Ses ambitions, Bryan Ruiz, son avis sur le groupe, etc.: Orlando Sa se livre à la DH
Orlando Sa ne veut pas se satisfaire d’avoir redressé la barre, il veut écrire l’histoire au Standard. Le Portugais se livre à cœur ouvert.
- Publié le 03-11-2017 à 06h42
- Mis à jour le 03-11-2017 à 09h13
Orlando Sa ne veut pas se satisfaire d’avoir redressé la barre, il veut écrire l’histoire au Standard. Le Portugais se livre à cœur ouvert.
Depuis son arrivée en août 2016, Orlando Sa se fait rare dans les médias préférant exprimer son talent sur le terrain, mais, pour La DH, le Portugais a décidé de rompre le silence. "Quand je parle, je le fais avec mon cœur, même après les matchs. Je dis toujours ce que je pense", nous confie-t-il au moment d’entamer notre entretien à quelques pas du Perron, en plein cœur de Liège, "une ville que j’apprécie énormément".
Orlando, comment jugez-vous le début de saison du Standard ?
"Un nouveau coach est arrivé, plusieurs nouveaux joueurs ont débarqué. Il a fallu du temps pour trouver les automatismes. Il y a eu énormément de changements au club ces derniers mois et cela n’a pas aidé. C’est étrange car le Standard est un grand club, on a des joueurs de qualité mais on ne se sent pas libre de dire qu’on peut lutter pour le titre."
Pour vous, il y a assez de qualités pour jouer le titre ?
"Ce que je peux dire, c’est qu’avec de la stabilité dans le club, on est armé pour figurer dans le Top 6 et c’était déjà le cas la saison dernière. Pour être honnête, je pense qu’on a une bonne équipe mais elle manque encore un peu de concurrence. Pour une équipe qui veut jouer le titre, dans un championnat difficile au sein duquel il n’y a plus de petites équipes, il faut avoir un groupe très compétitif. Avoir une équipe pour gagner des matchs, c’est une chose, en avoir une pour remporter un titre, c’en est une autre. Une saison est longue et on n’est jamais à l’abri de blessures ou de suspensions."
Justement, vous avez connu un moment difficile avec votre suspension et votre blessure.
"C’était la pire période depuis mon arrivée au club. Comme on traversait une période délicate, j’en ai pris pour mon grade. On a dit de moi que j’étais fou, que je ne marquais plus autant que la saison dernière, que parce que j’avais signé un nouveau contrat, je n’étais plus le même. Tous les jours, vous devez vivre avec ça. À ce moment-là, tu dois te regarder dans le miroir et te remobiliser. J’ai continué à travailler pour revenir en forme."
Aujourd’hui, vous récoltez enfin les fruits de votre travail.
"Depuis que je suis arrivé, l’équipe s’est améliorée. Il y a eu énormément de critiques sur Olivier Renard et le Président. Mais ils veulent, plus que quiconque, que le Standard soit au top. Mais parfois, cela prend du temps. Encore une fois, je pense qu’on est meilleur que la saison dernière et je suis certain qu’on sera encore plus fort en janvier et dans le futur. On est sur le bon chemin."
Le Standard ne peut plus se cacher, il doit retrouver le Top 6.
"Comme je dis toujours, on peut le faire, on doit le faire et on va le faire. C’est comme ça qu’il faut penser. Nous sommes le Standard et ce club est une institution."
Pensez-vous que certains l’ont oublié ?
"Soyons clairs, si c’est le cas, ces personnes doivent quitter le Standard. Si quelqu’un est content à l’heure actuelle et trouve que c’est satisfaisant d’avoir redressé la barre, alors qu’il s’en aille ! Il faut en vouloir plus. Celui qui ne croit pas au projet du club ne doit plus s’y présenter."
C’est pour ça que vous êtes toujours là ?
"Quand j’ai signé mon nouveau contrat, j’ai dit à Olivier et au président qu’il fallait avoir une équipe capable, mentalement, de jouer les premiers rôles car revivre une saison comme celle qu’on a vécue, cela n’a pas de sens."
Vous voulez remporter un trophée au Standard.
"Cette semaine, on a reçu la photo d’équipe. En la regardant, je me suis signé et plusieurs joueurs m’ont demandé pourquoi je faisais cela. J’ai répondu que je voulais qu’à la fin de la saison, cette photo soit historique. Sur les murs du coridor qui mène au vestiaire, il y a les photos d’équipes championnes qui sont affichées. J’aimerais que la nôtre y figure aussi."
