Robert Pires: "Unai Emery n’a pas voulu révolutionner Arsenal"
Ancienne gloire et désormais ambassadeur du club, Robert Pirès a livré à La DH ses impressions sur les Gunners.
- Publié le 03-10-2019 à 13h50
- Mis à jour le 03-10-2019 à 13h52
Ancienne gloire et désormais ambassadeur du club, Robert Pirès a livré à La DH ses impressions sur les Gunners. Actif à Arsenal de 2000 à 2006, élu 6e meilleur joueur de l’histoire des Gunners par les supporters derrières Henry, Bergkamp, Adams et Wright, auteur de 82 buts et 40 assists en 283 apparitions sous le maillot rouge et blanc, le champion du monde 98 et d’Europe 2000 Robert Pirès nous fait l’honneur de présenter le deuxième adversaire européen des Rouches.
Robert Pirès, comment jugez-vous le début de saison d’Arsenal ?
"On peut dire qu’il est bon. Unai Emery a reconstruit un nouveau noyau qui recèle de la qualité. L’effectif est plus large et donc compétitif sur tous les tableaux avec ce mélange de joueurs d’expérience comme David Luiz et de jeunesse avec un garçon comme Nicolas Pepe recruté pour 80 M € cet été."
Qu’est-ce qui a changé à Arsenal depuis l’arrivée d’Unai Emery en 2018 ?
"C’est surtout au niveau de la structure que le changement est perceptible. On accorde la confiance aux jeunes tout en les encadrant avec des joueurs chevronnés. Mais ce que j’apprécie tout particulièrement, c’est que le club ait fait appel à deux anciens de la maison : Freddie Ljungberg en tant que T2, qui aide énormément Unai avec son expérience du club, mais aussi avec l’arrivée du Brésilien Edu au poste de directeur sportif."
Comment jugez-vous la première saison d’Unai Emery. Pas simple de succéder à Arsène Wenger.
"Dans l’ensemble, elle a été plutôt bonne, même si on a loupé l’accession à la Ligue des champions. Il y a bien eu cette finale d’Europa League perdue mais on a vu de belles choses. En arrivant, Unai savait qu’il avait la lourde tâche de faire oublier un monument du football mondial qu’est Arsène. Il a eu l’intelligence de ne pas vouloir révolutionner Arsenal, dont la philosophie, durant plus de 20 ans sous Wenger, a été de prôner un jeu attractif."
Qu’est-ce que Emery a apporté en plus ?
"La rigueur du Basque (rires) . Il est extrêmement exigeant avec ses joueurs. Il leur en demande énormément. C’est aussi un coach de contact, il aime parler avec ses joueurs, en être proche, savoir ce qui les tracasse."
En un peu plus d’un an, le visage d’Arsenal a bien changé.
"Ce n’est jamais facile et, comme dans tous les grands clubs, il faut un peu de temps pour que les résultats arrivent. Mais à Arsenal, du temps, on n’en a pas et je comprends alors l’impatience de nombreux fans. Mais il faut faire confiance au club, qui est en train de changer de visage."
Avant le mercato estival, vous aviez déclaré souhaiter qu’Arsenal dépense intelligemment, êtes-vous satisfait ?
"Le propriétaire a pas mal investi, notamment avec l’achat de Nicolas Pepe. Pour rivaliser avec les plus grands, il faut savoir délier les cordons de la bourse et cela a été fait cet été."
Vous auriez aimé voir Ousmane Dembelé arriver à l’Emirates ?
"Ah ! mais ça fait des années que je suis persuadé qu’Ousmane est fait pour Arsenal. Il y a eu une touche à l’époque lorsqu’il jouait à Rennes puis cela ne s’est pas fait."
Quel est l’objectif principal des Gunners cette saison ?
"Clairement aller chercher la qualif en Ligue des champions. On est armé pour le top 4 anglais. Unai et les joueurs le savent, le reste, c’est du bonus."
Comme une victoire finale en Europa League ?
"Il faut essayer d’aller la chercher. On a souvent tendance à dénigrer cette compétition mais c’est un prix européen majeur qui, en plus, vous offre une accession directe à la Ligue des champions. Les Gunners seraient fous de snober cette compétition."
Arsenal court après un titre national depuis 2004 et votre époque des "invincibles" .
"C’est évidemment beaucoup trop long et anormal. Arsenal est un grand club d’Angleterre, qui doit toujours se battre pour le titre, mais ces dernières saisons Manchester City et Liverpool sont un cran au-dessus. De candidat à la Ligue des champions, Arsenal doit redevenir candidat au titre."
Arsenal peut-il à nouveau revivre une épopée comme en 2004 ?
"Je le souhaite de tout cœur. Même si cela arrive encore un jour, il y aura toujours la nostalgie d’il y a 15 ans car ce qu’on a fait à l’époque, c’était énorme. La Premier League est un championnat extrêmement compliqué aujourd’hui, mais en 2004 la compétition était, à mon sens, bien plus ardue."
Quelles sont les forces de l’équipe actuelle ?
"C’est assurément sa ligne d’attaque. La puissance développée avec le jeu rapide et technique qui est le nôtre, c’est très impressionnant. Avec deux grands buteurs comme Lacazette et Aubameyang, on peut déstabiliser n’importe quelle défense. Depuis le début de saison, on a d’ailleurs déjà fait pas mal de dégâts."
"Arsenal a toujours l’image du beau jeu à la Wenger"
Il était évidemment inconcevable de ponctuer un entretien avec Robert Pirès sans évoquer celui qui a changé sa carrière, Arsène Wenger. "Il a contribué à l’image du beau jeu d’Arsenal. Il a changé le visage de ce club mais aussi de la Premier League. Il a été un des premiers à amener des étrangers en Angleterre. C’était une petite révolution à l’époque dans un championnat qui avait besoin de nouveautés. Cela a déclenché quelque chose."
