Alderweireld et Vertonghen de retour à l'Ajax: Toby ne voulait pas venir à Amsterdam, Jan veut y retourner
Alderweireld et Vertonghen, les défenseurs de Tottenham, ont fait leurs dents à l’Ajax, mais leur arrivée à Amsterdam a été très différente.
- Publié le 30-04-2019 à 06h58
- Mis à jour le 30-04-2019 à 10h57
Alderweireld et Vertonghen, les défenseurs de Tottenham, ont fait leurs dents à l’Ajax, mais leur arrivée à Amsterdam a été très différente. Dans l’imaginaire collectif, Toby Alderweireld et Jan Vertonghen sont des jumeaux. L’un ne va pas sans l’autre. Ils possèdent des parcours quasi similaires, de proches origines, un lieu de formation commun et pourtant, leur arrivée à l’Ajax et leur vision d’Amsterdam divergent totalement.
Jan Vertonghen est arrivé à De Toekomst en 2003. Un an avant Toby Alderweireld. En explorateur, le premier Diable à avoir atteint les 100 caps débarque à Amsterdam en terrain inconnu.
D’abord en stage, où il débarque avec d’autres copains du Beerschot alors qu’il n’a que 15 ans. "Ils étaient trois Anversois et je venais de mon village (NdlR : Tielrode)", a-t-il raconté à Het Parool. "J’ai été confronté à la grande ville. Prostitution, coffee-shops, je ne comprenais pas ce que je voyais."
La débauche et la grandeur amstellodamoises ne l’ont pas empêché de franchir le pas pour arriver à De Toekomst. Le premier choc est d’abord familial. "Jan est un homme qui tient à ses proches", nous explique Lode, son petit frère. "C’est peut-être cela qui a été le plus difficile pour Jan. Il appelait très souvent à la maison. Surtout pour parler avec notre maman. On gardait un maximum le contact. Amsterdam n’est pas bien loin, mais ça change quand même la vie. Il revenait souvent le week-end ou nous allions le voir là-bas."
La chance de Jan Vertonghen est d’avoir été placé dans une famille d’accueil qui l’a pris sous son aile directement. Le joueur s’est bien entendu avec les parents et les enfants de la famille.
"Même s’il a eu des moments légitimes de doute, il n’a jamais abandonné", dit son frère. "Il a une force de caractère folle. Il a su s’adapter à son nouvel environnement et c’est l’un de ses grands mérites."
Toby Alderweireld n’a pas eu cette chance. Son arrivée dans la capitale batave a été nettement plus chaotique que celle de son futur équipier.
Déjà, ses parents étaient tous deux contre son départ du cocon familial. "Ils voulaient me garder près d’eux", raconte Alderweireld à Het Parool. "Surtout ma maman, en fait. Mon père était, lui, plus inquiet pour mes résultats scolaires."
Les liens étroits qui soudent la famille Alderweireld ont engendré des soucis d’adaptation. L’Anversois est arrivé dans une famille d’accueil où il n’a jamais été à l’aise. Il devait jouer au football avec leur fils et assister à différentes activités alors qu’il avait un planning serré.
Pire que tout, il ne pouvait pas appeler ses parents quand il le désirait. Chaque retour à la maison était synonyme de grosse crise. Le gamin n’avait que 15 ans et ne voulait plus retourner à l’Ajax.
Son père a finalement fait le forcing à deux niveaux. D’abord auprès de Toby. "Il m’a dit que si je voulais devenir footballeur, je devais passer par là." Il a ensuite contacté l’Ajax pour le replacer chez les Stap, sa première famille d’accueil.
Pour Vertonghen comme Alderweireld, l’école a été un élément important dans leur intégration. Toby a longtemps dû faire face aux moqueries et diverses blagues sur son accent belge. L’humour néerlandais a longtemps été un souci pour lui.
