La nouvelle Ligue des champions n'est pas faite pour les Belges
La Ligue des champions sera chamboulée en 2024. Si le projet va dans le sens des grands, voici à quoi elle pourrait ressembler.
- Publié le 06-08-2019 à 15h14
- Mis à jour le 06-08-2019 à 15h58
La Ligue des champions sera chamboulée en 2024. Si le projet va dans le sens des grands, voici à quoi elle pourrait ressembler. Bruges entame ce mardi soir une mission compliquée : celle de rejoindre Genk en phases de poules de Ligue des champions. S’il y parvient, ce serait le quatrième coup double belge depuis 1993… et sans doute le dernier. Car d’ici quelques années, ce sera devenu presque impossible d’avoir deux Belges en phase de groupe. Et ce sera même probable de ne plus y voir de Belge du tout…
Un projet de réforme de la C1 est actuellement en discussion pour voir le jour lors de saison 2024-2025. Son but : en faire une ligue quasi fermée. Élu à la présidence de l’UEFA en 2016 en défendant l’intérêt des petites nations, Aleksandar Ceferin a bien été obligé de faire marche arrière. S’il ne réforme pas la Ligue des champions, les grands clubs s’en iront faire une Super League entre eux, sans l’UEFA…
À quoi ressemblerait cette future Ligue des champions ? Sur base des éléments concrets qui ont filtré du projet, nous avons dressé une projection de la liste des 32 équipes qui auraient participé à la nouvelle compétition si celle-ci devait débuter… demain.
Le moteur de la rénovation, c’est que les 24 clubs les plus riches seraient directement qualifiés. Les formations de Premier League, qui croulent sous les livres, auront les meilleurs arguments pour négocier leurs places dans l’access list.
Seules huit places seraient attribuées selon des critères sportifs : quatre via les performances européennes de la dernière saison et seulement quatre via des tours préliminaires destinées aux clubs des championnats mineurs, dont fait partie la Belgique.
Dans cinq ans, notre pays devra donc sans doute dire adieu à son qualifié direct. Et ça va encore se corser par la suite. Imaginons que le champion de Belgique se qualifie pour la première édition de la nouvelle C1 en 2024-2025. Il faudra qu’il termine dans les six premiers de son groupe de huit pour rester en Ligue des champions la saison suivante. Cela constituerait un fameux exploit, vu le plateau…
Ce projet de réforme n’a pas encore été validé et il suscite même un fameux vent de contestations. Notamment chez nous comme en France, où tous les clubs de Ligue 1 - à l’exception de Lyon et du PSG - ont tapé du poing sur la table. Face aux ogres du football européen, ce virulent coup de gueule restera-t-il un vain cri ? On peut le craindre...
Les voix des petits… et de Zizou s’élèvent
La réforme a suscité des réactions très variées mais argumentées. Florilège. Un peu de pour et beaucoup de contre. Voilà comment on pourrait résumer les réactions qui se sont multipliées depuis l’annonce du projet de réforme de la C1. En voici un florilège. Ils sont pour. Sans surprise, plusieurs grands clubs européens sont favorables à cette réforme, qui les sécurise, sportivement comme financièrement. “Sur le principe, c’est un projet intéressant car il est créateur de richesses pour l’ensemble du football”, avait confié, au Parisien, Victoriano Melero, le secrétaire général du PSG. “Les fans veulent plus d’affiches européennes et à partir de 2024 le nouveau format va le permettre”, a pour sa part précisé le président de Barcelone, Josep Maria Bartomeu. Andrea Agnelli, président de l’Association européenne des clubs (ECA) et de la Juventus avait assuré, quant à lui, que ce projet de réforme était “pour l’Europe” et pas “pour les grands clubs”, comme de nombreux petits clubs le pensent.
Ils sont contre. Les premiers à s’être opposés à la réforme sont les clubs français (à l’exception du PSG et de l’OM). “Le calendrier serait très significativement alourdi et une équipe comme le PSG pourrait mettre son équipe A en Ligue des champions et son équipe B en Ligue 1 pour jouer sur les deux tableaux. Avec une perte mécanique d’attractivité de la Ligue 1”, déploraient les dirigeants français. La LFP a exprimé, elle, “sa plus vive inquiétude sur ce projet qui menace l’équilibre compétitif et économique des championnats nationaux”. Même son de cloche du côté de… la Bundesliga et de la Premier League, dont les grands clubs seraient pourtant les grands gagnants de la réforme. “Les qualifications pour la Ligue des champions et la Ligue Europa doivent continuer à dépendre des performances domestiques”, a estimé l’instance du foot anglais. Une autre voix, et non des moindres, s’était élevée contre la réforme : celle de Zinédine Zidane. “Pour les plus petits, c’est certainement beaucoup plus compliqué de pouvoir jouer la Ligue des champions. Je trouve l’idée sympa quand ils la jouent, j’ai toujours pensé ça. Vivre un moment comme celui-là, pour ceux qui ne la jouent pas régulièrement, ou qui la jouent une fois dans une vie, c’est magnifique. Ça, c’est mon côté personnel.”
Qui alimente le débat.
La Pro League s’oppose au projet et espère conserver un qualifié direct en C1
Ce mardi, le Conseil d’Administration de la Pro League a discuté des propositions de réforme des compétitions européennes, que l’UEFA est en train d’élaborer pour les années 2024 et suivantes. Michael Verschueren, membre du Board de l’Association européenne des Clubs, et Georg Pangl, secrétaire général des Ligues européennes, ont donné un large aperçu des projets en cours et de leurs effets possibles pour les clubs belges. La Pro League va désormais préparer une note qu’elle enverra à l’UEFA. Elle précisera qu’elle est opposée à la qualification automatique de certains clubs sur base de leur puissance financière. Dans le même ordre d’idées, les dirigeants belges veulent absolument avoir la garantie d’un ticket direct pour la C1 pour le champion de Belgique. Ils sont également contre l’idée de disputer des matchs européens le week-end.