Ricardo Sa Pinto sous la loupe: l'entraîneur du Standard a changé... et c'est tant mieux !
- Publié le 28-04-2018 à 07h13
- Mis à jour le 28-04-2018 à 08h06
La défaite à Zulte Waregem au milieu du mois de janvier a obligé le Portugais à changer radicalement ses méthodes. Depuis lors, tout lui réussit, que ce soit ses changements, son comportement ou, plus importants encore, ses résultats. Analyse.
Plus de tirs et plus de buts
Le Standard a plus souvent le ballon et est donc bien plus dangereux pour l'adversaire
Le football ne peut être résumé à de simples chiffres mais, parfois, ils donnent une indication claire sur la forme d’une équipe. Au soir de la vingt-troisième journée de compétition, marquée par la défaite à Zulte Waregem, le Standard tentait, en moyenne, douze fois sa chance au but et seulement trois de ces tirs étaient cadrés.
Fait étonnant : les Liégeois n’étaient, alors, jamais parvenus à frapper plus de cinq fois par rencontre entre les poteaux adverses. Un chiffre dépassé à… huit reprises lors des douze matches qui ont suivi ce fameux déplacement à Zulte Waregem.
Depuis lors, ils tentent, en moyenne, deux tirs de plus par duel… et en cadrent également deux de plus. À ce titre, la victoire enregistrée à Ostende a été un modèle du genre avec vingt-trois tentatives au but, dont onze entre les poteaux. Cela a clairement eu une répercussion au niveau de l’efficacité, une moyenne d’un but (1,08) par sortie passée à un peu plus de deux (2,2) en championnat.
Par contre, le Standard reste une équipe qui ne règne pas sur la possession de balle. Ricardo Sa Pinto aime miser sur une bonne organisation défensive et des flèches capables de remonter la balle en quelques touches.
Les Liégeois affichent 52,5 % de possession de balle depuis le début de l’exercice, mais ils ne sont descendus sous la moyenne qu’à deux reprises lors des douze derniers matches (41 % à Genk et 39 % à Bruges), alors que cela était arrivé à onze reprises entre les mois de juillet et janvier (une fois tous les deux matches, en moyenne).
Moins de rouspétances, moins de cartes
Il bouge beaucoup le long de sa ligne, mais il reste davantage dans les clous…
Autrefois, le quatrième arbitre, situé entre les deux bancs de touche, était souvent l’homme qui était le plus fatigué à l’issue d’un match du Standard. Il devait gérer les incessantes plaintes de Ricardo Sa Pinto, mais aussi celles de son staff sportif. Le technicien portugais était devenu une caricature de lui-même en contestant la moindre décision du corps arbitrale, même les plus insignifiantes. Ses trois passages devant la Commission des litiges en six mois de compétition l’avaient clairement touché, à un point tel qu’il avait laissé supposer qu’un complot touchait son club.
La direction lui a rappelé à plusieurs reprises qu’elle ne pouvait tolérer de tels débordements publics car cela nuisait à l’image de l’ensemble de l’entité. Cela avait été le cas au lendemain de la défaite à Zulte Waregem, où le coach était allé dire sa façon de penser à Lawrence Visser. De manière très virulente, au point d’avoir été retenu par Paul-José Mpoku et Sébastien Pocognoli.
Ce dernier entretien a eu l’effet escompté. Il n’est pas devenu amorphe le long de sa ligne de touche (il faudra s’inquiéter pour lui le jour où ce sera le cas) mais il dépasse bien moins souvent les limites. Avant la réception d’Anderlecht, il avait même échangé durant de longues secondes avec… Lawrence Visser avant de rejoindre son banc avec un large sourire. Il donne le sentiment de mieux maîtriser ses nerfs et s’en prend moins souvent à l’homme en noir. Résultat : ses joueurs prennent, en moyenne, une carte jaune en moins par match et lui n’a plus été exclu de la zone neutre.
Il est devenu le roi des changements
Il a un meilleur banc, mais, aussi, ses remplacements bousculent les attentes
Durant ses premiers mois, Ricardo Sa Pinto n’a pas tout le temps pu compter sur un banc très riche même si, avant la clôture du mercato estival, des éléments comme Milos Kosanovic, Razvan Marin, Renaud Emond, Dieumerci Ndongala et Ishak Belfodil s’y installaient régulièrement. Le technicien portugais semblait, surtout, manquer d’imagination avec, lorsque les événements lui étaient défavorables, la sortie de l’un de ses deux médians défensifs pour l’entrée de l’international roumain et le remplacement des deux ailiers. Des modifications qui n’ont jamais porté leurs fruits, essentiellement dans le dernier geste.
Le marché hivernal lui a permis d’avoir davantage le choix des armes et, donc, de surprendre. Il peut, au loisir, passer à un système à deux attaquants, renforcer sa ligne médiane ou installer un ailier à la pointe de l’attaque. Bien entendu, certains choix (Sa et Carcela sur le banc respectivement à Charleroi et Ostende) restent osés, pour ne pas dire insensés, mais il est parvenu à créer un groupe où tout le monde, titulaires et réservistes, peut, à un moment ou l’autre, faire la différence.
À un point tel qu’il est l’entraîneur des playoffs 1 le plus performant à ce niveau avec, depuis le début du championnat, quatorze changements (dans neuf matches différents) qui ont soit donné un assist, soit marqué un but. Seuls Ivan Leko et Yves Vanderhaeghe parviennent à le talonner (12) car le reste suit un petit peu plus loin, que ce soit Hein Vanhaezebrouck (6), Philippe Clément (3) ou Felice Mazzù (9).
Ses mots sont rares... mais mieux choisis
Il ne s’exprime pratiquement plus, mais il répond davantage aux questions
Voilà une certitude : Ricardo Sa Pinto n’aime pas être contredit. Il l’a fait comprendre en râlant lors de ses rendez-vous avec la presse, avant de tout simplement les annuler. "Vous ne m’avez jamais félicité", a-t-il expliqué après la victoire contre Charleroi.
Le technicien portugais a souvent eu du mal à gérer sa communication, s’emportant trop facilement face à des questions qui ne lui plaisaient pas ou n’étaient pas importantes à ses yeux. Depuis la deuxième journée des playoffs, il a décidé de s’en tenir au strict minimum, histoire que le club ne reçoive pas d’amendes salées… qu’il aurait peut-être dû payer lui-même ! Cette communication minimaliste a, au moins, le mérite de lui éviter tout dérapage, même s’il aime encore répéter qu’il doit se battre contre tout le monde.
Cela ne l’a pas empêché d’apporter quelques petites modifications à ses déclarations. Après la défaite à Genk, il avait clairement expliqué que ce revers était logique et que son adversaire avait été meilleur. Une première pour celui qui, jusqu’alors, aimait accuser les arbitres ou les médias au moindre résultat négatif. Il a récidivé, dimanche dernier, en expliquant clairement pourquoi il avait décidé de remplacer Edmilson, lui qui s’emportait à la moindre question tactique. Avant de déclarer que les journalistes ne lui parlaient jamais de football…
Ricardo Sa Pinto a également pris une nouvelle habitude : mettre en avant ses choix gagnants. Contre La Gantoise et à Bruges, notamment. Finalement, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même…