City, l’an 1 après Kompany
Pour la première fois depuis 11 ans, Manchester City entame une saison sans Kompany, mais en bonne compagnie quand même…
- Publié le 09-08-2019 à 16h07
- Mis à jour le 10-08-2019 à 14h20
Pour la première fois depuis 11 ans, Manchester City entame une saison sans Kompany, mais en bonne compagnie quand même…
Durant l’été 2008, City avait entamé son premier marché dispendieux. Mansour bin Zayed Al Nahyan, plus connu sous le nom de cheikh Mansour, puissant homme d’affaires émirati, membre de la famille royale d’Abou Dhabi, se préparait à racheter le club mancunien au Thaïlandais Thaksin Shinawatra, qui n’avait pas réussi à redonner un titre aux fans des Skyblues, nostalgiques de l’époque des sixties, lorsque Bell, Summerbee, Lee et les Citizens collectionnaient les titres (Champion en 1968, Cup en 1969, Coupe des Coupes en 1970…).
Pour le premier mercato de la saison 2008/2009, Mark Hughes, le manager de l’équipe, avait reçu une enveloppe de quelque 100 millions d’euros, dépensés sur six nouvelles têtes : Robinho (Real) pour 43 M € ; son compatriote Jô (CSKA Moscou) contre 24 M € ; Shaun Wright-Phillips, chipé à Chelsea moyennant 11,2 M € ; Pablo Zabaleta (Espanyol) pour 8,5 M € ; Tal Ben Haim (Chelsea) - que l’on connut au Standard plus tard -, contre 6,4 M € ; et un jeune défenseur de 22 ans, actif à Hambourg, membre de l’équipe belge olympique, brillante à Pékin, mais déjà Diable depuis 2004 : Vincent Kompany, arraché au HSV pour 8,5 millions.
Au final, et malgré quelques retouches à 55 millions € lors du mercato d’hiver (Nigel de Jong d’Hambourg, Craig Bellamy de West Ham, Wayne Bridge de Chelsea, Shay Given de Newcastle et Gunnar Nielsen de Blackburn), City passe la saison dans l’anonymat de la Premier League (10e), son seul mini-fait d’armes étant un quart de finale de la Coupe de l’Uefa.
Le chèque Mansour
Mais cheikh Mansour, fort de l’argent du gaz et du pétrole, a les moyens de ses ambitions. Au fil de chaque mercato, il va construire une équipe pour briller.
Après 35 ans sans trophée, Manchester City remporte la FA Cup en 2011, sous Roberto Mancini. La saison suivante, le club, toujours entraîné par l’Italien, remporte la Premier League. À nouveau roi d’Angleterre en 2014, avec Manuel Pellegrini, le club mancunien va devenir insatiable dès 2016, et l’arrivée sur le banc de Pep Guardiola, arrivé du Bayern. Le Catalan reçoit les pleins pouvoirs, et les clés du coffre, pour bâtir une armada invincible. Une saison blanche plus tard, il en récolte les fruits : 7 titres (2 PL, 1 Cup, 2 Coupes de la League, 2 Community Shield) en un peu plus de deux campagnes, le dernier en date contre Liverpool, dimanche dernier. La première des 13 récompenses de cheikh Mansour sans Vincent Kompany…
Vince the Prince a marqué l’histoire de ManCity, avec 12 trophées, 320 matches joués, 20 buts marqués. Et s’il fut moins présent sur les pelouses ces dernières saisons, à cause d’un corps moins enclin à digérer l’intensité anglaise, captain Kompany a toujours mouillé le maillot, et répondu présent dans les moments importants. Comme lors du sprint final de la saison dernière, entre les Citizens et les Reds, avec ce but fantastique, ce tir de loin venu de nulle part qui termina sa course dans la lucarne de Kasper Schmeichel. Le goal du titre, assurément. Un ultime présent, lors de l’avant-dernière journée, son dernier match à Etihad Stadium, contre Leicester. Un sublime cadeau d’adieu. Pour faire oublier toutes ses galères physiques (17 matches de Premier League seulement la saison dernière), et quitter la maison par la grande porte, avec une nouvelle couronne d’Angleterre, suivie, une semaine plus tard, d’une dernière Cup, pour la route. Ultime prouesse d’une saison historique, d’un quadruplé monstrueux, pour une équipe, un entraîneur, un capitaine boulimiques !
Seule une consécration européenne manque au palmarès du Prince devenu King au Royaume-Uni. Une fêlure qui se ravive au souvenir cruel de cette demi-finale retour de mai 2016, lorsque le défenseur des Diables dut céder son brassard après sept minutes à peine, trahi par sa cuisse, laissant le Real filer vers la finale, et la Coupe aux grandes oreilles…
City a désormais fait le deuil d’une image : Vincent Kompany ne sera jamais son premier capitaine à soulever la Ligue des champions. Tant pis, même si ses supporters ne se lassaient pas de voir le Diable rouge brandir leurs trophées. Le Bruxellois est rentré à la maison, celle qui l’a vu naître au football. Au RSCA. Et comme à City, Vince doit composer avec des maux, de tête cette fois, pour que la mayonnaise mauve prenne, et que le Sporting retrouve la frite. Pas encore gagné…
À quand un festin européen ?
ManCity composera sans captain Kompany. À l’aube d’une saison durant laquelle le club doit enfin obtenir une consécration continentale. Le Roi d’Angleterre depuis deux saisons a mal vécu sa mise à l’écart du dernier carré de la C1 2018/2019, bouté hors d’Europe par un autre sujet de Sa Majesté, Tottenham. Douze mois après avoir été brexité, au même stade de l’épreuve, par d’autres British, Liverpool. Ceux-là mêmes qui ont ajouté une étoile à leur maillot, en mai, dans une finale de Ligue des champions 100 % anglaise. Sans City ! Sans Guardiola !
Car Pep est en manque. Sa dernière C1, il l’a croquée en 2011, déjà. Et quand on a, comme le Catalan, goûté à trois succès en Ligue des champions, toutes avec le Barça (1 comme joueur, 2 comme entraîneur), on aspire à remettre le couvert. Le tacticien espagnol a plaqué le Bayern en restant sur sa faim, sans la cerise continentale sur son Bavarois. Il ne quittera pas la table mancunienne sans festin européen. Même sans Kompany. Car quand on est à la tête d’un effectif évalué à plus d’un milliard d’euros, on n’a pas les yeux plus gros que le ventre…