Ricardo Sa Pinto: "95 % des gens pensaient que je ne finirais pas la saison"
Ricardo Sa Pinto savoure ce succès qui constitue le premier trophée majeur de sa carrière de coach.
- Publié le 19-03-2018 à 06h50
- Mis à jour le 19-03-2018 à 10h01
Ricardo Sa Pinto savoure ce succès qui constitue le premier trophée majeur de sa carrière de coach. Samedi soir, Ricardo Sa Pinto a assurément vécu la soirée la plus intense en émotions de sa carrière d’entraîneur. À 45 ans, le Lusitanien vient de décrocher son premier trophée majeur en tant que coach et, par la même occasion, a qualifié son club pour les poules de l’Europa League.
"C’était une finale remplie d’émotions. Il y avait pas mal de duels mais aussi…" : Ricardo Sa Pinto n’a pas le temps de terminer sa phrase que tous ses joueurs font irruption dans la salle de presse du stade Roi Baudouin pour lui faire…. sa fête.
C’est totalement trempé (de champagne) que le coach reprend alors son discours.
"Gagner avec cette famille, c’est magnifique, cela n’a pas de prix. Je suis content de recevoir ces marques d’affection de la part des joueurs. Ça me rend très heureux et ça me touche vraiment. C’est peut-être le signe qu’ils reconnaissent que je les aide", poursuit-il.
Quant au jeu proposé en finale, Sa Pinto reconnaît qu’il n’était pas d’une grande qualité.
"C’est la victoire du cœur. Le jeu n’était pas bon. Des deux côtés. On n’arrivait pas à enchaîner les passes. Personne ne laissait jouer. Il fallait être malin, dans ce genre de situation. On devait faire moins d’erreurs et être efficace sur chacune de nos possibilités."
Le coach des Rouches a pris le temps de savourer cette victoire mais a aussi et surtout mesuré l’importance du chemin parcouru pour en arriver là.
"Quand je suis arrivé, j’ai constaté une certaine tristesse dans le vestiaire. Je me suis alors dit que cela serait difficile. Les joueurs n’étaient pas heureux, pas confiants. Il fallait du changement. Ce groupe avait besoin de commencer à croire en quelque chose."
Les débuts sont poussifs et les critiques pleuvent alors sur Sa Pinto et ses méthodes.
"Je ne cherche pas d’excuse, j’ai ma méthode et je m’y tiens. Au début, 95 % pensaient que je ne finirais pas la saison. C’est difficile de travailler avec cette pression et cette idée tous les jours."
Lorsqu’on lui demande s’il prend cette victoire en Coupe comme une revanche envers toutes les critiques, le Portugais rétorque tout de suite : "Je ne travaille pas pour la revanche mais par passion, car c’est ma vie. J’ai la chance de vivre deux fois de ma passion. Comme joueur d’abord, et ensuite comme coach. Le travail est très difficile. Il faut garder un esprit équilibré et parfois vivre avec l’injustice."
Après avoir qualifié le Standard pour les playoffs 1 et remporté la Coupe, la question de son avenir se pose avant d’autant plus d’acuité. Pour rappel, en juin, Sa Pinto a paraphé un contrat d’un an avec une année supplémentaire en option.
"On a du temps pour parler de mon contrat. J’aime le Standard, j’aime rester ici. Je voulais stabiliser ma carrière, mais nous devrons discuter de certaines choses", assure le coach.
Maintenant que la Coupe et, donc, la qualification pour les poules de l’Europa League sont en poche, dans quel état d’esprit le Standard va-t-il aborder les PO1 ?
"Jusqu’à présent, je n’ai pensé qu’à la Coupe, répond Sa Pinto. Je vais d’abord profiter avec tout le monde. J’ai connu de chouettes moments dans ma carrière de coach, mais il s’agit ici de mon premier trophée. On parlera des objectifs par la suite. Mais une chose est certaine, l’équipe sera motivée. On ne donnera rien. Même un match amical, on veut le gagner. On a la mentalité et on a fait un job de fou. Les joueurs ont tout donné. Je suis fier d’eux."
Il a battu son record de longévité dans un club
Jamais encore Sa Pinto n’était resté aussi longtemps en place en tant que coach.
"Je me sens bien ici, j’aimerais rester au Standard."
Ricardo Sa Pinto ne croit pas si bien dire. La veille de la finale face à Genk, le coach portugais avait déjà battu son record de longévité en tant que coach. Ce dernier remontait à sa période en Grèce lors de la saison 2013-2014 lorsqu’il officiait à l’OFI Crête.
Sa Pinto avait pris ses fonctions le 16 octobre avant de prendre congé du club en fin de saison. Auparavant, il était resté en poste durant 233 jours au Sporting Portugal, son club de cœur, de février à octobre 2012.
Ce record de longévité, Sa Pinto l’a dépassé la veille de la finale, vendredi dernier. Cela faisait alors 258 jours qu’il était en poste. Ce lundi, le Portugais en est donc à 261 jours de présence sur le petit banc liégeois et, sauf énorme surprise, il bouclera donc sa première saison complète en tant que coach.
Nul ne doute qu’au sein du vestiaire, nombreux sont les joueurs à souhaiter qu’il demeure à Sclessin, à commencer par son vice-capitaine, Paul-José Mpoku. "En débarquant en salle de presse samedi soir, on voulait montrer au coach à quel point on l’aime bien. On voulait lui faire plaisir. On est tous ensemble."
De son côté, le T1 des Rouches a également tenu à rendre hommage à ses joueurs en évoquant plusieurs d’entre eux, à commencer par Jean-François Gillet, son portier de la Coupe. "C’est un grand pro, un de mes capitaines. Il a enfin un titre en D1 à 38 ans. C’est très bien. Ça me rend fier." De son côté, Gillet a remercié son coach pour la confiance accordée.
En salle de presse, Moussa Djenepo a osé imiter son coach sous ses yeux, ce qui a beaucoup amusé ce dernier. "C’est un gamin fantastique. Il me fait énormément rire", lance le Portugais avant d’évoquer les joueurs, dont Djenepo fait partie, qui comptent moins de temps de jeu. "Parfois, ce n’est pas facile pour ceux qui ne jouent pas. Mais durant la finale, ils ont compris que l’équipe passait avant tout."