Aujourd’hui, vous sentez que tout le monde a la bonne mentalité ?
"Dans un groupe de joueurs, il y a toujours des mécontents. C’est normal. C’est dur d’être toujours de bonne humeur mais, quand les choses ne vont pas dans le bon sens, les gens comme moi, Pocognoli, Mpoku, Ochoa, ceux qui ont de l’expérience, doivent ramener tout le monde dans le droit chemin. Cela n’arrivait pas assez la saison dernière. Ce n’est pas un secret, quand vous avez plusieurs groupes dans le vestiaire et que tout le monde ne tire pas dans le même sens, que certains ont la tête ailleurs, et je ne parle pas uniquement des joueurs, on ne peut pas réussir."
Les changements au sein de la direction ont affecté le vestiaire ?
"Bien sûr. Quand vous avez un panier rempli de pommes et que l’une d’entre elles est pourrie, elle peut rapidement contaminer tout le panier. Pour moi, cela a contribué à ce que la situation devienne délicate. Depuis que je suis arrivé, j’ai vu plusieurs choses qui n’étaient, à mon sens, pas bonnes. Mais je n’avais rien à dire, je suis arrivé très tard, avec quelques kilos en trop, je devais juste me taire et travailler. Mais plus les mois passaient, plus je me sentais impliqué dans le club et plus je donnais mon avis. Aujourd’hui, je pense qu’on est sur le bon chemin."
Ricardo Sa Pinto insiste souvent sur la notion de famille.
"La famille, c’est un mot fort. Je m’explique : pour faire des résultats en football, ou pour qu’une entreprise fonctionne, il ne faut pas être ami avec tout le monde mais vous devez prendre la même direction et avoir le même but commun. Quand Ricardo Sa Pinto parle de famille, il veut dire qu’on doit être tous ensemble dans la même direction et il a raison."
Les nouveaux joueurs ont apporté un vent de fraîcheur car ils n’ont pas rencontré les problèmes du passé ?
"Certainement. Plus que la mentalité, c’est l’expérience qui est importante. Certains ont joué dans plusieurs championnats, rencontré différentes cultures, mentalités, et on doit s’en servir. La mentalité du club, c’est toujours se battre pour vaincre. Mais la saison dernière, on pensait que nos qualités allaient suffire. Cette saison, les qualités ne suffisent pas tout comme la mentalité ne suffit pas elle seule. Il faut les deux. La grinta , on doit l’avoir mais on doit aussi produire du jeu car les équipes moins huppées, elles, elles auront d’office cette grinta . Cette dernière peut aider à remporter des matchs mais pour remporter un titre, c’est insuffisant et aujourd’hui, on joue mieux."
Comme, par exemple, dimanche dernier face à Waasland-Beveren.
"Pour la première fois, on a agi en tant que grand club. On a contrôlé le match, créé des possibilités et les joueurs se sentaient bien. Gagner 2-0 dans la difficulté, c’est bien mais là, tout était fluide et on aurait pu marquer davantage, moi le premier."
"Si c’était pour l’argent, je ne serais plus ici"
L’été dernier, nombreux ont été les clubs à avoir pris leurs renseignements sur Orlando Sa. C’était notamment le cas de Marseille, Sunderland ou encore le Lokomotiv Moscou qui souhaitait vraiment s’attacher ses services. "Le club sait que plusieurs équipes étaient intéressées mais ce n’est pas à moi d’en parler", précise le Portugais, qui assure également qu’il n’est pas du genre à imposer ses conditions. "À la fin de la saison, j’ai reçu plusieurs appels, on me demandait des détails et je répondais toujours la même chose : il faut passer par le club et je ne pense pas que la direction souhaite me vendre. Bien entendu, vu les intérêts, je savais que je pouvais gagner davantage ailleurs mais ce n’est pas mon genre de forcer un départ comme Trebel l’a fait par exemple. Jusqu’à aujourd’hui, j’ai toujours eu une bonne relation avec le président et Olivier (Renard) . Vu comment ils agissent avec moi, je n’ai pas une seule raison de penser à agir de la sorte."
Au final, Orlando Sa est resté et a paraphé un nouveau contrat.
"J’ai dit aux dirigeants que ma première option, c’était de rester mais après la saison que j’ai vécue, sans savoir ce qui allait se passer, je voulais des garanties sportives."
