Barcelone, més que un bug ?
Favori à sa propre succession tant en Espagne qu’en Europe, le Barça connait un coup d’arrêt inattendu. Au point de relancer une Liga qui s’annonce plus indécise que prévu. Découvrez la chronique de la technicienne de surface.
- Publié le 23-04-2016 à 12h40
Favori à sa propre succession tant en Espagne qu’en Europe, le Barça connait un coup d’arrêt inattendu. Au point de relancer une Liga qui s’annonce plus indécise que prévu.
Guardiolesques. Voilà comment on pourrait qualifier les chiffres du Barça lors de ces dernières rencontres. Les Blaugranas ont même réussi à priver leurs adversaires du ballon durant 77 % du quart de finale retour de la C1 face à l’Atlético Madrid. Le tout avec un taux de passes réussies frisant les 90 %. Des proportions à peu près égales lors des matches face au Real Madrid, à la Real Sociedad et à Valence. Bref, tout semble aller pour le mieux au royaume de la passe et de la possession de balle.
Sauf qu’il y a hic. Frustrant comme un 500e but pour du beurre, capable de faire perdre son sourire de gosse insolent à Neymar : malgré cette plus grande dis, c’est bien le club catalan qui est resté à quai en Europe, incarnant ainsi la malédiction du vainqueur sortant. Et ce sont bien Messi et consorts qui ont vu leur rival au maillot immaculé salir l’hommage à Johan Cruyff, père de la nation footballistique de Catalogne.
En 2015, Luis Enrique avait réussi sa mission : refaire du Barça le meilleur club du monde, quitte à lui ôter cette touche de romantisme qu’il possédait sous l’ère Pep. Mais ces dernières semaines, le jeu produit a perdu de son efficacité, telle une montre molle de Dali. Cristiano Ronaldo aurait-il donc le pouvoir de briser un si bel édifice d’un seul coup de pied ?
Sainte Trinité et darwinisme
En dépit du talent stratosphérique de CR7, voir en lui le fossoyeur du FCB serait lui faire trop d’honneur. En effet, les chiffres (et les 5 défaites seulement en Liga) sont là pour le prouver : le Barça n’a pas totalement déraillé. Mais il est quelque part victime de ce qui fait sa force : ses individualités tout simplement trop fortes, trop voraces… Des atouts qui se remarquent également quand leur forme baisse d’un cran comme c’est le cas actuellement.
Face aux Chés, Enrique n’a pas fait le moindre changement. Par arrogance ? Peut-être. Mais cette absence de changements ne viendrait-elle pas également d’un banc tout simplement trop light par rapport aux titulaires ? Privé de foot durant plusieurs mois, Arda Turan peine à retrouver sa brillance rojiblanca; Sergi Roberto apparaît encore trop tendre pour se tailler une place dans le squad catalan; Aleix Vidal n’atteint pas encore la puissance de Dani Alvès; Thomas Vermaelen est trop incertain physiquement et Jeremy Mathieu fait du Jeremy Mathieu. Pas facile de se construire un banc quasi aussi solide que son onze type quand on possède les meilleurs joueurs de la planète quasi à chaque poste…
Le Barça et son 4-3-3, c’est l’inverse du cholisme prôné par Diego Simeone. Un système immuable, un onze vampirisé par une sainte Trinité MSN, un football tellement imprégné dans les gènes des pépites du club dès leurs débuts à La Masia qu’il confine au darwinisme footballistique, qui peut être fatal à ceux qui arrivent en cours de carrière sous les ors du Camp Nou. Une certaine rigidité qui peut avoir ses limites en cas de couacs.
Quand l’Atlético voit son football défensivement magistral se muer en nouvelle doctrine à la mode (elle-même condamnée l’an passé après l’élimination face au Real avant de prendre une revanche éclatante avec quasi la même animation) et les Merengues miser sur le clinquant de leur recrutement, le Barça reste lui fidèle à ses principes, quitte à devoir le payer sous forme d’un mois pourave quand ses individualités sont un peu en rade. Un mois qui arrive au pire des moments pour le club, qui va devoir aller chercher ce doublé Coupe-championnat avec force et élégance. Coup de pot : le propre des grands joueurs est de se réveiller aux moments où leur équipe a le plus besoin d’eux. Et les plus grands joueurs, c’est au Barça qu’ils évoluent…