L’AC Milan, déjà en quête de renouveau
Depuis le limogeage de Massimiliano Allegri le 13 janvier 2014, le club est en chute libre. Comment en est-on arrivé là ?
- Publié le 20-10-2019 à 13h55
- Mis à jour le 20-10-2019 à 13h58
Depuis le limogeage de Massimiliano Allegri le 13 janvier 2014, le club est en chute libre. Comment en est-on arrivé là ?
Difficile d’être supporter rossoneri depuis quelques saisons. Les fans du Milan AC sont, depuis cinq ans, dans une situation inconfortable en voyant les résultats sportifs et extra-sportifs de leur club de coeur. Le Milan est passé dans une phase de transition, depuis le rachat du club par le consortium chinois en 2017, avant d’arriver dans une phase de détresse. Mais avec tous les fonds injectés, difficile de comprendre totalement les raisons de cet échec. Tour d’horizon des problèmes internes de ce géant italien.
6 coaches ces 5 dernières années : 46 % de victoires
Être coach au Milan AC est un véritable parcours du combattant depuis Allegri (voir ci-dessous). Des grands noms et d’anciennes gloires du club se sont succédés sans obtenir les résultats escomptés. Les dirigeants ont fait confiance à des entraineurs inexpérimentés, idolâtrés par le public, comme Seedorf ou Gattuso en pensant que cela suffirait pour redresser la barre. Malgré un bon noyau, rempli de joueurs bourrés de qualités, les T1 n’ont pas su élever le niveau de groupe pour aller chercher des trophées. Seul un entraineur a réussi à s’en sortir à moitié : Vincenzo Montella.
Clarence Seedorf (144 jours en poste) – 50 % de victoires – 0 trophée
Filippo Inzaghi (372 jours en poste) – 35 % de victoires – 0 trophée
Sinisa Mihajlovic (301 jours en poste) – 50 % de victoires – 0 trophée
Vincenzo Montella (514 jours en poste) – 52 % de victoires – 1 trophée
Gennarro Gattuso (547 jours en poste) – 49 % de victoires – 0 trophée
Marco Giampaolo (111 jours en poste) - 43 % de victoires – 0 trophée
Consortium chinois…
13 avril 2017. La date d’un des plus gros tournants de l’histoire du club lombard. Rossoneri Sport Investment Lux, un groupe d'investisseurs chinois, rachètent le club pour 740 millions d'euros. Fininvest, la holding de Silvio Berlusconi, ancien chef du gouvernement italien qui a présidé l'AC Milan pendant 31 ans (NdlR : lors desquels le club milanais a remporté 29 trophées dont neuf Ligues des Champions) passe la main. La Chine entre petit à petit dans le milieu fructueux du ballon rond mais ne parvient toujours pas à bien s'implanter dans la capitale de la mode. Pour rendre l’aura et la visibilité d’un emblème comme Milan, cela passera par une stabilité organisationnelle des dirigeants et un meilleur recrutement. Acheter des noms, c'est bien. Mais c'est le collectif qui fera la différence dans les moments opportuns.
Stefano Pioli, le sauveur ?
L'entraîneur italien, qui a pour meilleur résultat une troisième place avec la Lazio Rome dans sa carrière de coach, a débarqué sur le banc d'une équipe bien malade.Treizième avant de jouer son match face à Lecce ce soir, Milan comptabilise 4 défaites pour 3 victoires en 7 matches. Un bilan ridicule auquel n'a pas survécu Marco Giampaolo, à qui il était également reproché de ne pas avoir créé un style de jeu. Même si Luciano Spalletti était le premier cité pour le remplacer, c'est finalement Stefano Pioli qui a eu le rôle. La situation problématique de Spalletti avec l'Inter, son ex-club qui lui doit encore ses indemnités de licenciement, a eu raison de lui. La direction milanaise a donc opté pour un plan B. Ce qui a déjà eu le don d'énerver les tifosi rossoneri qui souhaitaient déjà le départ du coach sans qu'il n'ait fait ses preuves.
Autant dire que l'histoire ne démarre pas de la plus belle des façons... Une fois de plus.
Les finances sont catastrophiques
Les années se suivent et se ressemblent pour le Milan. Le conseil d’administration du club a communiqué dans le courant de la semaine dernière les chiffres de la clôture des comptes du dernier exercice, période allant du 1er juillet 2018 au 30 juin 2019. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’était pas brillant.
146 millions d’euros de pertes, soit 20 M€ de plus que lors de son dernier bilan financier. Que peut-on dire de plus concernant ce gouffre financier ? Rien. Ces pertes record, montrent la mauvaise gestion des caisses du club depuis la reprise chinoise. Mais quand on entre dans le milieu du foot, difficile de ne pas se louper dans ses premières années de fonction… et ce même si on s’appelle Milan AC.
Pour aller plus en détails, ce triste record s’explique, entre autres, par une baisse globale des revenus, passant de 256M€ à 241M€. Sur la dernière saison, le Milan a par exemple enregistré moins de plus-value sur la cession de ses joueurs (12,5M€ contre 36M€ l’an dernier), moins de rentrées de sponsoring (-7 M€) et de billetterie (-1,5 M€). Ceci dit, les dépenses du club ont atteint 373 M€, soit 5% de plus que l’exercice comptable de l’an dernier, avec une hausse du coût du personnel (de 150M€ à 185M€).
Le fair-play financier autorise jusqu’à 30M€ de pertes sur une période de trois ans. Il faut donc redresser la barre et vite pour ne pas avoir de problèmes supplémentaires avec l’UEFA, qui a déjà refusé l’accès du club en Europa League cette année. Des joueurs comme Donnarumma ou Romagnoli pourraient partir en janvier pour faire rentrer des liquidités et équilibrer la balance du fair-play financier. Mais vendre ses cadres à mi-saison laisserait un énorme gouffre dans le vestiaire. Est-ce donc la meilleure option ?
Le sentier est encore long et sinueux avant de retrouver le chemin d’un Milan sain économiquement et sportivement. En quête de renouveau et de points, le Milan devra renouer avec la victoire face à Lecce (20h45) à San Siro.