En visite chez Javier Martos: "Charleroi? C’est plus qu’un club! Comme Barcelone…"
Depuis Andorre-la-Vieille, l’ancien défenseur du Sporting évoque son histoire d’amour avec Charleroi…
- Publié le 25-08-2019 à 11h20
- Mis à jour le 25-08-2019 à 11h23
Depuis Andorre-la-Vieille, l’ancien défenseur du Sporting évoque son histoire d’amour avec Charleroi… "J’ai vu les matchs contre La Gantoise, Zulte-Waregem et la deuxième mi-temps contre Courtrai. Celui de l’Antwerp, je jouais en même temps."
Même s’il habite maintenant à plus de 1 000 kilomètres de Charleroi dans la Principauté d’Andorre, Javier Martos ne rate quasiment rien de l’actualité de son club. Oui, de son club. Car quand il évoque le Sporting le nouveau joueur du FC Andorre utilise les "On", "L’équipe" ou même "Mes équipiers". On ne balaie pas neuf ans d’une vie d’un simple revers de la main.
"Quand je vois les matchs de Charleroi, je me dis p… car il y a une partie de moi qui pense que je suis peut-être encore capable d’aider mon club. J’ai un doute et je pense que je me suis précipité dans mon choix. Mais ce n’est pas le cas."
Javier Martos, quand avez-vous décidé de quitter Charleroi ?
"Cela a été une longue réflexion. Lors du stage de janvier à Valence, j’ai parlé avec Mehdi. Il savait que j’étais fatigué mais son discours est resté positif : ‘Javi c’est juste une période plus difficile, le préparateur physique me dit que tu es bien, les médecins aussi.’ Cela ne lui plaisait pas de me voir souffrir. Il sait que je suis perfectionniste et exigeant avec moi. Quand je fais un mauvais entraînement ou que j’ai difficile à suivre, quand je rentre chez moi je ne suis pas content, je suis fâché. Quand tu commences à voir que cela arrive, ce n’est pas facile. Et de l’extérieur cela se voyait que je rigolais moins, que j’étais tracassé. Mehdi, il a vu cela."
Et qui a donc pris la décision finale ?
"Mehdi et moi, nous étions plus ou moins d’accord sur le fait que je quitte le Sporting. Physiquement je commençais à avoir difficile et Mehdi m’a dit : ‘Je n’ai pas envie de te voir sur le banc ou dans la tribune triste car je te connais, je sais que tu as toujours la volonté de gagner et d’apporter quelque chose à l’équipe.’ Il savait que j’avais tout donné pour le club et ce n’était pas un problème pour lui que je retourne en Espagne même s’il me restait un an de contrat. Avec Mehdi j’ai été honnête. Rester à Charleroi pour juste toucher un salaire ce n’est pas dans ma mentalité. Je ne suis pas un tricheur. Avec tout le chemin que j’ai fait avec Mehdi, il ne méritait pas que je lui cache des choses."
Et il n’était pas possible de poursuivre l’aventure en levant un peu le pied en semaine ?
"J’ai parlé avec des joueurs de mon âge ou plus âgés et pour eux c’est logique que je ne suive pas le même rythme d’entraînements que des plus jeunes. Le plus important c’est de bien récupérer pour atteindre le meilleur rendement lors des matchs. La saison dernière avec Philippe Simonin, on a cherché à me ménager mais même comme cela, je ne me sentais pas bien. Et Felice était d’accord que je rate un, deux ou trois entraînements par semaine si j’étais bien le week-end. Cela, c’est la théorie. Car je ne suis pas arrivé à bien gérer cette situation. C’est compliqué pour moi de venir à une séance et de ne pas la faire à fond. Et je ne voulais pas faire trois mauvais mois au Sporting qui auraient fait oublier tout ce que j’ai vécu avec ce club avant."
Et Karim Belhocine n’a pas essayé de vous faire changer d’avis ?
