Sa Pinto vu de Pologne: "Un héros s’il rafle le titre, mais son comportement…"
Actuellement deuxième du championnat avec le Legia Varsovie, l’ancien coach du Standard divise énormément en Pologne.
- Publié le 06-03-2019 à 07h43
- Mis à jour le 06-03-2019 à 10h00
Actuellement deuxième du championnat avec le Legia Varsovie, l’ancien coach du Standard divise énormément en Pologne. Un peu plus de neuf mois après son départ du Standard, Ricardo Sa Pinto est en pleine lutte pour le titre en Pologne avec le Legia Varsovie.
Malgré une élimination au troisième tour préliminaire de l’Europa League en guise d’intronisation à la suite du partage 2-2 à Dudelange (le Legia avait été battu 1-2 avant son arrivée), Ricardo Sa Pinto a su redresser la barre pour faire du Legia Varsoie un concurrent pour le titre (le club est deuxième à quatre points du Lechia Gdansk.)
En Pologne, Sa Pinto a emmené sa fougue et sa grinta qui le caractérisaient tant à Sclessin pour finalement imposer son style, non sans heurts ! À son arrivée, comme au Standard, Sa Pinto impose ses règles et fait l’inventaire du noyau mis à sa disposition. Rapidement, il écarte un joueur, l’international polonais, Krzysztof Maczynski (31 ans), qu’il envoie dans le noyau B comme il l’a fait la saison dernière avec Filip Mladenovic. De cette décision va naître le premier conflit pour le Portugais. "Cela a été le premier pépin pour Sa Pinto, confie Maciej Kaliszuk, journaliste pour la télévision polonaise. Rapidement, des bruits ont commencé à filtrer comme quoi plusieurs joueurs et membres du club ne seraient pas heureux des méthodes employées par le coach."
Un discours qui dénote totalement de celui de Sa Pinto. Comme il le faisait au Standard, le T1 met en avant, sur ses différents réseaux sociaux, l’esprit de famille qui règne au sein de son groupe comme en atteste ce commentaire (accompagné d’une photo de groupe) posté avant les fêtes de fin d’année : "Nous avons passé quatre mois intenses en termes de travail. Je suis heureux de l’évolution de l’équipe et du dévouement de chacun. Je vous souhaite à tous un joyeux Nöel et une année 2019 remplie de succès. Come on Legia !"
Durant la première partie de saison, Sa Pinto et son médian, Krzysztof Maczynski, s’enverront des piques par médias interposés tandis que le Legia Varsovie voguait calmement vers le haut du classement.
Après avoir résilié son contrat et trouvé refuge au Slask Wroclaw cet hiver, Maczynski s’est lâché dans une interview publiée la semaine dernière par le quotidien Przeglad Sportowego. "Après avoir résilié son contrat, le joueur a précisé qu’il ne serrerait plus jamais la main de Sa Pinto. Lorsqu’on a demandé au Portugais pourquoi Maczynski avait dit ça, il s’est énervé et a précisé que le joueur en voulait au club."
Dans cette interview, Maczynski a confié, notamment, que l’ancien coach du Standard lui avait manqué de respect en l’écartant du groupe, qu’il avait fait venir des joueurs via son agent pour le remplacer ou encore qu’il se comportait en véritable tyran envers son groupe et les employés du club.
Après la victoire contre Miedz Legnica de vendredi dernier, Ricardo Sa Pinto s’est expliqué durant plus de 23 minutes en conférence de presse d’après-match répondant ainsi à son ancien joueur un peu à la manière de sa sortie à la suite des déclarations d’Hein Vanhaezebrouck la saison dernière. "Il avait préparé ses réponses, précise Maciej Kaliszuk. Il ne donne jamais d’interview mais, depuis cet épisode, il en a accordé une précisant qu’il n’était pas un dictateur, mais que ses joueurs devaient le respecter."
