Le grand retour de Divock Origi à Genk a sonné : "Son départ a été un coup dur"
Plongée dans les années genkoises de Divock Origi qui affronte pour la première fois son club formateur.
- Publié le 23-10-2019 à 08h08
- Mis à jour le 23-10-2019 à 08h09
Plongée dans les années genkoises de Divock Origi qui affronte pour la première fois son club formateur.
On l’imagine affilié à Genk dès son cinquième anniversaire. La force du nom, peut-être. Quand on s’appelle Origi au Racing, disons que les portes s’ouvrent d’elles-mêmes.
Mike, le paternel, gloire du championnat belge, n’a pourtant pas poussé son gamin à porter la même vareuse que lui. Pas directement en tout cas.
Vieux maillots de Genk
Divock est affilié au Park FC Houthalen, un petit club local à deux pas du domicile familial. Tout ce qu’il y a de plus normal sauf qu’il évolue déjà avec la tunique bleue des Genkois. Pas la plus récente mais les modèles dépassés que le grand club limbourgeois préfère céder à Houthalen plutôt que de les jeter.
Un signe, certainement. Quelques années plus tard, Divock a alors dix ans, il est repéré par un scout de Genk. "Et il insistait pour qu’on le recrute rapidement", se souvient Michel Ribeiro, entraîneur spécifique pour toutes les classes de jeunes à Genk et désormais actif à Kansas City.
Première impression : il est grand. Très grand. "À 10 ans, si tu fais une tête en plus que les autres, c’est un gros avantage", explique Roland Breugelmans, directeur de la formation. "Mais cela peut aussi fausser le jugement."
Meilleur que Lukaku
L’exemple de Romelu Lukaku est donné. Comme l’attaquant de l’Inter Milan, Origi était plus puissant que les autres "mais il faisait la différence grâce à sa technique", a analysé Peter Reynders, dans une ancienne interview. "Il était, dans cette optique, plus complet que Lukaku. Je le comparais à Zlatan Ibrahimovic. Un joueur longiligne mais extrêmement doué."
Origi est un grand talent du centre de formation. Ses responsables refusent de dire qu’ils se doutaient qu’ils feraient une telle carrière mais ils avaient de bons espoirs.
"Il a surtout fait un pas en avant quand il est passé sur un grand terrain à 11 contre 11", poursuit Breugelmans. "Il a vite progressé car il pouvait utiliser toutes ses qualités de vitesse. Il possédait un gros mix de qualités et avait eu le temps de s’adapter aux exigences d’un club de haut niveau."
Étonnamment, malgré sa taille, c’est dans les airs qu’il a le plus de mal. "Il a beaucoup bossé son timing et son jeu de tête", dit Ribeiro. "C’est un gros travailleur qui voulait toujours apprendre. Pour un grand, il était fort des deux pieds et allait vite. Il avait ce qu’on appelle le package total chez les jeunes."
Dans le jardin avec KDB
Genk a peaufiné son éducation technique et il a même pris de l’avance sur ses contemporains en sautant une classe. "Nous regardons les qualités plus que la taille", poursuit Ribeiro. "Et il n’apprenait plus assez face aux jeunes de son âge. On a dû le mettre une année plus haut. On ne savait pas qu’il deviendrait si fort. Dans sa génération, il y avait des gars comme Dennis Praet ou Yannick Carrasco. C’était très fort. Mais j’ai assez de vécu avec les jeunes pour savoir que parfois, plus que le talent, c’est la mentalité qui les fait devenir pros."
En plus des deux Diables précités, il côtoie aussi régulièrement Kevin De Bruyne. Le joueur de Manchester City était alors en famille d’accueil et jouait au foot dans le jardin avec Origi, de trois ans son cadet.
Mike Origi, un papa exemplaire
Le discours de Ribeiro trahit les espoirs qu’il avait mis en Origi. À plusieurs reprises, il parle de "son énorme potentiel". Il en était d’autant plus convaincu que sa personnalité correspond à celle d’un champion.
"En plus de son envie folle de réussir, il ne supportait pas de mal jouer. Un mauvais match l’énervait Il voulait toujours aller chercher plus loin."
Breugelmans se souvient, lui, d’un gamin bien. "Il est comme vous le voyez à Liverpool ou chez les Diables : gentil et bien éduqué. Il n’était pas dans l’exagération mais restait bien les pieds sur terre. C’était un gars normal qui ne planait pas."
Pour ses formateurs, il doit ce côté terre à terre à son éducation. Mike, son père, a toujours été là pour lui et le suivait partout. "C’était un enfant de la maison", sourit Breugelmans.
Et Ribeiro de poursuivre : "Mike était très présent. Il ne loupait rien. Ni entraînement ni match. Il était là, debout en bord de terrain. Il regardait, très attentif, mais ne disait jamais rien. Pas un mot."
Le coach le considère encore aujourd’hui comme un exemple à suivre par les parents. "Il était exemplaire. Il n’a jamais contredit un entraîneur. Sur le terrain ou en réunion. Il parlait à Divock à la maison et débriefait ses matchs mais il ne commençait pas à crier où il devait courir en plein match. Cette bonne méthode a eu un impact positif sur le joueur."
Man U et l’Ajax le suivaient
Genk a voulu au plus vite faire signer le joueur mais il n’avait que 15 ans. Avant la réforme, il fallait attendre le 16e anniversaire d’un joueur pour le mettre sous contrat. Ses performances ont, entre-temps, attiré plusieurs gros clubs comme Manchester United et l’Ajax.
C’est finalement Lille qui est parvenu à le convaincre. "Nous étions déçus car nous étions battus par le règlement belge", dit Breugelmans. "Les Français pouvaient le faire signer à 15 ans. Pas nous. C’est sans rancune car je reste fier d’avoir pu participer à une partie de la formation d’un tel joueur."
Même son de cloche chez Ribeiro. "Son départ a été un coup dur. J’en ai beaucoup parlé avec son père et lui avant qu’ils ne prennent une décision finale. Mais quand un joueur à quelque chose en tête… Sur le coup, c’est dur, mais dix ans plus tard, je suis content de notre collaboration et de ce qu’il a accompli à Lille et par la suite."