Comment ter Stegen est devenu le meilleur gardien du monde

Marc-André ter Stegen, pourtant dans l'ombre d'un Neuer qui ne lui arrive plus aux gants en équipe nationale, semble être le successeur tout désigné de Thibaut Courtois au titre de meilleur gardien du monde. Explications.

Comment ter Stegen est devenu le meilleur gardien du monde
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Marc-André ter Stegen, pourtant dans l'ombre d'un Neuer qui ne lui arrive plus aux gants en équipe nationale, semble être le successeur tout désigné de Thibaut Courtois au titre de meilleur gardien du monde.

Petit test : êtes-vous capables de citer du tac au tac les trois prédécesseurs de ter Stegen dans les cages du Barça ? Non ? Claudio Bravo, Victor Valdés et... Roberto Bonano ne vous en voudront pas. Pourtant, ce n'est pas faute d'y avoir évolué durant plusieurs années chacun. Mais voilà, au Barça, le gardien n'est pas roi. D'ailleurs, Valdés, le plus emblématique des portiers blaugranas de ce siècle, n'était pas le plus impressionnant à son poste.

Mais depuis, l'eau a coulé sous les ponts et le club a réussi à attirer ce qui se fait de mieux à cette position. Car aujourd'hui, c'est bien du meilleur gardien du monde que l'on parle en évoquant Marc-André ter Stegen. Démonstration.


Le plus titré en club (?)

S'il est difficile de comparer les qualités intrinsèques de ter Stegen, Oblak, Courtois, Alisson, Ederson et De Gea - ou même Buffon et Neuer pour les nostalgiques - il est possible de le faire avec leurs saisons et leurs performances en club. Il y a dix mois, Courtois attirait tous les projecteurs sur lui à l'occasion de son titre de meilleur gardien de la Coupe du monde. Cette année, il faudra sans doute chercher du côté de la Ligue des Champions et des cinq grands championnats pour trouver le gardien le plus décisif. Et avec tout le respect qu'on a pour Onana et Lloris, ils sont un cran en dessous du duo Alisson-ter Stegen qui s'opposait au Camp Nou ce mercredi soir.

Avec une Liga dans la besace et une sérieuse option prise sur la finale de C1, l'Allemand a désormais quelques longueurs d'avance sur le Brésilien. D'autant plus qu'il est loin d'être étranger aux succès du Barça en Ligue des Champions. Lors de cette demi-finale aller, ter Stegen a pris soin d'éteindre les velléités des Reds en détournant joliment des frappes enroulées de Milner et Salah à 1-0, sur lesquelles il semblait pourtant avoir la vue masquée. Contre ManU, il avait marqué les esprits en fin de double confrontation avec une parade de grande classe face à Alexis Sanchez. Et contre Lyon, il avait tenu la baraque dans un match aller décevant de son équipe (0-0), notamment sur une frappe surpuissante de Martin Terrier.

Le Barça pourrait même signer un joli triplé en cas de victoire face à Séville en finale de la Copa del Rey. Dans cette compétition, Ernesto Valverde a longtemps offert du temps de jeu à Jasper Cillessen, avant de confier les perches à ter Stegen à Santiago Bernabeu malgré le retour de blessure du Néerlandais. Comme si un Clasico était trop important pour être disputé sans l'un de ses meilleurs atouts. Et pour justifier ce choix, ter Stegen avait sorti ce qui ressemble à l'un des meilleurs matches de sa carrière. Le Barça s'était imposé 0-3 mais le Real n'avait jamais baissé les bras et aurait pu en inscrire facilement un de plus que les Catalans sans les miracles réalisés par l'ancien gardien de Mönchengladbach (où ter Stegen avait, un temps, été la doublure de... Logan Bailly).


Le plus complet

Bien sûr, il y aura toujours des gens pour affirmer que ter Stegen encaisse plus que d'autres. Alisson ne s'est retourné que 20 fois en Premier League cette saison et Ederson a encaissé 22 buts. En Liga, Oblak en est à 23 contre 32 pour l'Allemand... Oui mais voilà, la défense catalane est clairement celle qui est positionnée le plus loin de son propre but. D'ailleurs, ter Stegen est plutôt bon dans ses anticipations et dans l'appréciation des ballons délivrés dans le dos de son arrière garde. Il ne rechigne jamais à sortir de son rectangle pour éteindre un début d'incendie. Et quand il s'agit de construire le jeu, il est suffisamment à l'aise avec la gonfle pour assurer des relances courtes et propres, même sous pression. Après tout, n'est-il pas un attaquant refoulé à cause d'une technique de course jugée "étrange" par l'un de ses formateurs lorsqu'il avait 10 ans ?

ter Stegen est peut-être moins charismatique qu'Alisson, moins spectaculaire balle au pied qu'Ederson et moins fort sur sa ligne qu'Oblak. Mais qu'importe, il est sans doute le plus complet de la bande et c'est bien lui qui est désormais le grand favori dans la course à la Coupe aux grandes oreilles. Un trophée qu'il a déjà soulevé en 2014-2015, pour sa première saison en Catalogne, lorsque la C1 était avec la Copa del Rey ses seuls exutoires pendant que Claudio Bravo se chargeait du championnat. Ce statut de n°2 avait failli pousser l'Allemand à quitter le Barça juste avant que Bravo ne décide de partir à Manchester City.

Malheureusement pour lui, ter Stegen ne peut pas changer de nationalité aussi facilement que de club et il reste le n°2 derrière Neuer sous Joachim Löw. Son seul véritable fait d'arme avec la Mannschaft ? La Coupe des Confédérations remportée en 2017 après avoir aligné deux matches de poules, la demi-finale face au Mexique et la finale face au Chili (de Claudio Bravo, tiens tiens), au cours de laquelle il avait été désigné homme du match. En attendant, quand vous demandez à ter Stegen s'il n'est pas temps pour lui de prendre la place du calife, celui-ci répond simplement : "Bien sûr que non, dès que Manuel est là, il est le n°1. Il mérite beaucoup de respect et je pense que nous essayons tous de l'aider à être à son meilleur niveau". A toutes les qualités précitées, vous pouvez donc ajouter l'humilité et la volonté de ne jamais faire de vagues...


Une force tranquille

Même les grands gardiens peuvent parfois se déconcentrer. David De Gea a notamment connu une soirée cauchemardesque lors du match retour contre le Barça, en quarts de finale. ter Stegen a, lui aussi, fait des boulettes. Mais cette époque semble appartenir au passé et le garçon est désormais plus concentré que jamais. D'ailleurs, quand ESPN lui demandait en février dernier s'il était le meilleur gardien du monde, il répondait qu'il n'avait pas le temps d'observer ses concurrents alors qu'il joue lui-même tous les trois ou quatre jours.

Et quand il fut confronté à la citation de Victor Valdés qui avait un jour déclaré que les buts du Camp Nou étaient plus grands que les autres, à cause de la pression que représente la vareuse blaugrana, il ne se démonte pas : "Je comprends ce qu'il veut dire mais moi, je me sens bien ici et je suis heureux. Il n'y a pas plus de pression que dans un autre grand club. Mon astuce pour rester concentré pendant 95 minutes ? Je me parle, justement pour me dire de rester concentré." Quant à la pression du public, il s'en délecte : "Les sifflets venus des tribunes ? J'adore quand les fans essayent de vous mettre sous pression, c'est le meilleur... Et si je fais une erreur, j'essaye de la minimiser me concentrer sur le prochain ballon."

Une formule gagnante, visiblement...

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