Avec Wenger, Pirès n’a que de bons souvenirs. "Le plus fort, c’est évidemment la victoire finale en Premier League en 2004. C’était l’apothéose. Arsène avait rebâti le club et ce titre était l’accomplissement d’un travail colossal. À titre personnel, c’est lors de cette saison que j’ai atteint le sommet de mon football. Quand on parle d’Arsenal, on pense Arsène Wenger et ce n’est pas près de s’arrêter."
Toujours sans club, Arsène Wenger attend la bonne opportunité et, selon son ancien joueur, cela le démange. "Pour ne rien vous cacher, je l’ai eu en ligne il y a quelques jours et on en a parlé. J’ai senti qu’il était prêt à revenir. Un retour en Premier League ? Je ne pense pas que c’est imaginable. Je le verrais davantage en France ou en Espagne. Terminer en France, ça serait pas mal."
"On se méfie du Standard"
Selon le Français, les Londoniens ne comptent pas snober les Liégeois.
C’est forts de leur succès 0-3 glané à Francfort avec une équipe mixte que les Gunners reçoivent les Standardmen ce jeudi soir à l’Emirates. Le Standard, une formation sans doute pointée par les Anglais comme la plus modeste de ce groupe F. Robert Pirès, lui, ne voit pas les choses sous ce prisme.
"On vous connaît très bien. Le Standard a parfaitement débuté sa saison et joue le haut de tableau en Belgique. Les Liégeois ont presté à un bon niveau face à Guimaraes. Ce sera donc tout sauf facile pour nous. On se méfie évidemment du Standard. Le respect, c’est la base de tout. On n’est jamais à l’abri."
Lundi soir, les Gunners ont laissé pas mal d’énergie à Old Trafford, où ils ont partagé l’enjeu avec Manchester United (1-1), de quoi attendre une rotation ce jeudi soir ?
"Ce ne sera certainement pas le même onze de base, Unai procédera à des changements mais toujours en ayant le souci d’être performant", lance Robert Pirès. "Pour Unai, il n’y a pas de hiérarchie dans le groupe. Il sélectionne les joueurs en fonction de leur état de forme. Il ne faut pas croire que ceux qui n’ont pas joué lundi à Manchester seront déçus d’affronter le Standard. Je rappelle qu’il s’agit d’un match européen à enjeu. La force du coach espagnol, c’est d’avoir su fédérer son groupe. Tout le monde se sent concerné et les onze Gunners alignés ce jeudi soir donneront assurément tout. Il n’est pas du tout question de snober le Standard."
Pour le champion du Monde , les hommes de Michel Preud’homme auront des difficultés dans l’entame de match.
"Comme toujours, on essaiera de commencer fort en mettant la pression d’entrée. À la maison, on a cette volonté de faire mal à l’adversaire en se projetant vite devant. Quand Aubameyang joue, on doit le mettre sur orbite."
Lorsqu’on demande au Français comment le Standard pourrait s’y prendre pour perturber les Gunners, il lève un coin du voile. "Notre petit point faible, c’est notre repli défensif qui n’est pas assez rapide. Je sais qu’Unai est occupé à régler ce problème."
Titulaire au cœur de la défense liégeoise, Zinho Vanheusden aurait bien pu se retrouver dans le camp adverse.
"C’est bien le jeune défenseur central dont le nom a circulé chez nous, l’international espoir ?" questionne Pirès. "Si l’on s’est intéressés à lui, c’est qu’il en vaut la peine. Je sais que vous avez également vendu un joueur pour plus de 15 M € à Southampton, Djenepo. Il y a de la qualité chez vous."
"Kompany ? Joueur-entraîneur : il faut choisir"
Robert Pirès évoque le retour du Diable en Belgique ainsi que les Belges de Premier League.
Cet été aura assurément été marqué par le retour de Vincent Kompany à Anderlecht dans le rôle de joueur-entraîneur. Robert Pirès commente ce come-back ainsi que la situation d’autres Diables de Premier League.
Kompany : "Cela ne m’a pas surpris de le voir quitter City. Il est peut-être arrivé à un moment de sa carrière où, avec le temps, il a senti que cela devenait compliqué car le haut niveau est extrêmement exigeant. Il a eu cette opportunité de revenir dans son club de cœur. Après, sur le statut de joueur-entraîneur, je m’interroge. C’est tout de même délicat. Au bout d’un moment, il faut choisir car quand ça ne tourne pas rond, comme c’est le cas, c’est compliqué vis-à-vis des autres joueurs."
Nasri : "C’est une bonne chose qu’il soit chez vous. Quand on a encore l’envie, pourquoi ne pas aller aux Pays-Bas ou en Belgique ? Je ne vois pas le problème. C’est plus compétitif que la Chine."
De Bruyne : "Il est vraiment on fire pour le moment. Quand on analyse la Premier League, il fait partie des cinq meilleurs joueurs. Ce qui me fascine chez lui, c’est son aisance. Il n’est jamais sous pression, un régal."
Lukaku : "C’est dommage d’avoir quitté Manchester United dans ces termes. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé mais il ne devait plus se sentir aimé."
Hazard : "Qu’est-ce que je voulais qu’il choisisse Arsenal en 2012 (rires). J’avais dit : 40 M € pour Eden, c’est cadeau. Avec son départ au Real Madrid, la Premier League a perdu un de ses joyaux. La saison dernière, c’était le meilleur joueur du championnat. C’est un joueur extraordinaire. Ses débuts avec le Real ne sont pas terribles mais je ne suis pas inquiet car je sais qu’avec Zizou, ça va déboucher sur quelque chose de très bon."