"J’avais déjà pris ma décision avant de rentrer en Belgique et de rencontrer Karim Belhocine. J’étais content du choix fait par le club car je pense que c’est un bon entraîneur avec une belle philosophie de jeu. Comme j’étais encore en Espagne quand les entraînements ont repris, j’ai parlé avec mes équipiers pour avoir leur avis sur Karim. Et ils me disaient : ‘Javi, le style de Karim c’est ton style de jeu. Pour toi, ce serait top. On fait beaucoup de possessions de balle.’ Mais ma décision était prise. J’ai parlé à Karim quand je suis rentré en Belgique. Pour lui, je pouvais rester dans le noyau. J’y avais ma place grâce à mes caractéristiques mais aussi mon rôle dans le vestiaire. Karim avait dit à Mehdi que j’avais toujours le niveau pour l’équipe mais qu’il respectait mon choix. Pour moi, le meilleur pour tout le monde était d’arrêter."
Vous avez reçu énormément de marques de sympathie lors de votre départ. Vous vous y attendiez ?
"Non. Je ne pouvais pas imaginer que des supporters viendraient à cinq heures du matin à l’aéroport pour me remercier. Il y a des gens qui pleuraient avec moi car je devais partir. Pour moi Charleroi c’est plus qu’un club, c’est comme le FC Barcelone, c’est une famille. J’ai l’envie de revenir à Charleroi pour voir des matchs, dire bonjour aux amis, saluer les supporters. C’est peut-être parce que j’ai toujours respecté tout le monde que j’ai reçu tant de sympathie lors de mon départ. C’est au fil des années que cette relation particulière est née avec Charleroi. À Barcelone, j’ai reçu une éducation très stricte où la notion de respect est importante. Dans un club, le magasinier qui fait très bien son travail et même plus est aussi important qu’un joueur. Dans un club de football, les joueurs ne sont en rien supérieurs aux autres membres, travailleurs du club. Et à la fin il y a une vraie relation qui existe entre tout le monde. Charleroi, c’est mon club."
Qu’avez-vous fait du cadre reçu pour votre 300e match peu avant votre départ ?
"Il est chez mes parents car on fait des travaux dans mon appartement. Je vais le mettre à un endroit spécial avec mon trophée du Zèbre d’or, le maillot de mon dernier match avec le Sporting et le maillot du premier avec Barcelone avec le numéro 40. J’ai gardé des souvenirs d’Iraklis et de Malaga aussi. Mais les maillots de Charleroi et Barcelone, ils sont intouchables."
Que pensez-vous de l’équipe actuelle ?
"Je la trouve top avec du talent et des jeunes joueurs. Il ne manque qu’une ou deux pièces et le mercato n’est pas terminé. Je vois une ligne de conduite très similaire à ce qu’on faisait avant. Il n’y a pas de grands changements. Je vois que l’équipe essaie d’avoir un peu plus la balle. À Charleroi, on n’a pas cette culture comme à Genk ou à Anderlecht. Si au Mambourg tu commences à faire tourner le ballon, à revenir en arrière car tu ne trouves pas l’ouverture, repartir de l’autre côté, après trois minutes, les supporters de Charleroi ils n’aiment pas trop cela. Les fans du Sporting, ils préfèrent le style anglais. Aller-retour, de l’impact, de l’intensité. L’équipe actuelle, elle ne fait pas trop cela, elle garde plus le ballon. Pour moi, il y a un gros potentiel dans l’équipe actuelle.
“Une radio dans le dos”
Maintenant qu’il ne porte plus la vareuse zébrée, Javi Martos s’est permis d’un peu, mais toujours avec humour et gentillesse, balancer sur ses anciens équipiers…
Qui était le plus drôle ?
“Roman Ferber. Il était tout le temps hyperactif. Il faisait une petite blague à gauche, une autre à droite. Il créait une atmosphère positive.”
Qui était le plus calme ?
“Moi. Sinon, c’est Marinos. Il est très pro, très sérieux quand il travaille.”
Qui était le plus coquet ?
“Jérémy Perbet, il passe beaucoup de temps à se remettre les cheveux en place, à mettre de la crème. Si cela sort dans le journal et qu’il le lit, il va m’envoyer un message, je suis certain.”
Qui était le mieux habillé ?
“Damien Marcq et Guillaume François faisaient attention à leur style. Et de nouveau Perbet. Il sortait toujours habillé impeccablement.”
Qui était le moins bien habillé ?
“C’est difficile. Peut-être Noorafkan. Parfois il arrivait avec des combinaisons bizarres.”
Qui était le plus gros travailleur ?
