Allegri, le charmeur italien qui séduit la Vieille Dame
La Juventus arrive à garder le rythme et décrocher les victoires dans un championnat où elle est souvent bousculée mais invaincue...
- Publié le 30-01-2019 à 07h16
- Mis à jour le 30-01-2019 à 08h12
La Juventus arrive à garder le rythme et décrocher les victoires dans un championnat où elle est souvent bousculée mais invaincue... Impressionnante. Tel est le mot qui vient à l'esprit lorsqu'on regarde la prestation d'ensemble des Turinois après la victoire face à la Lazio. Pourtant baladés tout au long de la partie dans le jardin du Stade Olympique de Rome, les hommes de Massimiliano Allegri ont fait ce qu'ils savent faire de mieux : faire le gros dos pour finalement l'emporter. Les changements apportés par Allegri en seconde période n'y sont pas pour rien. Ces victoires acquises sur le fil, dans des rencontres compliquées, sont d'ailleurs devenues une routine depuis le début de la saison. Mais encore plus que les autres années, la Juventus semble avoir franchi un palier : celui de la plénitude.
La formation italienne se distingue par ses onze points d'avance sur son premier poursuivant, le Napoli de Dries Mertens. Sur ses 21 matchs de championnat, la Juve l'a emporté à 19 reprises en ne concédant que 2 partages. Mais comment arrive-t-elle a suivre ce rythme effréné ? Vue d'ensemble sur une Vieille Dame qui, grâce à la gestion de son tacticien, parvient encore à séduire.
Arrivée houleuse mais réussie
Le tacticien italien pose ses valises dans le Nord de la Botte lors de l'été 2014. Il débarque notamment avec une pression négative imposée par les Tifosi turinois, lui reprochant son passé réussi avec l'AC Milan et son Scudetto de 2011 (NdlR : remporté notamment avec son homologue milanais, Gennaro Gattuso). Il arrive également après le départ de Conte, fils du club, ayant remis le club au sommet du foot national. Mais Allegri aura mieux fait que son prédécesseur, en plaçant les Bianconeri dans le gratin du foot continental en plus de ses exploits en Serie A. Le maître tacticien est parvenu à renverser la tendance. Et passer d'un statut de sous-estimé à désiré n'aura pas été facile pour lui.
La classe à l'italienne
Aux yeux du natif de Livourne, les succès ne font pas tout, loin de là. Il a d'ailleurs hésité à jeter l'éponge en 2017, après avoir subi les foudres du Real (4-1), lors de sa deuxième finale perdue en trois années en Ligue des Champions. "Je me suis demandé si j'arriverai à écrire le dernier chapitre de mon histoire à la Juventus", avant d'expliquer qu'il se nourrissait de l'apprentissage au quotidien. "C'est mon vrai plaisir dans la vie, j'aime aider les joueurs à progresser, qu'ils deviennent plus intelligents. Je sais que j'ai encore beaucoup à prouver et que j'ai encore beaucoup à apprendre".
L’entraîneur est une bête de travail, il faut le voir sur le banc en train de pousser des gueulantes à ses joueurs. Chaque détail est compté, au point où il gère le temps de jeu de son effectif avec minutie.
Tous les joueurs du noyau ont (et auront) l'occasion de montrer l’étendue de leurs capacités. Il sait pertinemment bien qu'il faut compter sur tous ses membres pour être performants sur tous les fronts. Car pour lui, la tactique ne paie pas tout le temps. "Le football devient trop théorique. J'entends parler de schémas, de ceci, de cela. Le football, c'est très simple... Sur un terrain, où tu joues avec les pieds et cours avec les pieds, ce sont les schémas qui l'emportent? Je pense qu'il faut un peu changer de perspective. Le rôle de l'entraîneur, c'est de mettre en place une organisation défensive. Le football est simple, ne le rendez pas compliqué." Vous comprendrez par ces mots que la défense est la clé d'un match selon lui. Comme on peut souvent l'entendre dans le milieu : "tant qu'une équipe n'encaisse pas, elle prend au moins un point."
En dehors des pelouses, c'est un coach humainement très proche de ses gars, qui ne fait pas de folie ni de frasque en parlant dans la presse. Son palmarès avec les Bianconeri est très clair depuis son arrivée lors de la saison 2014-2015 : 4 succès de rang en championnat, en Coupe, et 2 Supercoupe remportées. Il pourrait d'ailleurs filer vers un cinquième doublé consécutif. Les jeux sont pratiquement faits en championnat mais l'ogre turinois se rend ce mercredi soir à Bergame pour y défier en Coupe Timothy Castagne et l'Atalanta. L'équipe en forme du moment fait partie du cercle très privé (avec le Genoa) à avoir accroché la Juve en Serie A cette saison. La Vieille Dame possède la meilleure défense du championnat, les équipiers de Castagne la meilleure attaque... Il y aura donc match dans le match !
Homme d'honneur huppé et convoité
L’entraîneur italien a son bail qui court jusqu'en juin 2020. Mais sa prolongation pose toujours question. Elle sera analysée, notamment, au travers des résultats de son équipe en C1. Andrea Agnelli, président du club, mise tout sur la Coupe aux grandes oreilles. La signature de CR7 n'y est d'ailleurs pas pour rien… Les Turinois sont cités comme un de grands favoris pour décrocher l'Europe cette saison.
L'été dernier, les dirigeants du Real Madrid avaient approché Massimiliano Allegri pour succèder à Zidane... avant de se rabattre sur Julen Lopetegui, le flop espagnol, qui avait été limogé de la Roja quelques jours avant le début du Mondial. "J'ai dit non au Real Madrid parce que je m'étais engagé avec le président. Par conséquent, mon plus grand respect pour la Juventus et la parole donnée étaient les raisons pour lesquelles j'ai rejeté l’appel du Real Madrid, le plus grand club du monde et le rêve de chaque entraîneur."
Et l'intérêt de la Casa Blanca n'est pas anodin car les statistiques de l'homme fort sont exceptionnelles. Il n'y a, cette saison, pas meilleure équipe que la Juventus au niveau du ratio matchs/points. L'équipe du Piémont engendre 86 % de victoires en confondant tous les tableaux. Le Paris Saint-Germain et Man City complètent le podium. Reste plus qu'à savoir comment cela se passera sur la scène européenne car seule la vérité du terrain dictera la suite de sa carrière à Turin...