Emery à Arsenal: la greffe a pris

Pour la première fois depuis 1995, un Manchester United - Arsenal va se jouer sans la présence sur le banc londonien d’Arsène Wenger. Mais quand les supporters des Red Devils restent plongés dans une forme de nostalgie cinq ans après la retraite d’Alex Ferguson, ceux des Gunners ont plus facilement tourné la page Arsène Wenger parti en mai dernier.

Que le Français, au contraire de l’Écossais, ne rôde pas en permanence à l’Emirates (il n’a assisté à aucun match de son ancienne équipe) joue forcément un rôle dans cette gestion de l’après. Comme le choix de son successeur, Unai Emery, qui avait surpris mais apparaît comme une réussite.

Si les deux défaites initiales contre Manchester City (0-2) à domicile puis sur le terrain de Chelsea (3-2) avaient fait craindre le pire, Arsenal n’a depuis plus perdu, en étant invincible depuis 19 matchs avec dans le dernier épisode de cette série à succès une victoire retentissante lors du bouillant derby contre Tottenham (4-2).

Un résultat qui porte la signature du Basque avec son coaching gagnant à la pause où il a remplacé Alex Iwobi et Henrikh Mhkitaryan par Aaron Ramsey et Alexandre Lacazette, le premier délivrant deux passes décisives, le second inscrivant le troisième but des siens tout en provoquant l’exclusion de Jan Vertonghen.

"Il a fait les changements quand nous en avons eu besoin, que l’équipe était menée 2-1 et nous l’avons vu avec sa volonté de changer à la mi-temps", a salué l’ancien attaquant des Gunners Ian Wright.

Cette manière de garder tout le monde sous pression, de faire fi des statuts comme lorsqu’il décide de se passer de Mesut Özil, qui lui avait été reproché à Paris où il s’était heurté aux ego des stars fonctionne cette fois dans un environnement fait de joueurs plus à l’écoute et au statut moindre.

"J’adore quand l’équipe passe avant le joueur. J’aime son côté impitoyable", poursuit Wright avant d’avouer : "Tout le monde dans l’environnement du club est positif à son égard et ce n’est pas facile quand vous savez à qui il a succédé. Les recrues qu’il a fait venir sont des réussites et il les a parfaitement intégrées."

L’adaptation express de l’Uruguayen Lucas Torreira, auteur du quatrième but lors du derby, en est la plus belle preuve, vu le niveau de performance de l’ancien milieu de la Sampdoria qui n’est pas loin d’être le meilleur joueur d’Angleterre à son poste. Où il côtoie deux autres éléments qui symbolisent la réussite d’Emery, l’international espoirs français Mattéo Guendouzi, bluffant par sa qualité de passe, et le transfiguré Granit Xhaka qui a retrouvé son meilleur niveau. Tout en bénéficiant aussi de la fin de la période d’adaptation d’Aubameyang.

Et tout ce collectif se fond dans un nouveau projet de jeu qui conserve les bases de l’ADN du club avec une volonté de repartir proprement de l’arrière tout en portant la griffe qu’Emery a su imposer avec un gros pressing et des projections rapides vers l’avant qui surprennent. "Je ne les pensais pas capables d’une telle performance avec autant d’énergie", a avoué Gary Neville.

"Arsenal était en chute libre, il fallait secouer les choses", a avoué le Basque dans Marca la semaine dernière, précisant ensuite : "De nos jours, il est très difficile qu’un technicien tienne 22 ans en poste. Il fallait bouger les meubles à tous les niveaux du club."

Ce que le technicien, qui a parfait son anglais en regardant la série à succès de la BBC Peaky Blinders, est parvenu à faire.