Sergio Conçeicão se livre: "Casillas ou un jeune, c’est pareil pour moi"
Sergio Conçeicão s’est livré dans une interview exclusive à Proximus TV.
- Publié le 09-04-2019 à 07h06
- Mis à jour le 09-04-2019 à 09h51
Sergio Conçeicão s’est livré dans une interview exclusive à Proximus TV. À l’exception des conférences de presse d’avant ou d’après match, la parole de Sergio Conceição est plus que rare. Ou plutôt l’était. L’ancien T2 du Standard a systématiquement repoussé les demandes d’interviews venues du Portugal ou de l’étranger. Mais pour Proximus TV, pour son ancien coéquipier à Liège Karel Geraerts, le Portugais a fait une exception.
Le résultat est savoureux. Il sera à déguster avant le quart de finale aller de la Ligue des champions entre Porto et Liverpool que la chaîne diffuse. Et voici en avant-première un extrait de la conversation entre les deux anciens partenaires.
Sergio, tu es le plus jeune entraîneur à disputer un quart de finale de Ligue des champions…
"Je suis fier. Je suis content. Je suis venu ici l’an passé et on a pris une équipe en difficultés financières. On a pris les joueurs pour faire un bon groupe, une bonne équipe. On est arrivé en huitièmes l’an dernier. On a gagné le championnat. Cette année, la Supercoupe. Et là, on est dans les huit meilleures équipes pas d’Europe mais du monde. On peut parler du Real Madrid ou du PSG mais on est là-dedans."
Quelle est ta méthode ? Avant ton arrivée, Porto n’avait plus été champion depuis cinq ans…
"On a fait un trajet intéressant avec le même staff depuis 2012 […]. On est une équipe forte. On est exigeant, rigoureux. On travaille à 100 % tous les jours et on a des infrastructures fantastiques ici pour y arriver. C’est un ensemble. Beaucoup de gens travaillent très bien ici pour y arriver. On a fait des belles choses. On veut être champion et on verra contre Liverpool. On n’a pas eu une bonne expérience l’année passée. On va essayer cette année."
Tu évoques la saison dernière. Elle avait été marquée par ton choix de mettre Iker Casillas sur le banc. Vu de l’extérieur, ce n’était pas évident…
"Pour moi, c’était normal. Il n’y a pas de jeunes ou d’anciens. Ce sont des pros qui doivent se remettre en question tous les jours. Ce n’était pas une question de téléphone (NdlR : selon la presse portugaise, Casillas n’aurait pas respecté le règlement de l’utilisation des portables) . J’ai mis des règles en place dans le vestiaire. Je pensais que le deuxième gardien travaillait mieux qu’Iker. C’est le travail à l’entraînement qui me permet de faire l’équipe. Je ne suis pas un entraîneur qui résonne en fonction des matchs mais des entraînements. Un joueur doit gagner ma confiance aux entraînements tous les jours, pas aux matchs."
Ton choix a touché Casillas qui, derrière, a fait une bonne saison…
"C’est mon travail de le faire. Il a joué en fin de saison dernière, il a travaillé plus dur pour prendre sa place. La chose la plus importante, c’est le respect vis-à-vis des choix de l’entraîneur. Les choix de l’entraîneur se basent sur le travail, pas sur autre chose. Casillas ou un jeune, c’est pareil pour moi."
Casillas vient du Real. Militao va y aller cet été. Ce n’est jamais amusant de perdre un joueur. Quelle est la philosophie économique du club ?
"Quand je suis arrivé ici, il y avait les contraintes liées au fair-play financier. C’est une situation difficile pour un entraîneur qui ne peut pas acheter des joueurs. Maintenant, on est mieux parce qu’on a fait deux belles saisons en Ligue des champions, ce qui est bon pour les finances du club. Militao a une clause libératoire de 50 millions d’euros, on ne peut rien faire. Les grands clubs européens peuvent garder leur joueur et en acheter. On doit composer avec cela. On doit prendre un autre joueur. L’entraîneur doit également faire du business (rires) ."
