Bundesliga : Julian Brandt, le trophée du Bayer Leverkusen
L'ailier du Bayer Leverkusen continue de monter calmement en puissance en Allemagne.
- Publié le 10-03-2019 à 09h07
- Mis à jour le 10-03-2019 à 12h14
L'ailier du Bayer Leverkusen continue de monter calmement en puissance en Allemagne.
Mardi 5 mars 2019. L'Allemagne vit un véritable coup de tonnerre. Joachim Löw, son sélectionneur, déclare qu'il ne convoquera plus Jérôme Boateng, ni Mats Hummels, ni Thomas Müller. Méforme, âge qui avance, les trois stars du Mondial 2014 s'arrêtent donc là avec la Mannschaft version Löw.
Cette annonce couperet a au moins un mérite : ouvrir la voir pour Julian Brandt sur les ailes, lui qui cumule déjà vingt-trois sélections à vingt-deux ans seulement (il est né le 2 mai 1996 à Brême). Moins médiatique que Julian Draxler, Leroy Sané (à qui il "pique" la place pour la Coupe du monde 2018), voire Serge Gnabry, le joueur du Bayer n'en reste pas moins l'une des briques essentielles sur lesquelles le coach aux grandes facultés olfactives doit rebâtir une équipe digne de son rang. Premier signe que le jeune Brandt compte à ses yeux : il a récupéré le numéro 10 de Mesut Özil.
Löw n'est pas le seul à adorer le profil rapide et technique du jeune Julian. Rudi Völler le considère même comme l'un des joueurs "les plus talentueux du foot allemand" au moment de son recrutement au Bayer, en 2014. Logique, le moustachu le plus célèbre d'Allemagne fait partie du board du club. Mais il n'y a pas que ça. L'intérêt du Bayern à peu près chaque année depuis 2016, ou encore de Liverpool plus récemment, ce garçon doit avoir un truc...
Pur produit allemand
Cette arrivée pour que dalle en provenance des jeunes de Wolfsburg se mue vite en coup de génie de la part des dirigeants du club. Lancé dans le grand bain en février 2014 (il n'a que dix-sept ans !), il profite de ses premiers mois chez les pros pour prendre ses marques sur les ailes, planter ses premiers buts, distribuer ses premiers caviars et surtout marquer les esprits. Rapide, Habile, vif face aux défenses, polyvalent, ce grand fan de Diego (peut-être a-t-il croisé le Brésilien durant ses années au VFL ?) fait bonne impression pour un bleu.
Mais Leverkusen est bien paré sur les flancs. Heung-min Son, Karim Bellarabi, Roger Schmidt a de quoi faire et Brandt doit se contenter d'apparitions lors de la saison suivante. À dix-neuf ans, ce n'est peut-être pas plus mal. D'autant plus que le meilleur reste à venir.
Un podium et une accélération
Régulièrement appelé chez les Espoirs allemands, il est encore considéré comme trop vert pour vraiment réclamer une place de titulaire en puissance. Mais le premier moment charnière de sa jeune carrière a lieu lors du deuxième tiers de l'exercice 2015-2016. Admir Mehmedi, le successeur de Son sur la gauche, convainc de moins en moins. Tout profit pour Brandt, qui lui prend sa place dans le 4-4-2 du Bayer, après avoir rempli un rôle plus axial. De là, il peut utiliser sa vitesse pour revenir sur son bon pied, afin d'aider ses potes ou tenter sa chance tout seul
Résultat ? Six buts et cinq assists dans les dix dernières journées. Et une place sur le podium en prime pour le club. D'autant plus solide qu'à moins de dix journées de la fin du championnat, son équipe ne pointe qu'à une maigre huitième place !
Conséquence directe de ses perfs de haut vol, il figure dans la pré-liste de Löw pour l'Euro 2016. Il n'est malheureusement pas retenu. En guise de lot de consolation, il s'envole pour les Jeux Olympiques de Rio, où il revient avec l'argent autour du cou, suite à une douloureuse défaite aux tirs au but face au Brésil de Neymar et Marquinhos.
Les lendemains sont plus difficiles. Leverkusen ne confirme pas, et laisse Brandt un peu seul dans une équipe qui ne tourne plus. Il conserve néanmoins sa place sur l'aile gauche et ne quitte pas le radar de son sélectionneur, qui lui donne sa chance en Coupe ds Confédérations. Il est même pisté par le Bayern, toujours prompt à piquer le talent chez ses voisins. Mais le petit prodige ne cède pas aux sirènes bavaroises et reste à la BayArena. Enfin une victoire pour Neverkusen, le club qui ne gagne jamais rien...
Un mec discret
Une importance en équipe nationale qui ne demande qu'à grandir, une influence grandissante au sein du Bayer de Peter Bosz (2,6 passes clé et près de quarante-six passes par match, records persos, déjà dix assists et sept buts cette saison), Julian Brandt est tout doucement en train de devenir une star.
Un terme qu'il abhorre. "Je n'aime pas parler de mes forces, mais plus de mes faiblesses, car quand j'évoque mes points forts, j'ai l'impression de me jeter des fleurs et je n'aime pas ça", expliquait-il dans Deutsche Welle. "Mon père me dit toujours : plus tu en dis sur toi, plus les gens ont de quoi t'atteindre. C'est mieux de s'exprimer sur le terrain et de faire profil bas."
Une quasi anomalie dans le foot moderne, bourrés d'egos 2.0 boursouflés. Mais qu'il le veuille ou non, Julian le discret va devoir se faire violence s'il veut franchir un cap dans sa carrière et remporter des trophées.