Francfort, un demi-finaliste en quête de second souffle
Dans le dernier carré la saison dernière, l’Eintracht peine aujourd’hui à être constant. Malgré cela, il boxe toujours une classe au-dessus du Standard. Démonstration point par point.
- Publié le 23-10-2019 à 10h59
Dans le dernier carré la saison dernière, l’Eintracht peine aujourd’hui à être constant. Malgré cela, il boxe toujours une classe au-dessus du Standard. Démonstration point par point.
Noyau : le plus gros transfert entrant moins cher que Vanheusden
L’Eintracht Francfort entre l’ogre Arsenal et le Vitoria Guimarães: les déplacements européens du Standard cette saison prennent une allure decrescendo. Une observation qui se confirme au regard de l’effectif allemand.
Après la pléiade de stars et de jeunes pousses prometteuses londoniennes et avant le groupe portugais méconnu du grand public, le noyau francfortois affiche un mélange assez hétérogène de joueurs d’expérience et d’espoirs, qui ne demandent qu’à s’émanciper après les départs coup sur coup de Luka Jovic (Real Madrid) et Sébastien Haller (West Ham).
Étant de loin les transferts sortants les plus chers de l’histoire du club, ces deux dossiers symbolisent le modèle de gestion à l’allemande. Achetés respectivement sept et cinq millions d’euros, les attaquants en ont rapporté 40 et 60 cet été, soit une plus-value de 88 millions.
À l’image d’un bon père de famille, les dirigeants de l’Eintracht n’ont pas mis dans le rouge la balance revenus-dépenses, sortant 59,5 millions euros pour renforcer l’équipe cet été. Un montant presque uniformément investi dans des joueurs comme Martin Hinteregger, Djibril Sow, Dominik Kohr, Bas Dost, Sebastian Rode et Dejan Joveljic. Les deux premiers étant les arrivées les plus onéreuses du club, estimées à neuf millions. Soit moins que le transfert le plus cher du Standard, signé cet été en la personne de Zinho Vanheusden contre 12,6 millions.
Sans oublier Daichi Kamada, loué par Saint-Trond la saison dernière et cinquième meilleur buteur de Pro League. Et surtout André Silva, prêté par l’AC Milan jusqu’en juin 2021. La pépite portugaise tarde à répondre à l’attente. Ses débuts tonitruants avec le FC Porto n’ont pas trouvé écho dans ses ports d’attache suivants. Un an après avoir déposé 38 millions, les Milanais l’ont prêté au FC Séville, pas davantage convaincu, puis à Francfort.
La location, une formule qui plaît, et qui réussit, à l’Eintracht. En attestent les cas Luka Jovic, Kevin Trapp et Filip Kostic. Ce dernier a explosé la saison dernière, avant d’être acquis à titre définitif cet été. Il est aujourd’hui le joueur avec la plus haute valeur du club, estimée par Transfermarkt à 38 millions. Près de trois fois plus que Zinho Vanheusden, joueur le plus évalué au Standard.
Un ratio qui se retrouve dans la valeur totale des noyaux, estimée à 216 050 000 millions côté allemand, contre 77 650 000 aux Liégeois.
Histoire: loin du top absolu, mais un trophée continental
Né un an après le Standard, le Frankfurter Fußball Club Viktoria vom 1 899 voit le jour au crépuscule du XIX e siècle et fut l’un des membres fondateurs de la Fédération allemande de football en 1900, dont le siège se trouve à un jet de pierre de la Commerzbank-Arena. À coups de fusions et de reconstitutions avec d’autres entités, de gymnastique et de rugby à XV notamment, le club prend son nom actuel d’Eintracht Francfort en 1968.
À cette époque, et pendant deux décennies, Francfort inspire le respect. Après son seul titre de champion d’Allemagne en 1959, il s’incline 7-3 contre le Real Madrid de Puskás et Di Stéfano en finale de la Coupe des clubs champions 1 960. Suivront trois premières coupes d’Allemagne en 1974, 1 975 et 1981, et surtout un trophée continental avec la Coupe UEFA en 1980, remportée contre le Borussia Mönchengladbach.
