Un défi immense attend Felice Mazzù: "J’ai l’habitude de perdre mes meilleurs joueurs"
Felice Mazzù a été présenté à Genk. Où le défi qui l’attend est immense.
- Publié le 03-06-2019 à 23h22
- Mis à jour le 04-06-2019 à 08h34
Felice Mazzù a été présenté à Genk. Où le défi qui l’attend est immense. T-shirt bleu, costume bleu et chaussures bleu et blanc. Felice Mazzù semble déjà dans son élément au Racing Genk, malgré son manque de connaissance de la langue néerlandaise. Après six années à Charleroi où il a connu trois fois les PO1, deux fois les PO2 et les tours préliminaires de l’Europa League, le coach de 53 ans va désormais découvrir la pression du champion en titre et la Ligue des champions. Un défi immense qu’il est impatient de relever.
Felice, félicitations. La semaine a été riche en émotions pour vous.
"Oui, ce n’était pas simple. Entre les trajets, les négociations, c’était un peu fatigant. Mais l’issue est extraordinaire pour moi."
Cela vous fait quoi d’être entraîneur de Genk ?
"Je suis extrêmement heureux d’avoir reçu cette chance, qu’en toute humilité, je pense avoir méritée. Pour moi, c’est un challenge énorme, une étape importante dans ma jeune carrière de coach."
Quitter Charleroi n’a pas été trop difficile ?
"Cela a été très dur émotionnellement car je suis quelqu’un de fidèle et respectueux. J’ai eu la chance, à Charleroi, de connaître un club qui me correspondait parfaitement. Mais quand le club qui a été champion montre une telle envie de travailler avec vous, vous acceptez le défi."
En quittant Charleroi, vous quittez aussi votre zone de confort.
"Je n’ai jamais été d’accord avec ça. Tous ceux qui connaissent Charleroi savent qu’on doit travailler énormément pour y réussir quelque chose et en six ans, nous l’avons fait. Il n’y a pas de confort dans le monde professionnel. Le seul confort que j’avais à Charleroi, c’est celui d’être proche de la maison, avec mon épouse, mes enfants et mes parents à proximité. Mais ils viendront souvent me voir ici et je retournerai les voir dès que je peux."
Vous avez été surpris de l’intérêt de Genk ?
"Disons que je le sentais un peu venir car les rumeurs étaient un peu plus spéciales que les années précédentes. Et je savais que Genk me suivait depuis un certain temps. Le fait que le Racing paye ma clause libératoire (500 000 euros) est gratifiant. Même si je n’ai rien gagné avec Charleroi, je pense qu’ils ont apprécié le travail dans la longueur qui a été fait. Et ma fidélité."
Vous pourriez rester six ans à Genk ?
"J’ai signé un contrat à durée indéterminée et la direction m’a bien fait savoir qu’elle voulait un projet à long terme avec moi. Seuls les résultas nous diront si c’est possible et j’en suis bien conscient. Mais l’envie est là."
Le défi est tout de même énorme… et risqué.
"Oui, entraîner l’équipe qui est championne en titre n’est jamais évident, mais dans la vie, il faut parfois prendre des risques pour savoir qui nous sommes vraiment. Aller à Charleroi en venant du White Star était un risque aussi. C’est dans la difficulté qu’on grandit."
On grandit aussi en jouant la Ligue des champions.
"C’est évidemment un rêve énorme de disputer cette compétition, que peu d’entraîneurs belges ont la chance de disputer. La première chose que j’ai pensé quand Genk s’est intéressé à moi c’est ‘je pourrais passer, en quinze ans, de la provinciale à la Ligue des champions’. Mais cela reste des matchs de football qu’il faut bien préparer, comme en championnat."
Vous rêvez d’affronter la Juventus ?
"Je rêve de la battre ! Pour que le Président se demande ‘C’est qui celui-là ? (rires) ’"
Avant la C1, vous risquez de perdre pas mal d’éléments importants lors du mercato.
"Je suis habitué à perdre mes meilleurs joueurs, donc ce n’est pas un problème ( sourire )."
Dimitri De Condé dit que vous étiez le coach qui avait le moins peur de ce possible exode.