“Marinos et Penneteau. Mais je vais dire Stergos, c’est une machine de travail.”
Qui était le plus râleur ?
“Dessoleil, il y a quelques années. Il râlait sur tout. L’état du terrain, le vestiaire… Maintenant il s’est calmé et est plus mature. C’est pour cela qu’il est capitaine.”
Qui était le plus sur son GSM ?
“Gholizadeh et Rezaei.”
Qui était le plus fort tactiquement ?
“Pour placer les autres, c’est Nico Penneteau. Beaucoup de gens disaient que j’étais très intelligent tactiquement mais j’avais une radio derrière moi avec une connexion directe. J’ai reçu beaucoup de mérites grâce à Nico. Il va devenir un grand entraîneur. Et pas un entraîneur de gardiens, un coach principal.”
Qui était le plus fort techniquement ?
“Morioka, Ali, Massimo Bruno, Ndongala, Kebano. C’est difficile de choisir. Il y a aussi Benavente.”
Qui était le plus fort physiquement ?
“Baby est une machine à courir. Gaëtan Hendrickx tu le mettais sur le test physique et il explosait la machine.”
Celui qui fera la plus belle carrière ?
“Ilaimaharitra. J’adore sa manière de jouer. À la fin de chaque match, je pouvais lui dire : ‘Je t’aime, je t’adore.’ Je suis fan de son style de jeu. Il a tout pour faire une très grosse carrière.”
Qui possédait la plus grande force de caractère ?
“Nico Penneteau. Je n’ai jamais pensé que sa carrière était terminée la saison dernière. Sa volonté permet à son corps de réaliser des choses hors du commun. Il est hyper-pro. Il bosse au stade, chez lui. Si pour faire une thérapie, il doit aller en Australie, il va faire l’aller-retour. Nico, il va jouer jusqu’au moment où il aura encore envie de jouer. Ce n’est pas son corps qui va décider.”
“Je demande de la patience aux supporters”
“Je demande de la patience aux supporters”
Javi a confiance dans la politique menée par Mehdi Bayat et son équipe…
Il n’y a pas beaucoup de gens qui sont capables de prendre un club en faillite et de le placer où il est maintenant en seulement quelques années. Pour la suite, il faut se montrer patient.”
En plaçant cette phrase dans la discussion, Javi Martos prend la défense d’un Mehdi Bayat attaqué par certains supporters carolos pour, notamment, son immobilisme, au niveau des transferts cet été.
“Si Mehdi a moins transféré, c’est parce qu’il y a vraiment beaucoup de talents dans l’équipe. Et ce n’est pas facile de trouver un joueur d’un niveau supérieur pour remplacer un autre qui est dans le noyau actuellement. Ce n’est plus comme avant. Et tu dois regarder ce qui est le meilleur pour Charleroi. Ce n’est pas acheter un joueur à dix millions par exemple mais bien de trouver un joueur comme Victor Osimhen. Tout ce que je peux demander aux supporters, c’est de la patience, car Mehdi, il travaille beaucoup pour le club. Et il ne faut pas se fier qu’aux résultats.”
Et l’Espagnol se montre optimiste quand il évoque l’avenir de Charleroi. “Le club va connaître des moments difficiles mais la feuille de conduite est déjà tracée. Au Sporting, il y a des gens intelligents et très qualifiés dans leur domaine. Je pense à Pierre-Yves, Mehdi, Walter… Il y a vraiment beaucoup de gens qui travaillent bien. Parfois je comprends les supporters car, de l’extérieur, ils ne voient pas le boulot réalisé. La progression du club n’est pas due au hasard. L’idéal ce serait de progresser tout le temps mais dans la vie cela ne fonctionne pas comme cela. Tu montes, puis tu te stabilises ou même tu descends un peu puis tu remontes. J’espère que Charleroi va continuer d’avancer avec un nouveau centre d’entraînement, un nouveau stade, etc. Avec des résultats qui te font arriver dans la vraie Coupe d’Europe, pas dans les préliminaires. Avec des matchs face à des équipes qui font plaisir à nos supporters. Cela va arriver. Je ne sais pas si c’est cette saison ou dans trois ou quatre ans mais cela va arriver. Tout comme une victoire en Coupe. Nos supporters le méritent.”