João Cancelo, entre ombre et lumière
L'air de rien, "l'autre Portugais de la Juve" João Cancelo s'est érigé comme l'un des hommes-clés de la conquête du 35e Scudetto de la Vieille Dame.
- Publié le 10-05-2019 à 18h54
- Mis à jour le 12-05-2019 à 15h00
L'air de rien, "l'autre Portugais de la Juve" João Cancelo s'est érigé comme l'un des hommes-clés de la conquête du 35e Scudetto de la Vieille Dame.
Des raids ultra-rapides, une influence considérable sur le jeu, un passeport portugais. Non, on ne parle pas ici de Cristiano Ronaldo, mais bien de João Cancelo. Débarqué pour quarante millions d’euros l’été dernier, le latéral droit est l’un des principaux acteurs de la huitième saison d’une saga qui s’écrit toujours un peu plus en noir et blanc. Mieux, le Bianconero est carrément devenu l’une des références européennes à son poste. À coup de dribbles, de courses folles et de centres millimétrés.
Car c’est bien au niveau technique que le Portugais de vingt-quatre ans brille le plus. Avec 2,5 dribbles par match, il fait partie des meilleurs tripoteurs de ballon du Calcio. Et pour stopper les attaques adverses, c’est son sens de l’anticipation plus que le tacle brut qu’il utilise.
Bref, Cancelo est l’incarnation du latéral porté sur l’offensive et estampillé beau joueur. Autant dire que le gamin de Barreiro, cité sise non loin de Lisbonne, était fait pour la Juve, même si son goût pour l’attaque donne parfois quelques sueurs froides à Max Allegri, surtout quand, à gauche, Alex Sandro s’éclate également à l’avant.
Il n’empêche que, malgré le déséquilibre qu’il peut provoquer derrière, Cancelo est l’une des meilleures recrues de la Juve, rapidement pardonnée (et adoubée) par Giorgio Chiellini himself.
"Il travaille sur ce point et il apprend vite", déclarait le solide défenseur central à Tuttosport. "Il apporte tellement devant que ses oublis sont excusés."
Inter fauché
S’il y a bien un club qui ne se pardonne pas de l’avoir laissé filer, c’est l’Inter Milan. Nous sommes au cœur de l’été 2018, João s’est finalement imposé dans le couloir droit du 4-2-3-1 de Luciano Spalletti après des mois de galère, entre blessure et méforme.
Prêté par Valence avec une option d’achat de trente-cinq millions d’euros sur le dos, le défenseur est jugé trop cher par le club lombard. Il faut dire qu’il est dans le viseur des instances européennes à cause du fair-play financier et préfère miser sur… Radja Nainggolan. Cancelo n’est donc pas conservé, malgré son statut de meilleur latéral droit de la Botte.
Difficile de se planter plus : un an plus tard, le Portugais soulève son premier titre de champion d’Italie, après avoir bénéficié de toute la science de Spalletti pour découvrir la Serie A.
"Quand je suis arrivé en Italie, c’était un changement radical pour moi", explique le défenseur à DAZN. "Je venais d’Espagne, où l’accent est plus mis sur la technique, alors qu’ici, c’est la tactique qui prime. Le coach m’a énormément aidé en m’inculquant des concepts défensifs et je lui en suis reconnaissant. Cette expérience m’a permis de rejoindre la Juve, le meilleur club du pays."
La belle affaire…
Ligne droite
Il est vrai que si c’est en Liga qu’il explose en 2015, c’est lors de cette unique saison à l’Inter qu’il grandit, devient plus sûr défensivement et confirme tous les espoirs placés en lui depuis ses débuts pros à Benfica en 2014. Un club où il avait soigneusement gravi les échelons de l’académie, avant de filer juste après son accession à l’équipe première pour le club Ché.
Là-bas, il retrouve son compatriote Nuno Espírito Santo, qui donne un premier coup de boost à une carrière jusqu’à présent passée à écumer les terrains de D2 portugaise avec les Aiglons benfiquistes. Après avoir apprivoisé la vie au sein d’un club du top lors de sa première année, il devient titulaire à part entière pour les deux saisons suivantes.
Et même si Valence est dans le dur (cinq coachs utilisés pour deux douzièmes places en deux saisons, pas dingue pour un club qui compte Rodrigo ou Paco Alcácer dans ses rangs), Cancelo convainc tout le monde sur l’aile droite, y compris dans un rôle plus avancé. Ses armes ? Sa vitesse, cette façon de se projeter vers l’avant, son coffre physique et toujours cet amour du dribble qui rend fous ses vis-à-vis deux années durant.
Des atouts qui lui permettent d’être pisté par Barcelone, mais également de devenir international A, après avoir collectionné septante-cinq caps chez les jeunes, des U16 aux U21. À l’image de ses courses le long de sa ligne, il passe les catégories en mode premier de classe jusqu’à atteindre le Graal. Et à s’ériger comme l’un des futurs piliers d’une Seleçao qui prépare déjà l’après-Ronaldo.
Pas retenu pour le Mondial, il est cependant l’un des pions essentiels lors de la Ligue des Nations. Logique vu ses prestations haut de gamme avec la Juve, en dépit d’une sale blessure au genou et du retour de Mattia De Sciglio.
En une saison, il aura donc tout connu : le succès, un bobo, un titre et même une polémique sur fond de like intempestif sur des posts Instagram anti-Allegri. Lui crie à la "fake news", affichant son amour pour la Vieille Dame et son envie "d’écrire son histoire" au sein du club le plus titré d’Italie.
"Quand on s’entraîne avec des gars du calibre de Douglas Costa, Cristiano Ronaldo, Paulo Dybala ou encore Leonardo Bonucci, on ne peut que s’améliorer dans les aspects les plus perfectibles", déclarait-il récemment à DAZN.
Vu cette propension à se bonifier chaque année, on plaint les backs gauches de Serie A… ;