Après quelques années de galère, les Aigles se remettent en haut de l’affiche avec une Coupe en 1988 et plusieurs podiums en Bundesliga grâce à des joueurs de la trempe d’Andreas Möller, de Jay-Jay Okocha et d’Anthony Yeboah. Une fois parties, les stars vont laisser une équipe orpheline qui connaîtra sa première culbute en deuxième division en 1996 avant de faire l’ascenseur pendant une quinzaine d’années. La promotion en 2011-2012 reste la dernière à ce jour.
Depuis, l’Eintracht a remporté la Coupe et la Supercoupe d’Allemagne en 2018, lui permettant de connaître à nouveau l’ivresse des soirées européennes. Après un parcours parfait en poules contre Marseille, la Lazio et l’Apollon Limassol, il a sorti coup sur coup le Shakhtar Donetsk, l’Inter Milan et Benfica, n’étant éliminé qu’aux tirs au but par Chelsea, futur vainqueur.
Stade : Zidane y a mis la Seleção à la retraite
Après la bibliothèque, ou la cathédrale, de l’Emirates, le Standard s’apprête à découvrir une ambiance bien différente jeudi au cœur de l’Allemagne. Malgré le huis clos partiel infligé par l’UEFA à l’Eintracht, pour les débordements survenus lors du barrage contre Strasbourg en août dernier, il sera difficile pour les supporters liégeois de se faire entendre car il y aura du bruit à la Commerzbank-Arena. Comme souvent dans les stades allemands.
Ouvert en 1925, et depuis toujours maison de l’Eintracht Francfort, le stade a été plusieurs fois rénové. Le dernier ouvrage en date remonte à la période pré-Coupe du monde 2006. Entre 2002 et 2005, le stade avait été modernisé pour répondre aux standards du XXIe siècle. Multifonctionnel, il héberge des événements aussi variés que des concerts, des rencontres de football américain, le Monster Jam. En configuration football, il peut accueillir 51 500 supporters.
Autant de personnes qui avaient assisté à la pièce maîtresse de Zinedine Zidane avec l’Équipe de France. En quart de finale de la Coupe du monde 2006, les Bleus s’imposent 1-0 face au Brésil des Roberto Carlos, Ronaldo, Ronaldinho et consorts, tous “mis à la retraite avec une prestation magistrale” soulignait O Globo. Cette prestation, qualifiée de “récital de magie” par la Folha de Sao Paulo, est restée dans l’histoire du ballon rond. Ce match était de l’aveu de tous l’aboutissement de la carrière en équipe nationale de Zizou. Même le roi Pelé s’inclinera : “Zidane a été le magicien du match.”
Conservation du ballon, dribbles, gestes de génie : ZZ sort toute la panoplie pour son antépénultième match. Avec ce coup-franc déposé sur le pied de Thierry Henry juste avant l’heure de jeu pour offrir aux Français un billet pour les demi-finales, le seul assist de Zidane vers l’attaquant sur leurs neuf années passées ensemble sous la vareuse tricolore.
L’un des Liégeois s’inspirera-t-il de ce chef-d’œuvre ?
Des droits TV équivalents à toute la Pro League
12,5 millions d’euros de gains grâce à son parcours jusqu’aux demi-finales de l’Europa League la saison dernière. 70 millions issus des droits télévisés de la Bundesliga (soit à peine moins que les 80 que touchent tous les clubs de Pro League réunis). 100 millions cet été avec les transferts de Luka Jovic et Sébastien Haller. L’Eintracht Francfort se porte bien. Terminée la période d’incertitude qui l’avait vu alterner les saisons dans la zone rouge de la Bundesliga et celles passées dans son antichambre.
Stabilisé depuis plusieurs saisons dans l’élite du football allemand, le club de la Hesse a fait les choses dans l’ordre en progressant pas à pas pour éviter d’enchaîner promotions et relégations comme ce fut le cas par le passé. Géré à l’allemande, l’Eintracht a progressivement gonflé son budget qui atteignait, selon les estimations, les 125 millions d’euros la saison dernière, soit trois fois plus que le Standard. Avec les nombreuses rentrées financières enregistrées depuis lors, et un stade qui affiche pratiquement toujours comble, celui-ci a encore grandi cette saison.