Le crépuscule de "Robéry"
Franck Ribéry et Arjen Robben effectuent ensemble leur dernier tour de piste européen au Bayern Munich. Après plus d’une décennie de succès.
- Publié le 19-02-2019 à 14h26
- Mis à jour le 19-02-2019 à 15h36
Franck Ribéry et Arjen Robben effectuent ensemble leur dernier tour de piste européen au Bayern Munich. Après plus d’une décennie de succès.
Ribéry a encore de l'appétit
Le Français pourrait même débuter vu les doutes planant autour de Kingsley Coman. L’homme s’est drapé dans un voile de mystère, quelque part entre incompréhension et polémique. Le joueur, lui, force évidemment le respect. La semaine passée a marqué un virage dans la communication de Franck Ribéry.
Pour la première fois depuis 2014, le Français est sorti de son silence pour s’exprimer dans la presse de son pays, loin, très loin des tensions qui avaient pu apparaître et qui l’avaient même poussé à une époque à répondre en allemand aux questions posées dans sa langue maternelle.
À l’instar de son compère Arjen Robben, le complice de Daniel Van Buyten sait que la fin se rapproche. Mais lui peut l’aborder avec plus d’appétit, loin de l’infirmerie que le Néerlandais squatte. Il combat aussi l’idée d’un déclin et se montre décidé à tout faire pour voir son contrat qui s’achève prolongé d’un an.
Et si le directeur sportif Hasan Salihamidzic avait fermé la porte à une telle éventualité à l’automne, Karl-Heinz Rummenigge l’a rouverte la semaine dernière : "Nous avons avec et, grâce à lui, vécu des années exceptionnelles. Il a eu beaucoup d’impact dans nos titres. Nous allons discuter avec son entourage, il fait pour l’instant une bonne saison."
"J’ai cette force, j’ai envie. J’aime encore jouer, prendre du plaisir, je ne suis pas blasé" , a clamé le Français dans L’Équipe la semaine dernière lors d’une interview remarquée en forme de testament.
"J’ai passé un tiers de ma vie à Munich, plus des deux tiers de ma vie professionnelle, cela veut dire quelque chose, c’est très fort. J’ai écrit mon histoire avec la puissance du Bayern derrière moi. La spirale de la victoire m’a poussé. Si on arrive à être champions cette saison, je serai le seul joueur de l’histoire du Bayern avec neuf titres de Bundesliga" , explique-t-il au journal français. En précisant ensuite : "Il y a une vraie histoire d’amour entre nous. Le Bayern et Ribéry, c’est un couple. Dans le foot business, c’est de plus en plus rare de trouver cette fidélité. C’est aussi ma fierté. Mais j’ai toujours fait l’unanimité au Bayern. Je sais que j’incarne ce club comme Uli Hoeness ou d’autres grands avant moi. Je ressens aussi ce respect dans le regard des gens."
Comme dans celui de son cadet de treize ans Kingsley Coman que Ribéry pourrait suppléer ce mardi soir et qui le disait très bien en fin d’année dernière : "Personne ne peut succéder à Franck Ribéry. Il n’y a qu’un Franck, personne ne sera jamais comme lui. Franck est un bel exemple."
Robben à l'arrêt
Blessé, comme trop souvent, le Néerlandais ne sera pas à Anfield.
Arjen Robben n’aura pas l’occasion de conjurer cette malédiction qui lui colle aux basques. "Si vous me demandez quel est le pire stade pour moi, c’est probablement Anfield" , a reconnu, pour The Guardian, le Néerlandais qui y a vécu trois éliminations en Ligue des champions, deux avec Chelsea en 2005 et 2007 et une avec le Real Madrid en 2009.
Le gaucher ne sera pas sur le terrain ce mardi soir. La faute, une nouvelle fois, à son corps qui l’a lâché. Sans prévenir. Sans donner trop d’indices non plus sur le mystérieux mal qui le ronge, lui qui, en une décennie à Munich, a tout de même manqué près de 160 matchs.
"C’est très, très frustrant. Nous avons tout essayé mais pour l’instant cela ne fonctionne pas. Malheureusement, c’est le problème, nous ne savons pas de quoi il s’agit. C’est vraiment très difficile. Deux fois, je suis quasiment revenu et il y a eu une rechute" , a-t-il confié à Bild.
Sa dernière apparition sur un terrain avait pourtant pris des airs d’enchantement. Le 27 novembre dernier, au plus fort de la crise qui secouait le Bayern, Robben avait sans doute sauvé en partie la tête de son entraîneur, Niko Kovac, avec un doublé dans son plus pur style contre Benfica, qui avait aussi propulsé son équipe en 8es de finale de la Ligue des champions.
Ce soir-là , sa spéciale avait encore fait des ravages dans la défense portugaise. Lui en sourit, après avoir répondu des centaines de fois à cette question sur l’efficacité de son mouvement.
"C’est quelque chose que je fais depuis des années et cela marche toujours" , a-t-il indiqué à The Guardian. "Si vous le faites au bon moment, vous surprenez les gens. La clef, c’est le timing, toujours."
Ce temps qui passe a pourtant de l’effet sur le Batave, devenu plus calme. Presque sage. Parce qu’il approche doucement mais sûrement de la fin.
Dans ce tour d’honneur, lui ne veut oublier personne. Et surtout pas Ribéry, avec qui, pourtant, tout n’a pas toujours été rose.
"Ces dix dernières années auraient été totalement différentes sans Franck. Nous avons réalisé quelque chose d’extraordinaire au club et je lui en suis très reconnaissant. Sans lui, cela aurait été différent" , a-t-il encore expliqué. Avant de lâcher sur sa longévité assez unique : "Parfois, on ne réalise pas. J’ai 35 ans maintenant, ce n’est plus très jeune, dans le football au moins. Je joue encore ailier dans l’un des plus grands clubs d’Europe, c’est quelque chose d’assez spécial."
Et qui s’apprête à prendre fin : son contrat ne sera pas prolongé. "Je continuerai à jouer aussi longtemps que je peux" , a-t-il lancé alors que son agent a démenti un départ au Japon. "Je suis curieux de savoir où je serai l’an prochain. Peut-être en Espagne, peut-être en Angleterre."
Histoire de refouler une dernière fois la pelouse d’Anfield et d’y vaincre cette malédiction.