilien Alisson (60 millions) et Van Dijk (85 millions). La suite, on la connaît: le premier est une référence à son poste, tandis que le second est devenu le meilleur défenseur du monde. Bref, quasiment tous ces joueurs sont des réussites et adhèrent parfaitement au projet du coach. Aujourd'hui plus personne ne souhaite quitter le navire. Pourquoi ? Parce que Liverpool est sur le toit du monde. A l'inverse de Manchester United, qui ferait bien de s'inspirer de son ennemi juré pour remonter la pente.