En Serie A, l'Inter est seul contre tous
Seul club invaincu après cinq journées de Serie A, le squad milanais impressionne par sa solidité défensive, mais pas que.
- Publié le 28-09-2019 à 14h09
- Mis à jour le 28-09-2019 à 15h25
Seul club invaincu après cinq journées de Serie A, le squad milanais impressionne par sa solidité défensive, mais pas que. Cinq victoires en cinq matches, un but encaissé, dix marqués, une première place et un petit matelas de deux points. Le bilan de la Juventus ? Non, celui de l'Internazionale. Autant on sentait que les Nerazzurri seraient les principaux concurrents de la Vieille Dame dans la course au scudetto, autant on ne s'imaginait pas voir la mue prendre aussi rapidement. Car après deux ans de 4-2-3-1 sous les ordres de Luciano Spalletti, c'est toute une nouvelle philosophie que le noyau devait intégrer. Ainsi que des nouveaux venus, à commencer par Romelu Lukaku, qui comme Stefano Sensi (Sassuolo) et Diego Godín (Atlético), n'a pas tardé à se fondre dans le 3-5-2 d'Antonio Conte.
Dès son arrivée à Milan, celui-ci a prestement retiré de douloureuses épines du pied intériste en sortant Mauro Icardi et Radja Nainggolan de son projet. Absents lors de la tournée asiatique, l'Argentin était alors en conflit ouvert entre la direction, tandis que le Belge a été refourgué à Cagliari. En tranchant rapidement et fermement la question, Antonio les yeux bleus a donc protégé son groupe, à commencer par Big Rom', dont la place était encore un peu plus assurée en attaque. Une façon aussi d'asseoir son autorité, lui dont le passé bianconero (il a raflé tous les titres possibles en tant que joueur, ainsi que trois championnats comme coach avec la Juve) aurait pu gêner.
Son charisme, sa rage de vaincre, ainsi que sa science du Calcio ont rapidement mis tout le monde d'accord à Milan. "Cette Inter est bâtie autour de lui", confirmait d'ailleurs Godín au journal Marca. "C'est la pièce centrale de ce puzzle. Il possède une forte personnalité et travaille sans relâche." C'est sans doute cette capacité à faire de ses hommes de véritables guerriers qui impressionne le plus dans le chef de l'Apulien. Une grinta, une façon de rassembler en un minimum de temps qui permet à l'ensemble de ses joueurs de s'arracher. Une condition sine qua non dans son foot à haute intensité. Un rythme élevé où le défenseur urguayen, arrivé libre de Madrid, dit devoir jouer plus avancé que par le passé, avec pour mission d'apporter le ballon devant le plus vite possible.
Sur le pré, les choses commencent tout doucement à se mettre en place. Si la préparation n'a pas forcément donné lieu à des étincelles, celles-ci sont venues petit à petit, également à la faveur d'un début de championnat abordable (le promu Lecce, Cagliari, puis Udinese). Le calendrier idéal pour peaufiner les automatismes dans un système flambant neuf pour les Lombards, qui ont pu compter sur les intégrations rapides et réussies de Lukaku (trois buts déjà, dont un lors du derby face au Milan AC) et Stefano Sensi.
À 24 ans, celui-ci est peut-être LA grande satisfaction. On n'avait pas trop peur de voir Lukaku et Godín, deux joueurs très expérimentés, s'imposer sous les ordres de Conte. Mais on savait moins comment le milieu de terrain italien allait s'en sortir, lui qui débarquait en prêt dans un grand club pour la première fois de sa carrière, après avoir il est vrai montré de bien jolies choses sous le maillot de Sassuolo. Audacieux (2,6 tirs et 2,2 passes-clés par match), habile passeur (51 tentatives et 86,7% de réussite dans le domaine) et pas avare d'effort à la récupération (1,6 tacle à chaque rencontre), l'international est en train d(e s)'étoffer le milieu de terrain déjà bien fourni de Conte.
Un coach qui ne tarit pas d'éloges envers celui qui a récemment été rappelé par Roberto Mancini avec la Nazionale. "Il connaît le football", expliquait le natif de Lecce après la rencontre remportée 1-2 face aux Sardes. "Je lui montre un truc et il comprend instantanément." Et il se révèle efficace, avec déjà deux buts, deux passes décisives et un péno provoqué (celui qui avait permis à Lukaku de marquer sous les cris racistes en Sardaigne).
Des états de services vraiment pas mal, auquel on peut ajouter ceux de Nicolò Barella, prêté par Cagliari et lui aussi déjà à l'aise, avec deux assists (dont celui qui amène au but de Lukaku dans le derby milanais) et une grosse activité. "C'est un joueur généreux, comme je l'étais, il respire l'énergie par tous les pores", disait Conte il y a quelques jours.
Un système revu de fond en comble, une défense qui n'encaisse pas ou presque (seul Cagliari a réussi à tromper Samir Handanovic jusqu'à présent et il n'y a que Bologne qui concède moins de tirs au but après cinq journées), une équipe plus joueuse qu'il n'y paraît (en tout cas plus que le Chelsea version Conte), l'Inter impressionne semaine après semaine, malgré le coup d'arrêt subi en Ligue des Champions, un match nul concédé face au Slavia Prague (1-1).
Mais n'allez pas dire à Antonio Conte qu'il est bien parti pour accrocher un nouveau titre à son palmarès ! "La Juve et Naples sont largement devant nous", affirme l'entraîneur avant le déplacement à la Sampdoria, où son équipe tentera de réaliser la passe de six. "Ce ne sont pas une ou deux victoires qui me feront changer d'avis. On a encore une marge de progression dans tous les domaines. Quand on change de coach, on change tout. Et regardez l'histoire de l'Inter: d'autres techniciens ont également remporté cinq rencontres."
De la prudence, donc, pour une équipe qui monte en puissance, mais semble en avoir encore sous la pédale. C'est dire si cette Inter pourrait encore frapper de sacrés coups cette saison si elle parvient à se montrer plus régulière tout au long de ses rencontres. Un simple péché de jeunesse ? Peut-être. Et logique, non, avec un coach qui refuse autant de viellir ?