Malgré cet épisode malheureux et un trois sur neuf enregistré en février, Ricardo Sa Pinto a, tout comme il l’avait au Standard, le soutien inconditionnel des fans du Legia.
"Ils l’ont défendu sur les réseaux sociaux. Pourquoi l’apprécient-ils ? Les fans sont très durs avec les joueurs surtout après l’élimination en Europa League qui a été une humiliation pour le club. Le fait d’avoir un gars à poigne et passionné à la tête du groupe, cela les rend heureux. Les supporteurs ont eu le sentiment que les joueurs se sentaient trop bons pour le club. Sa Pinto a changé ça."
Pour ce qui est du jeu, le Portugais est revenu aux fondamentaux qu’il prônait au Standard. "Ce n’est pas forcément un beau football à voir. Le Legia n’a pas toujours la possession, mais il joue de façon très agressive et ne lâche rien. Sa Pinto a remis de l’ordre dans la défense qui a enchaîné plusieurs clean-sheets de rang. Il a également rajeuni les cadres. La moyenne d’âge est de quatre ans moins importante que la saison dernière", enchaîne Maciej Kaliszuk.
Comme au Standard, Ricardo Sa Pinto divise au Legia Varsovie. Le coach portugais a certes des résultats, mais son comportement semble déranger. "Il n’a pas encore été renvoyé en tribune même s’il a eu des petits conflits comme lorsqu’il a refusé de serrer la main du coach du MKS Cracovie après la défaite 0-2 à domicile. De manière générale, sa méthodologie semble être basée sur le conflit. Cela crée une mauvaise atmosphère et, en interne, on sait que les joueurs ne sont pas très heureux. Mais si Sa Pinto remporte le titre, il deviendra un héros. Il est également encore en lice en Coupe. C’est un coach qui a du tempérament, mais, souvent, son comportement, c’est too much", conclut Maciej Kaliszuk.
"Notre journaliste ne peut plus poser de question"
Ricardo Sa Pinto entretient des rapports compliqués avec les médias polonais.
C’est aidé d’un traducteur que Ricardo Sa Pinto s’adresse à la presse polonaise depuis le début de la saison. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas l’amour fou entre les médias et le coach portugais.
Récemment, ce dernier aurait interdit à une journaliste du quotidien Przeglad Sportowego de lui poser des questions.
"À la suite de l’affaire Krzysztof Maczynski, elle lui avait demandé pourquoi il l’avait envoyé dans l’équipe B. Cela ne lui a pas plu et, par la suite, il a précisé qu’il ne répondrait plus à aucune de ses questions prétendant que ces dernières avaient toujours pour but de nuire au club ou à lui-même", nous précise l’un de ses collègues.
Il y a peu, la journaliste de Przeglad Sportowego a trouvé un stratagème pour faire entendre sa voix en conférence de presse. "Elle est toujours autorisée à assister aux conférences de presse mais, comme M. Sa Pinto ne veut plus lui répondre, elle se présente avec un collègue qui pose les questions et Sa Pinto y répond. C’est ridicule. Lorsque tout va bien, ce coach semble aimable mais une fois que les résultats ne suivent plus, il devient désagréable, impoli et bizarre se cachant toujours derrière l’une ou l’autre excuse."
À la Suite de ce boycott, le rédacteur en chef du journal polonais s’était fendu d’un édito plutôt cinglant. "Suivant sans doute le modèle de son compatriote Mourinho, Sa Pinto s’est cherché un ennemi. Agir de la sorte est l’acte d’un lâche puéril. Le système totalitaire ne fonctionne pas dans les médias. Vous ne vous souciez pas de faire bonne impression, c’est votre choix. Aujourd’hui, vous êtes là, mais demain vous serez parti. Vous n’êtes qu’un mercenaire comme il y en a eu bien d’autres avant vous au Legia. Vous finirez par vous faire virer ou vous partirez, comme vous en avez l’habitude. Les dernières années de votre vie professionnelle montrent clairement à quel point vous êtes attaché aux lieux où vous travaillez !" Ambiance.