Marinato, gardien russe d'origine brésilienne victime de racisme: "Pourquoi la sélection russe a besoin d’un singe ?"
Gardien de la sélection russe, le Brésilien d’origine Marinato a été victime de racisme.
- Publié le 14-11-2019 à 20h24
- Mis à jour le 17-11-2019 à 17h48
Gardien de la sélection russe, le Brésilien d’origine Marinato a été victime de racisme. Le grand public a peut-être fait sa connaissance il y a quelques jours à peine, lors de la rencontre opposant le Lokomotiv Moscou à la Juventus de Turin en Ligue des champions. Ce soir-là, le gardien de but Guilherme Marinato se troue complètement sur un coup franc de Cristiano Ronaldo, laissant passer la balle entre ses jambes, et faisant dans la foulée le tour du monde des réseaux sociaux pour ce but un rien ridicule qui lancera les Turinois vers la victoire (1-2).
Pourtant, malgré cette belle bourde, le gardien du club moscovite n’est pas un néophyte dans le milieu. Brésilien d’origine, Marinato a quitté son pays natal pour la Russie en 2007. Depuis lors, il a enchaîné 308 matchs dans la cage du Lokomotiv Moscou qui truste les premières places du championnat de Russie chaque année. Et ce samedi, tout porte à croire qu’il sera dans la cage de la sélection russe qui affrontera la Belgique à Saint-Pétersbourg. Car si Guilherme Marinato est né et a grandi à Cataguases, une municipalité du sud-est du Brésil, le gardien de 33 ans a obtenu la nationalité russe en 2015 avant de recevoir sa première sélection avec l’équipe nationale en mars 2016. Par la même occasion, Marinato devenait alors le premier joueur non soviétique à porter le maillot de la Sbornaya. "Guilherme vit en Russie depuis 7 ans", expliquait Olga Smorodskaya, présidente du Lokomotiv à l’époque. "Le pays doit être fier des grands athlètes qui veulent être russes. Il a montré qu’il voulait vraiment jouer pour notre équipe nationale."
Des propos appuyés par Igor Cherevchenko, ancien joueur russe devenu entraîneur d’Arsenal Tula. "C’est une première sélection méritée pour Marinato car il est l’un des meilleurs gardiens du championnat russe."
Pourtant, en Russie, tout le monde n’est pas du même avis. Le racisme est un vrai fléau au pays de Vladimir Poutine et voir un joueur étranger de couleur noire porter le maillot de l’équipe nationale russe irrite certains. À commencer par Andrei Arshavin, l’une des grandes stars du football moderne russe, passé par le Zénit Saint-Pétersbourg et Arsenal. "Je ne suis contre personne en particulier mais je suis contre les naturalisations de joueurs en général", avançait l’ancien attaquant sur le plateau russe de Match TV, peu de temps avant l’Euro 2016 et peu de temps après la naturalisation de Marinato. "L’équipe nationale doit être composée de joueurs passés par nos écoles de football."
Certains supporters ont aussi mis leur grain de sable dans le débat. Cela a été le cas lors du derby entre le Lokomotiv et le Spartak, les "fans" de ce dernier club chantant des propos racistes à l’encontre de Guilherme Marinato : "Banane, banane ! Pourquoi la sélection russe a besoin d’un singe ?"
De son côté, le gardien a continué sa progression. Bien intégré dans son pays d’adoption, il s’est fondu dans le collectif de la sélection, son intégration étant facilitée par son apprentissage de la langue russe. Sélectionné à l’Euro 2016 (mais sans jouer une minute), Marinato n’est pas repris pour la Coupe du monde 2018.
En octobre 2018, il profite de la fin de carrière internationale de la légende Igor Akinfeev pour se faire une place au soleil dans l’effectif. Celui qui a joué toutes les rencontres qualificatives pour l’Euro 2020 est désormais le gardien numéro 1 de la Russie. Et avec succès, lui qui réalisé 6 clean-sheets durant ces qualifications soit une de moins que Thibaut Courtois, son adversaire à distance ce samedi. De quoi faire taire certains de ses détracteurs…
Après Marinato, ils sont aussi devenus russes
Naturalisation La Russie a naturalisé d’autres joueurs pour les faire jouer dans leur équipe nationale.
Guilherme Marinato n’est pas le seul joueur étranger naturalisé qui porte le maillot de l’équipe nationale russe.
Roman Neüstadter : sa présence dans le groupe des 23 Russes pour l’Euro 2016 était une surprise puisqu’au moment de la divulgation de la liste, Neüstadter n’avait pas… la nationalité russe. Il l’obtiendra quelques jours plus tard grâce à un décret de Vladimir Poutine. Il a la particularité d’avoir été sélectionné à deux reprises avec la Mannschaft avant de choisir la sélection russe.
Mario Fernandes : Fernandes est né au Brésil avant de rejoindre le CSKA Moscou en 2012. Monté au jeu pour la première fois en octobre 2017, il a joué toutes les rencontres de la Russie lors de la dernière Coupe du monde et est depuis titulaire indiscutable au poste de back droit.
Ari : "Je ne comprends pas pourquoi Ari a reçu un passeport russe, c’est risible quand un joueur noir reçoit un passeport russe." Ces propos racistes sont ceux de l’ancien international russe Pogrebnyak et sont adressés à un autre Brésilien naturalisé russe. L’avant-centre est passé par la Suède et les Pays-Bas avant d’atterrir en 2010 en Russie. Il n’a joué que deux rencontres avec la Sbornaya, dont la dernière remonte à il y a un an.