"Oui, car je pense qu’ici, il y a une structure en place qui est bonne. Perdre un bon joueur est difficile mais si le projet est solide, on l’accepte et on ne pleure pas derrière. Je suis conscient qu’il y aura des départs mais si la difficulté me faisait peur, je serais resté toute ma vie à Charleroi. Maintenant, si le noyau actuel pouvait ne pas bouger, je serais très heureux aussi."
Et le staff ? Vous auriez aimé prendre quelqu’un de Charleroi avec vous ?
"On aime toujours avoir, près de nous, des gens qu’on connaît et qui nous comprennent mais Genk a une structure qui travaille bien et je peux le comprendre aussi. Tout n’est pas encore figé à ce propos mais cela ne m’a pas empêché de signer car j’ai confiance en la direction."
On a parfois dit de vous que vous aviez du mal à travailler avec les jeunes. Ici, le vivier est énorme.
"Je suis pourtant le premier à dire que c’est beaucoup plus simple de travailler avec les jeunes. Mais il faut en avoir les possibilités et les qualités. J’espère pouvoir en intégrer dans mon équipe, en concertation avec la direction."
Et la langue ? Vous ne parlez pas le néerlandais.
"( il répond en anglais ) Je pense que le plus important est de parler anglais. C’est la langue du vestiaire. Donc je vais parler en anglais avec mes joueurs."
Et avec la presse néerlandophone et le public ?
"Je vais prendre des cours intensifs de néerlandais pour pouvoir tenir un dialogue le plus rapidement possible."
À Genk, il y a aussi l’italien, que vous maîtrisez forcément bien.
"C’est vrai. Je suis aussi le fils d’un ancien mineur et je sais qu’à Genk, il y en a beaucoup aussi. Des supporters me ressemblent et c’est aussi pour cela que je pense que ce club me correspond bien."
Vous allez toutefois devoir proposer un football différent qu’à Charleroi.
"J’en suis bien conscient. Je l’ai toujours répété : je ne suis pas un entraîneur défensif. Je me suis toujours adapté aux profils des joueurs que j’avais et ce sera encore le cas ici. Je suis d’abord là pour prolonger le travail qui a été effectué avec Monsieur Philippe Clement."
Staff: composition Karel Geraerts sera le T2 de Mazzù
S’il voulait initialement emmener Samba Diawara (T2) et Philippe Simonin (préparateur physique) dans ses bagages, Felice Mazzù a dû se heurter au refus de Charleroi pour le premier et de Genk pour le second (qui veut conserver Ruben Peeters). Mais il a également proposé le nom de Karel Geraerts, qui va plus que probablement devenir son adjoint. "Karel vient de Genk et je l’ai eu comme joueur à Charleroi. J’ai été marqué par ma rencontre avec lui quand il était joueur. Je n’oublie pas que si le Sporting a joué l’Europa League, c’est notamment grâce à un de ses buts… de la jambière face à Malines."
Dimitri De Condé, directeur sportif de Genk: "On espère trois sortants et cinq entrants"
Cela s’est entendu lors du début de la conférence de presse de Felice Mazzù : Dimitri De Condé est très heureux de travailler avec l’ancien T1 de Charleroi. "Il était notre priorité depuis qu’on a senti que Clément partirait. On voulait quelqu’un qui connaît le championnat, qui est apprécié par ses collègues, qui a de l’ambition. Felice Mazzù est un vrai gagnant et a ce profil. Pour nous, c’est le T1 idéal et le fait qu’il ne parle pas encore flamand n’a jamais été un problème", indiquait le directeur sportif du Racing, qui a levé un coin du voile sur le mercato. "On espère qu’il y aura trois sortants et cinq entrants. Ou deux et quatre…"
Erik Gerits, directeur général de Genk: "Les PO1 confortablement, la Coupe et notre première victoire en Ligue des champions"
Présent aux côtés de Peter Croonen, le président de Genk "heureux d’ouvrir un nouveau chapitre avec la bonne personne au bon endroit avec un coach qui a l’ADN du club", Erik Gerits, le directeur général du Racing, a défini les objectifs pour la saison prochaine. "On souhaite atteindre les PO1 de façon confortable, aller le plus loin possible en Coupe et faire bonne figure en Ligue des champions. Ce serait bien de réussir à remporter notre premier match dans cette compétition." Un beau défi. Que Felice Mazzù a accepté de relever.