Pour le Portugais, il ne s’agissait clairement pas d’une question d’argent. "La chose la plus importante, c’était de savoir s’ils voulaient vraiment me garder. Ensuite, il convenait de savoir si le club voulait construire une équipe forte. Enfin, c’est d’être loyal. Voilà quelle a été la teneur de la conversation. Je n’ai jamais dit : ‘je veux ça ou ça pour rester’. Ce n’était pas une question d’argent car si c’était le cas, je ne serais plus au Standard; même après Israël, je ne serais pas venu ici."
Aujourd’hui, le buteur et son club ont un objectif commun. "J’ai signé un nouveau contrat car mon but est de remporter quelque chose ici. Si je suis heureux, que la direction l’est également, on sera ensemble pour ce but commun. Mais si je sens que le club n’est plus dans le bon chemin ou que la direction pense que je ne suis plus la bonne personne pour mener à bien ce projet, alors on pourra s’asseoir pour discuter."
"Je n’ai jamais contacté Ruiz"
Cet été, le nom de Bryan Ruiz a souvent été cité par certains comme renfort potentiel. Orlando Sa tenait à clarifier quelque chose à ce propos. "Il a été dit et écrit que j’avais contacté Bryan Ruiz pour le convaincre de venir au Standard. Je peux vous donner mon téléphone, vous ne trouverez pas le numéro de Ruiz. Sous prétexte que j’ai joué avec lui, je vais pouvoir l’appeler et faire pencher la balance en cas d’éventuel intérêt ? Soyons sérieux deux minutes. Ce n’est pas mon job et cela peut avoir des répercussions dans le vestiaire. À l’époque, Belfodil était toujours au club, qu’allait-il penser ? C’est comme si, aujourd’hui, un de mes équipiers appelait un autre attaquant pour le convaincre de signer au Standard. C’est négatif pour la vie d’un vestiaire."
"J’espère inscrire le 100e au Standard"
Alors que certains attaquants tendent encore à faire croire qu’ils ne s’inquiètent pas de leurs statistiques, Orlando Sa, lui, joue franc jeu. "Bien sûr que j’y prête attention. De toute façon, même si je ne le faisais pas, d’autres le feraient pour moi, comme mes proches. Quand je rentre à la maison, ma plus grande fille me demande toujours si j’ai marqué." (rires)
Afin de voir si Orlando Sa est bien au fait de ses statistiques, nous lui avons préparé un petit quiz. La première question portait sur le nombre de matchs qu’il a joués dans sa carrière. "Oula, c’est un autre niveau ça. Combien ? 230. C’est pas mal, non ?"
Lorsqu’on lui demande où il en a disputé le plus, il tape dans le mille. "Je dirais au Standard." Correct : 45 matchs pour 44 à Limassol. Mais Orlando Sa sèche ensuite sur le nombre de buts inscrits dans sa carrière. "Peut-être 45, non ? J’en suis à 76 ! Alors j’espère que j’inscrirai le centième ici au Standard. Mais je sais que c’est ici que j’ai le plus marqué (correct : 23 buts au Standard, 19 à Limassol et 15 au Legia Cravovie)."
Depuis le début de saison, Orlando Sa, meilleur buteur rouche la saison dernière avec 17 buts, en est déjà à cinq buts inscrits en championnat et une réalisation en Coupe, pas de quoi le satisfaire. "Je ne suis jamais satisfait de moi-même. On m’a dit, tu as été blessé plusieurs semaines mais tu as déjà inscrit six buts. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, c’est devenu la norme que je marque au moins un but. Cette saison, je sens qu’il faut travailler énormément et être concentré à 100 % pour marquer. Aujourd’hui, je sens qu’on est beaucoup plus attentif à moi, on attend que j’inscrive un doublé ou un triplé tous les matchs ou tous les deux matchs. (rires). Évidemment, j’aimerais y arriver et c’est bien, cela me motive."
La saison dernière, Orlando Sa a parfois été taxé d’individualiste. Il répond. "Quand un joueur d’une équipe marque plus que les autres, il y aura toujours des gens pour dire qu’il est individualiste. Prenons Carlinhos: il est différent de moi et a un autre rôle que le mien qui est de terminer ce qu’il a initié. Parfois, je dois donc être plus individuel pour être concentré sur ma tâche mais jamais, je ne ferai passer mes intérêts personnels avant ceux de l’équipe. Je ne suis pas ce style d’attaquant qui reste dans le rectangle à attendre le ballon. J’aime aussi les combinaisons comme ce fut le cas avec Belfodil la saison dernière ou avec Carlinhos cette saison. J’ai besoin d’avoir un gars derrière moi qui comprend mes mouvements."