Porto va vendre Militao pour 50 millions d’euros tout en jouant un quart de finale de Ligue des champions. Aucun club belge ne cédera un joueur à ce montant, encore moins avec de telles performances sportives. Votre réussite s’explique par votre scouting ?
"On travaille bien à ce niveau-là. C’est important de voir et de connaître des autres championnats pour trouver des joueurs. Militao a 20 ans et beaucoup de qualités. C’est un travail avec le scouting et le staff technique. On travaille déjà sur les profils les plus intéressants pour venir ici."
La différence est frappante avec la Belgique où Alejandro Pozuelo a été vendu 8 millions…
"On a de bons business men ici (rires) . Porto, il ne faut pas oublier, a déjà gagné deux fois la Ligue des champions. C’est un club historique. Barcelone, le Real et Porto sont les trois clubs à avoir été les plus présents en Ligue des champions. On a un crédit important. Hulk est venu, Pepe, Falcao. Beaucoup de joueurs talentueux. Cela donne du crédit."
Est-ce possible de gagner la Ligue des champions cette année comme Mourinho a pu le faire en 2004 ?
"On pense toujours de manière positive. Mais on a des équipes devant nous avec quatre, cinq, six, sept fois plus d’argent. Si tu me dis qu’on ne va pas accélérer, non. On va tout faire pour aller en demi-finale."
Accélérer, vous l’avez fait contre l’AS Rome au retour ici. Mais de manière intelligente…
"On doit être équilibré défensivement. Rome était malin. Tactiquement, c’était parfait. Mon équipe est jeune. Elle est compacte, rigoureuse défensivement. Le plus difficile, pour une équipe, reste de marquer. Il faut garder l’équilibre. Contre l’AS Rome, il y avait beaucoup de transitions entre la récupération du ballon et les projections vers l’avant. En attaque placée, il faut être fort tout en gardant notre équilibre défensif. On était très bien là-dessus. Et en termes de mentalité aussi. On a un bon équlibre entre expérience et jeunesse. On a très bien travaillé. Entraîneur, c’est comme un contrôleur aérien : c’est du travail à la seconde près. On doit être rigoureux dans le foot. Chacun a sa place doit savoir ce qu’il doit faire. Et il y a la mentalité. On affronte un adversaire qui a aussi de la qualité. L’esprit, la mentalité, c’est fondamental."
Ta mentalité était impulsive quand tu étais joueur. L’entraîneur que tu es est plus calme…
" (Rires) J’ai terminé ma carrière de joueur à 34 ans. J’ai bientôt 45 ans. J’ai pris de la maturité mais la manière de vivre la rencontre, mon travail, c’est la même chose. Je suis passionné. Je pouvais être plus impulsif avant. Avec l’âge, on prend de la maturité et c’est bien. Et le joueur doit être content (rires) ."
Du sergio dans le texte: "C’est ce que tu fais de ton talent qui est important"
Dans la famille Conceição, sur les cinq enfants, quatre jouent. Et Rodrigo, 19 ans, évolue à Benfica. En équipe réserve où il se montre très prometteur. Au point d’être le nouveau Messi comme le chambre Geraerts ? "(Rires) Il joue bien. Mais il va courir plus. Avec le ballon, il est bon. Mais sans le ballon, pour se replacer, ce n’est pas cela (rires). Il faut travailler. Il arrive à la maison et me dit : ‘papa, tu as vu mon but ?’ ‘Non, non, j’ai vu que tu ne t’es pas replacé derrière. Après avoir fait un centre, un bon geste devant, il faut ensuite te replacer’ ", explique le technicien avant de rappeler : "Le talent, c’est important mais ce n’est pas la seule chose qui compte. C’est ce que tu en fais. Il faut courir. Dans un match, maximum, tu as 2 minutes, 2 minutes 30 le ballon, peut-être 3 quand tu es Messi. Le reste du temps, il faut courir. Être en mouvement. Demander le ballon devant. Revenir fermer derrière et faire le travail. Tous les moments sans ballon conditionnent ton jeu avec le ballon. Et inversement. Tout est lié. On ne peut pas dissocier la phase offensive de la phase défensive. C’est important d’avoir du talent mais que faire de ce talent dans l’équipe ?"