Les bancs de l’école ont été plus favorables à Vertonghen. Déjà car il y a rencontré Sophie, sa femme, puis car il a pu compter sur l’aide de ses potes. "Il a formé son groupe d’amis à l’école", dit Lode. "Il avait Tom De Mul dans sa classe et les deux ont rapidement pu s’intégrer."
Sa première impression était pourtant négative. Ses équipiers à l’Ajax lui avaient dressé un horrible portrait de l’établissement. "Ils m’ont dit que j’allais me faire chiper l’argent qui devait me servir à acheter une collation, mais ce n’était pas du tout le cas. Ils ont voulu me faire peur" , sourit-il a posteriori.
La terreur régnait davantage sur les terrains d’entraînement de De Toekomst. Les deux gamins sont arrivés avec un retard de formation (technique et tactique) et ont dû bosser comme des fous au point de régulièrement se faire engueuler par leurs entraîneurs.
La différence de mentalité entre les Pays-Bas et le Belgique est énorme. "Anvers et Amsterdam sont proches et pourtant, aux Pays-Bas, les gens sont plus directs", dit le petit frère Vertonghen. "Quand ils doivent de dire quelque chose, cela sort sans filtre. Même si c’est dur. Heureusement pour Jan, il n’aime pas les gens qui tournent autour du pot et s’est rapidement retrouvé dans cette mentalité. Il doit aussi cette adaptation à sa famille d’accueil qui a fait de lui un véritable Amstellodamois."
Leur relation à Amsterdam est très différente. Toby Alderweireld a grandi à la ville et n’a d’yeux que pour Anvers. Qu’il soit à Amsterdam, à Madrid ou à Londres, il tendra toujours vers sa maison belge.
Il ne s’est pas fait tatouer la cathédrale d’Anvers et la mention "Each day I come closer to the home were I was born (NdlR : Chaque jour je me rapproche du lieu de ma naissance)" sans raison.
Il avait laissé planer le doute quant à un possible tatouage en lien avec Amsterdam mais il ne s’est visiblement pas décidé à franchir le pas.
Après sa carrière, Alderweireld reviendra vivre à Anvers. Ce ne sera pas le cas de Jan Vertonghen. Le gaucher est amoureux de la ville dont il a pris les habitudes. Entre vélo et resto, il se sent désormais plus à l’aise à Amsterdam qu’ailleurs.
"Je ne l’explique pas", dit son frère Lode. "Il y a eu une connexion entre la ville et lui. Il retournera y habiter après sa carrière. Il aime trop Amsterdam."
Un retour cet été ? "Encore trop tôt"
Les années passent et le duo Vertonghen-Alderweireld continue de prester à haut niveau. Les deux hommes ont dépassé la barre des 30 ans et les rumeurs quant à leur avenir enflent.
Marc Overmars, ancienne gloire de l’Ajax et désormais directeur sportif des Amstellodamois, n’a pas hésité à sonder les deux joueurs de Tottenham pour un possible retour à Amsterdam durant l’été.
L’Ajax a récemment fait le coup avec Daley Blind (ancien équipier et camarade de classe d’Alderweireld) et Klaas-Jan Huntelaar. Overmars espérait faire pareil avec les Belgian Spurs mais ce ne sera pas pour tout de suite.
"Souvent, ces joueurs disent qu’ils reviendraient avec plaisir et quand tu les contactes, ils te disent d’attendre encore un an ou deux", a déclaré Overmars à la Fox. "Je dois donc être patient pour ces deux-là et voir de quoi le futur sera fait. C’est encore trop tôt."
Des propos confirmés par Toby Alderweireld dans la presse néerlandaise. "Il reste encore beaucoup de choses à jouer cette saison. J’ai encore un an de contrat avec les Spurs. Je ne réfléchis donc pas plus loin que l’exercice actuel. Puis, je suis heureux ici à Tottenham. Si je reviens un jour, c’est pour apporter une plus-value sur le terrain et pas uniquement dans le vestiaire."