Jorginho, le passe-partout de Chelsea
L'inépuisable milieu de terrain italien est l'une des pièces maîtresses du système de Maurizio Sarri.
- Publié le 08-11-2018 à 09h30
- Mis à jour le 21-12-2018 à 19h32
L'inépuisable milieu de terrain italien est l'une des pièces maîtresses du système de Maurizio Sarri.
Le Sarri-ball. Entre le football prôné par José Mourinho et celui ultra-tactique d'Antonio Conte, les supporters de Chelsea ont dû avoir un choc en voyant leurs joueurs développer un petit trésor de beau jeu sorti du cerveau d'un Italien à la dégaine de quinqua fleurant le tabac.
Si Eden Hazard endosse le rôle de danseur étoile, c'est bien Jorginho qui est le chef d'orchestre de ce 4-3-3 offensif terriblement bien balancé. Et toujours invaincu en Premier League. Première recrue de Sarri lors de son arrivée à Londres (près de 60 millions d'euros, tout de même), l'Italien de 26 ans (il est né le 20 décembre 1990 à Imbituba, ville côtière du sud du Brésil) culmine déjà à plus de cent passes par match et 91,3% de réussite dans ce domaine.
Sans posséder les stats du Diable rouge, ni cette espèce de mystique qui plane autour de N'Golo Kanté, la plaque tournante de Chelsea est pourtant bien ce médian au sourire carnassier et à l’œil affûté.
Jorgi do Brasil
Un passeport italien, mais une naissance au Brésil, le parcours de Jorge Luiz Frello Filho, aka Jorginho, est celui de ces oriundi, ces joueurs nés hors de la Botte mais possédant des ancêtres italiens. C'est un arrière-grand-père venu de Vicence qui lui permet d'endosser le maillot de la Squadra Azzurra. Une belle tunique bleue qu'il porte pour la première fois en 2016, avant de revenir en grâce quinze mois plus tard, lors du funeste barrage foiré contre la Suède.
Le choix de la raison, uniquement ? Pas sûr. Car l'Italie est un pays qu'il connaît bien, pour y avoir débarqué en famille à l'âge de quinze ans. Cap sur Vérone, où le Hellas se porte volontaire pour le former. Il faut dire qu'avec un talent qui saute aux yeux et un prix d'à peine 35 000 euros, les Gialloblú auraient tort de se priver...
Après une petite saison d'échauffement en quatrième division, il passe aux choses sérieuses en Serie B dès 2011. Sous les ordres d'Andra Mandorlini, le Hellas réalise des miracles et Jorginho prend de plus en plus d'ampleur comme pare-chocs au sein d'une équipe qui gagne son billet pour la Serie A en 2013.
Le coach se souvient de son regista. "Il me fait vraiment penser à Guardiola, assez fluet, mais bourré de qualités et il est tellement intelligent", explique-t-il au site internet ZonaCalcio. "J'ai été directement impressionné à Vérone et me suis opposé catégoriquement à sa vente." Bien joué : le Hellas le conserve et empoche finalement dix briques de la part de Naples, sept mois après une deuxième montée en trois ans.
Sarri le mentor
Passés dix-huit mois peu funky sous les ordres de Rafael Benitez, qui le fait peu jouer, Jorginho prend véritablement son envol grâce à Maurizio Sarri, tout juste arrivé d'Empoli avec sa clope au bec et son jeu de passes courtes.
C'est la révélation. Dans ce système de jeu, l'Italo-brésilien prend place entre un Allan chargé de faire le ménage derrière et Marek Hamsik pour apporter le danger devant. Il prend surtout une autre dimension. Élément sans grande envergure particulière avec l'Espagnol, il devient l'un des joueurs les plus importants du Calcio, passant de 48 passes par match à 103 ballons distribués par rencontre, faisant de lui le meilleur passeur des cinq grands championnats.
Un véritable regista qui s'inspire logiquement de la référence absolue en la matière : un certain Andrea Pirlo. "J'aime contrôler le ballon et analyser le jeu", explique-t-il à Sky Sports. "J'ai grandi en regardant jouer des champions comme Pirlo et Xavi. J'ai beaucoup appris d'eux." Belles références.
L'alchimie avec Sarri est totale. Il faut dire que le système proposé par le Maestro est fait pour Jorginho, qui peut faire apprécier son œil de faucon et sa précision diabolique dans le jeu court, parfait pour affoler les lignes adverses. "Jouer dans un milieu à trois sous Sarri s'est révélé fondamental pour moi", dit-il. "J'aime cette mentalité, ce style qui impose d'avoir sans cesse le ballon au sol, ce pressing constant vers l'avant, cette façon de devoir tout le temps imposer notre jeu à l'adversaire. Évidemment que cela met mes qualités en évidence et que cela me convient bien."
"Ce n'est pas un joueur très physique, mais technique", ajoute le coach au moment de la signature de son poulain à Londres. "Sa qualité première, c'est qu'il est vif d'esprit, donc, il possède cette faculté à faire circuler le ballon rapidement." L'amour fou.
Le grand Blue
Preuve que le lien qui unit les deux hommes est fort, l'Italien parvient à attirer le médian à Chelsea, qui sort pourtant d'une saison délicate, et alors que le Manchester City de Guardiola était aussi à ses trousses. Il l'avoue à ESPN, la présence de Sarri a sans doute influencé son choix.
Le passage du soleil campanien à la pluie londonienne ne change rien au style de jeu de Jorginho, qui cette fois s'appuie sur Kanté pour le couvrir défensivement. Toujours invaincu en championnat, l'international règne déjà sur le classement des passeurs et s'est même offert un record, celui du plus grand nombre de passes tentées sur un match. Le nombre ? 180. Stratosphérique...
Ah, si seulement Roberto Mancini pouvait trouver la solution pour lui faire atteindre le même niveau avec la Nazionale...